Ceci n'est pas un blog

Journal d'une femme autiste Asperger. Pour public averti. Ames sensibles s'abstenir !

Posté le: 07-12-2010 à 04:39:10

Test

Essai

 

Θ♥

 

TEST

 

 

 


 
 
Posté le: 11-12-2010 à 23:26:05

Lady Automne comme vous ne l'avez jamais vue !

 

Alors cette photo-là, elle vaut son pesant d'or ! Lol.

Comment trouvez-vous Lénou (alias Lady Automne) en religieuse ?

 

 

Je vous raconte: c'était un soir sur Skype, en visio-conférence avec un pote à peu près aussi déjanté que moi. A un moment de nos délires visio-paroliers, mon web-interlocuteur remonte son tee-shirt sur sa tête. Evidemment, je n'ai pu m'empêcher de faire pareil. Et là, fou rire de part et d'autre de nos écrans respectifs. 

Copain barbichu ressemblait à Sean Connery en moine dans "Au nom de la rose", et moi avec mon tees-shirt blanc recouvrant ma tête et soigneusement arrangé à la manière d'un voile, je ressemblais à une religieuse.

Nous nous sommes pris mutuellement en photo avec nos webcams respectives, et afin que vous vous moquiez de moi, je vous mets la mienne ici :D

 

 

 

Vous noterez que le hasard a bien fait les choses en créant, avec les lumières artificielles de ma cellule de nonne ^^ une ambiance spirituelle à souhait :)

 


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1. tinadp  le 11-12-2010 à 23:52:34

ceci n'est pas un commentaire ! RireLangueJointsmiley_id118869smiley_id118878smiley_id117081smiley_id119144

2. automne  le 12-12-2010 à 01:11:12  (Web)

Ceci n'est pas une réponse au non-commentaire ci-dessus
HeySurprisesmiley_id239903smiley_id119180smiley_id117076smiley_id117079smiley_id1982554smiley_id1982557smiley_id117727smiley_id117731smiley_id117727

 
 
 
Posté le: 12-12-2010 à 01:54:34

Encore un test

Eh oui, encore un test. Désolée, ce blog est en rodage ^^

J'ai commencé à le personnaliser en remplaçant les textes par défaut par des textes issus de ma cervelle de moineau zotiste.

Et pis j'ai mis des vignettes-images dans la colonne de liens.

A présent, j'envisage de remplacer le titre du blog par une imageque je créerai moi-même.

Yaaaahhh !!!!

 


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Posté le: 12-12-2010 à 04:09:43

e-motions

 

Voici une animation à la fois intéressante, distrayante et jolie, que je viens de trouver sur le Net.

Quatre visages exprimant chacun une émotion différente.

Cliquez sur un visage, observez. 

J'adore ! Le plus difficile, et peut-être pas seulement pour une personne autiste, est de deviner quelle émotion est exprimée. La première (en partant de la gauche) est évidente: joie. Mais j'ai du mal avec les trois autres. A noter que lorsqu'on clique sur un visage, les trois autres se tournent vers celui-ci et prennent également chacun une expression différente.

Je trouve cette animation vraiment intéressante d'un point de vue technique, et je me dis qu'il y a là une source d'inspiration pour une méthode d'apprentissage des expressions faciales destinée aux autistes.

 

Et vous, que voyez-vous sur ces visages ?

 

http://www.electronic-motions.com/

 


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1. tinadp  le 13-12-2010 à 06:24:38

joie colère, peur, tristesse (par déduction et non par "devination"), les 4 émotions fondamentales

Sinon, si je n'utilise pas mon savoir intellectuel, moi non plus je ne devine pas les émotions de cette animation, c'est très mal joué voire surjoué, je vois de la méfiance et de l'amusement sur la peur, de la honte et de la rage sur la tristesse, de l'ennui et du souci sur la colère .....

 
 
 
Posté le: 13-12-2010 à 08:22:00

Encore une semaine qui commence par un lundi ;)

Hello, bonjour, coucou, salut,

Le titre de cet article n'est pas de mon invention. C'est une amie à moi que j'ai qui me disait souvent cela le lundi (coucou mon amie, clin d'oeil à toi et je t'aime et tu ne m'en voudras pas hein, de te voler ta phrase, tu sais que je l'adore... en fait j'adore tous les mots et toutes les phrases que tu inventes, mais je te l'ai déjà dit des milliers de milliards de fois).

 

Bon ben moi je n'ai pas dormi cette nuit (ça change, tiens, lol). Je ne sais plus quoi faire pour réguler mon cycle cicardien... si j'arrivais à tenir toute la journée sans dormir (faire le tour du cadran, comme on dit) et tomber d'épuisement vers ± 21h ce serait formidable, je ferais une vraie nuit et cela déclencherait probablement le cycle de sommeil nocturne.... c'est comme ça qu'ont fait tous les gens que je connais qui avaient l'habitude de vivre la nuit, pour raisons professionnelles ou autres) mais ils ne sont pas autistes, eux. Moi j'ai déjà essayé des tas de fois, et chaque fois c'est le même scénario qui se produit: je tombe d'épuisement au plus tard à 14h... à chaque fois je me fais avoir, en me disant "Allez, je fais juste une petite sieste de 2h, histoire de récupérer et de tenir jusqu'au soir sans tomber dans les pommes... tu parles ! A chaque fois, et en dépit de toute une artillerie de réveils à répétition (4 réveils qui sonnent alternativement les uns après les autres, à 5 minutes d'intervalle les uns des autres, et cxhacun muni d'une alarme qui dure 10 minutes et se répète ainsi toutes les 10 minutes pendant une heure !!!! Hé bien, rien n'y fait, tous les habitants doivent entendre ce vacarme pendant une heure... tiens, c'est peut-être pour ça qu'ils me font la guoule) mais moi que dalle, que tchi, nada, j'entends rien du tout.... coma profond.... je ne finis par revenir dans le monde des vivants que lorsque mon corps a pris ses 8 heures de sommeil, pas une de plus pas une de moins ! Bon au moins, je sais de combien d'heures de sommeil j'ai besoin, c'est déjà ça... et j'ai constaté que depuis que je suis sous anxiolytiques je dors beaucoup plus qu'avant (je dirais même le nombre d'heures parfai, c'est bon ça pour mon équilibre nerveux, même si, comme beaucoup d'autistes je n'ai pas un sommeil normal (il me manque une phase de sommeil, je ne sais plus laquelle: le sommeil profond, c'est la phase de sommeil paradoxal ? Donc, quel que soit le nombre d'heures que je passe à dormir, je n'ai jamais un sommeil réparateur... il parait que le cerveau des autistes ne se repose jamais, même pas pendant le sommeil, la phase de sommeil qui nous manque est celle qui permet au cerveau de se reposer).

 

Les anxiolytiques donc, je disais que depuis que j'ai ce traitement je dors huit heures, alors qu'avant je dormais 5 heures au grand maximum (et encore... quand je dormais, car avant d'être sous anxiolytiques j'enchainais les nuits blanches, je pouvais passer plusieurs jours sans dormir ou en ne dormant qu'une ou deux heures par nuit, en restant parfaitement opérationnelle durant la journée: assumer le travail, les enfants, les tâches domestiques, etc. Mon cerveau inversé a toujours secrété la mélatonine (hormone du sommeil) le jour au lieu de la secréter la nuit comme les cerveaux normaux, mais j'arrivais à rester éveillée le jour, et le soir j'étais tellement fatiguée par le travail, les tâches domestiques, ma vie de maman et mes activités sportives, que je tombais KO dés 22 ou 23h. Je dormais mal (sommeil très léger et hachuré: je me réveillais au moindre bruit et systématiquement toutes les deux heures, avec parfois l'impossibilité de me rendormir.... à 5h du mat, après une nuit de sommeil en tranches, je me levais en pleine forme et souriante.

Depuis que je n'ai plus d'enfants à m'occuper, d'obligations professionnelles et que je ne fais plus de sport, mon cerveau inversé a pris les commandes, et je ne suis plus capable de résister au sommeil diurne. Soit je me couche à 6 ou 7h du matin, soit je fais une tentative de faire le tour du cadran (je persiste à essayer, malgré les nombreux échecs systématiques), soit je m'allonge vers 14h avec le naïf espoir sans cesse renouvelé de ne faire qu'une petite sieste destinée à recharger mes batteries) dans tous les cas le résultat est le même: je sombre dans une espèce de coma dont je ne sors qu'au bout de 8 heures... alors cela me fait vivre à un ryhtme très bizarre... selon l'heure à laquelle je me suis empafée, je me réveille à 15h, ou 18h, ou 20h.... c'est le délire total. Un cercle vicieux qui me gonfle grave, car là où j'habite maintenant ce mode de vie inversé n'est pas du tout gérable. 

Quand j'habitais à Nantes, en plein centre-ville, cela ne me posait trop de problémes (à part pour les rendez-vous que je manquais souvent ou auxquels j'arrivais très en retard), j'avais tout sur place, pas besoin de prendre le bus pour tout et n'importe quoi, donc pas de perte de temps en trajets.... et tout près de chez moi il y avait des commerces qui fermaient à 21h... et puis il y avait les magasins 24h/24 (plus chers, mais bien pratiques quand je ne parvenais à sortir de chez moi qu'à une heure où tous les magasins classiques étaient fermés. Fini tout ça, ici au milieu de nulle part, il faut impérativement vivre à un rythme normal: dormir la nuit, et faire les courses le jour, en sachant qu'après 20h il n'y a plus de bus.

Du coup, depuis que j'habite ici, j'ai l'impression de passer mon temps à dormir et à voyager en bus.

Hier je n'ai pas vu le jour: quand je me suis couchée à 8h du matin il faisait encore nuit, quand je me suis réveillée à 16h la nuit commençait à tomber. Le temps de prendre un petit déj (ouais... un ptit déj à 16 ! Bah, on va dire que c'était un goûter, lol), de passer sous la douche, et il faisait nuit noire. Je ne suis pas sortie de ma tanière. Heureusement, c'était dimanche.

Mais bon, aujourd'hui, je ne sais aps comment je vais gérer ma journée. J'ai accumulé un retard monstrueux, il faut impérativement que j'aille aux provisions, le frigo est vide, le garde-manger ne contient presque plus rien, je n'ai plus de lessive ni de produits d'entretien (quand je dis "produits d'entretien" il faut entendre: savon de Marseille, bicarbonate de soude, vinaigre blanc, gros sel et alcool à 90°... je n'utilise pas de détergents classiques: par souci écologique d'une part, et d'autre part parceque je ne supporte pas leurs odeurs chimiques... bah, rien que d'y penser j'ai la nausée). Le vinaigre d'alcool, le bicarbonate de soude (celui que l'on utilise pour la cuisine aussi, hein) et le savon de Marseille, sont d'excellents nettoyants multi-usages, et en plus ce sont des antibactériens naturels (le vinaigre d'alcool a les mêmes propriétés désinfectantes que l'eau de javel)... ces trois produits-là, ils me servent à tout plein de choses: nettoyage, assouplissant et désodorisant du linge, détratrage, désodorisisation des canalisations, et même débouchage d'éviers/baignoire... et pour plein d'autres choses encore.


Je viens tout juste de me rendre compte qu'il n'y a pas de correcteur automatique chez VefBlog, je suis désolée si je quelques fautes de frappe, de dyslexie, d'orthographe, d'inattentin ou autre échappent à ma vigilance (déjà que j'en laissais plein sur Canalblog malgré le correcteur....) Je ne remarque pas toujours toutes mes fautes et coquilles malgré plusieurs re-lectures.

Bon, maintenant je vais poster quelques photos sur Flickr et après j'irai marcher un peu, il fait beau, c'est chouette.

 

 


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1. tinadp  le 14-12-2010 à 07:54:54

J'ai décidé une bonne fois pour toute que pour bien dormir, fallait pouvoir s'ennuyer.
Et comme je ne m'ennuie pas, ben je dors peu, en général entre 23-24h et 3-4h du mat, et parfois, quand j'ai la chance de rentrer tôt, entre 20-21h et 1-2h du mat.
Et puis y'a les jours fastes, ceux où je dois me lever tôt, et là, baoum, je ronfle 8 à 10 h d'affilée comme un sonneur jusqu'au matin et quand le réveil sonne, j'me dis "tain, con, j'aurais bien dormi 2h de plus sur chaque oreille" alors que je viens de m'enfiler le double de l'ordinaire chez Morphée ..... pasque rien que l'idée de me lever tôt m'ennuie du coup j'dors beaucoup ! Rire

Pour tenir sans dormir un peu plus longtemps, perso c'est pas difficile, j'fais un truc qui m'éclate ! Et si j'veux faire dodo un peu plus longtemps, j'm'impose une contrainte qui m'emmerde bien à fond, genre me réveiller pour faire un achat chez Kiabi, j'suis sûre de dormir un max pour éviter le truc (j'déteste le ping chaud)gné

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2. automne  le 14-12-2010 à 13:09:04  (Web)

Bah moi je dors beaucoup (smiley_id239877 8h systématiquement, que je le veuille ou pas, comme je l'ai dit dans mon article).
Je ne m'ennuie pas, mais beaucoup de choses me déplaisent (notamment le ping chaud comme toi, tinadpv...
Euh, en fait non, je ne déteste pas le ping show, je déteste (j'ai HORREUR !!!) des super et hyper-marchés (beurkkkk !!!) mais j'adore trainer dans certains commerces: boutiques orientales, depôts-ventes, boutiques de gadgets et de jouets, papeteries, librairies, magasins de fournitures pour Beaux-Arts et loisirs créatifs, merceries, etc. Par contre je déteste aller dans un magasin par obligation, et une des choses que déteste le plus c'est m'acheter des fringues... beuuuhh.... c'est the big corvée, ça ! Bon, j'ai pas vraiment les moyens de renouveler ma garde-robe régulièrement, mais de temps à autre il faut bien que j'achète un jean, une paire de pompes ou autre vêtement pour en remplacer un qui a rendu l'âme (j'use tout jusqu'à la corde, pas seulement parce que je suis pauvre, mais aussi pour éviter d'aller dans les magasins de fringues/chaussures, je déteste ces magasins-là presque autant que je déteste les super-marchés !) Parfois j'achète mes fringues en supermarché, mais j'évite car cela rallonge le temps que je passe dans ce lieu cauchemardesque... en boutique c'est un peu plus supportable (en faisant abstraction des vendeuses qui me collent et que généralement j'envoie paitre... heureusement je connais quelques boutiques de fringues où les vendeuses ne se jettent pas sur le client, et où elles sont même rigolotes.... hihi ! les boutiques cheap pour ados fauchées, c'est là que je me fournis en général). Le pire moment est l'essayage, que je zappe la plupart du temps tellement j'en ai horreur, résultat je me retrouve souvent avec des fringues trop grandes ou trop petites. D'ailleurs, même en-dehors des périodes où je suis tellement en "décalage horaire" que je ne peux pas aller faire des achats because magasins fermés, j'ai tendance à repousser au maximum le moment d'aller faire les courses, quitte à attendre de ne plus rien avoir à manger... smiley_id147764 )

Un autre probléme que j'ai, question dodo et "décalage horaire", c'est que même si je dois me lever très tôt le lendemain, pour un rendez-vous par exemple, hé bien je n'arrive pas à me coucher à une heure adéquate, genre si je dois me lever à 7h du mat pour être à mon rencard à 9h, je suis capable de me coucher à 6h... et du coup je n'entends pas le réveil, et je rate mon RDV. Quelle misère !
Ou alors, sachant que je n'entendrai pas le réveil, je choisirai de ne pas me coucher du tout, et j'irai à mon rencard en mode zombie et je m'évanouirai ou m'endormirai dans le bus ou le tram au retour (grand classique chez moi... je ne compte plus le nombre de fois où je me suis retrouvée au terminus, c'est à dire trèèèèès loin de chez moi, unique passagère du tram, avec le chauffeur exaspéré qui me tape sur l'épaule et qui, lorsque je parviens à entrou-vrir un oeil me dit "Hé ben ! Ca fait une demie-heure que j'essaie de vous réveiller, j'ai cru que je n'y arriverais jamais. Vous êtes au terminus, il faut que vous sortiez du tram, je dois fermer les portes !"

Bon, aujourd'hui je me suis levée à 11h (du matin, je précise, lol) hier soir j'ai dormi en 2 fois. Et j'ai une liste de courses d'un kilomètre, vu que ça fait une éternité que je ne suis pas allée au ravitaillement et que je n'ai plus rien à becqter... sans parler de la montagne de lige qui attend dans la salle de bain, vu que je n'ai pas de lave-linge dans ma tanière et que la laverie de la résidence ferme à 21h (heure à laquelle ces derniers jours j'émergeais à peine) et que lorsque, par chance, j'arrive à être opérationnelle avant 20h (dernière limite pour aller à la laverie, puisqu'il faut compter l'heure du lavage 45 mn environ, et éventuellement du séchage) hé bien la seule et unique machine à laver est occupée (bah oui, paskon n'a qu'un seul lave-linge et un seul sèche-linge... pour 80 logements ! Pffff.... et aller dans un lavomatic en ville, en bus, c'est une galère pas possible... sans parler des horaires de bus qui ne sont pas compatibles avec mon mode de vie (enfin, c'est l'inverse, c'est mon mode de vie qui n'est pas compatible avec le reste, lol).
Bon, je persiste à essayer de me recaler question sommeil, il faut impérativement que j'arrive à dormir la nuit, et cela sans prendre la mélatonine de synthèse, qui fait double emploi avec celle que mon cerveau secrète naturellement le jour = résultat: dodo le jour + dodo la nuit = plus de vie).
Encouragez-moi, dites-moi que je peux y arriver smiley_id2007619Il faut que je l'éduque ce cerveau.

Bon, Lénou, déscotche-toi de cet ordi maintenant, faut que t'ailles au supermarché. Ouiiiiiiiiiinnn !!! J'veux pas y aller !!!! smiley_id117728
Ben si, faut y aller, t'as épuisé toutes tes réserves de miam-miam, de produits de toilette et d'entretine ménager. Allez hop ! Décolle !
Bon, j'y vais. Snif. smiley_id118876smiley_id117960 smiley_id117182

3. tinadp  le 15-12-2010 à 06:40:28

J'veux bien t'encourager en musiqueguitrocksmiley_id239909smiley_id239906smiley_id239877smiley_id239877smiley_id239877smiley_id119167smiley_id117208smiley_id117191smiley_id2386868smiley_id2385134smiley_id1982554smiley_id1464777smiley_id172961smiley_id172957

M'éclatent ces smileys !

 
 
 
Posté le: 13-12-2010 à 10:39:51

Nouvelles photos dans ma galerie Flickr

Un échantillon ci-dessous. Veuillez Cliquer sur la photo pour accéder à ma galerie sur Flickr.

 

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Posté le: 15-12-2010 à 02:55:21

"Je"

 

Je viens de poster de nouvelles photos sur Flickr, ainsi qu'un (long) texte en commentaire sur une de ces photos de la catégorie autopotraits.

 

Voici la copie du texte en questin:

 

 

Quand on est autiste, il arrive qu'à force d'être rejeté, exclu, incompris, maltraité, abusé, exploité... - de souffrir parmi et/ou par les autres, en somme- on finisse par se réfugier dans un isolement social que l'on n'apprécie pas forcément (voire qui nous fait terriblement souffrir).
Entre deux souffrances, j'ai choisi la moindre: la solitude totale et l'isolement.


Vivre isolée me déplait énormément, mais en me coupant du monde et en réduisant mes activités sociales au strict minimum (deux ou trois amis que je ne vois pas souvent) je me protège.... je ne suis plus assez forte pour continuer à m'exposer aux dangers du monde extérieur et à la cruauté des gens (tous les gens ne sont pas cruels, certes, mais ceux qui le sont peuvent faire beaucoup de mal... certains peuvent détruire la vie d'une personne fragile et vulnérable comme moi. C'est ce qui m'est arrivé, il m'a fallu de nombreuses années pour me reconstruire partiellement, je suis encore en train de me reconstruire actuellement, dans ma solitude et mon isolement qui sont à a fois prisons et refuges).

 

Il arrive ainsi que certains autistes finissent, comme moi, par vivre d'une façon égocentrique qui ne les satisfait pas pour autant. C'est une question de vie ou de mort dans certains cas.


J'aime la vie.


Je suis autiste mais j'aime les gens, et me condamner volontairement à restreindre autant que possible les relations avec les autres ne me plait pas, mais je n'ai pas trouvé de meilleure solution pour me protéger.

 

Ma solitude est cependant bien remplie, car j'ai de nombreuses passions et activités qui bien que solitaires me procurent beaucoup de plaisir, je trouve même que le temps passe trop vite, beaucoup trop vite pour tout ce que j'ai envie de faire.

 

Néanmoins, j'en suis réduite à m'amuser toute seule, je suis ma propre compagne de jeux. Je me prends en photo comme je photographierais quelqu'un d'autre, à mes yeux je suis une autre que moi-même car je suis étrangère à moi-même. Mon corps, mon visage, je ne les reconnais pas. Quand je me regarde dans une glace quand je me vois en photo, je sais que c'est moi, je le sais intellectuellement, mais je ne me reconnais pas.


Je ne reconnais pas mon visage dans le reflet du miroir. Quand quelqu'un me montre une photo qu'il a prise de moi à mon insu, je suis incapable de me reconnaitre. Un exemple: une fois, au cours d'une soirée entre amis, un copain a fait une petite vidéo avec son téléphone mobile, puis il est venu me la montrer. A un moment, je dis: "Oh, c'est qui cette fille ? Elle est habillée comme moi ! " Mon copain m'a répondu: "Mais c'est toi voyons ! "
Moi: "Tu es sûr que c'est moi ? Comment tu le sais que c'est moi, là ?" Mon copain: "Mais enfin, je sais que c'est toi parce que je te connais, et que je t'ai filmée. Et de toute façon qui cela pourrait-il être d'autre ? Il n'y a aucune autre fille que toi ici ce soir ! C'est dingue que tu ne te reconnaisses pas toi-même !"
Oui, c'est dingue, mais c'est comme ça. J'ai une amie autiste qui ne se reconnait pas non plus sur les photos, les films et dans la glace.
Peut-être que si je me reconnaissais, je ne pourrais pas me prendre en photo ou je ne supporterais pas de me voir en photo.


Je fais des auto-portraits parce que je n'ai plus de modèle humain à photographier. Il fut un temps où je photographiais des modèles amateurs, mais pour plusieurs raisons j'ai renoncé à cette activité-là... et puis c'est pratique: je suis toujours là quand j'en ai besoin :D

Après avoir réalisé une série d'auto-portraits, je m'amuse à les regarder comme si c'était quelqu'un d'autre sur les photos. Ce n'est pas moi que je vois, même si je sais que c'est moi... heu, suis-je compréhensible ? O_o

 

Autrefois, cela m'angoissait de me voir en photo, plus précisément ce qui m'angoissait c'était le fait de ne pas me reconnaitre tout en sachant que c'était moi. Depuis quelques années je supporte de me voir en photo, j'ai fini par m'habituer à cette image étrangère qui me représente.
D'ailleurs le simple fait de dire ou d' écrire "je" en parlant de moi-même m'angoisse et me parait complètement absurde, mais je me suis habituée à cela aussi, même si ce n'est pas vraiment naturel pour moi. Cela fait partie des progrès que j'ai faits et des victoires que j'ai gagnées contre mon autisme.

 

"Je est un autre" a écrit Arthur Rimbaud. Il était peut-être autiste.... :D
En tout cas, cette phrase me définit parfaitement, je ne saurais pas trouver mieux pour décrire ma particularité.
Parfois, quand le "je" m'angoisse trop, je parle (ou écris) de moi à la troisième personne.

 

Savez-vous que les chats sont les seuls animaux qui ne reconnaissent pas leur reflet dans un miroir ? Hé bien, je suis comme les chats :P

 

Donc voilà. Je joue avec moi-même, cette autre qui est moi et qui pourtant m'est une étrangère. Cette moi je ne l'aime pas, je ne la déteste pas, elle m'intrigue. Elle n'est pas humaine, comme je ne me sens pas humaine... elle est une chose comme je suis une chose. Je suis ce que je vois, quand je regarde un nuage, je suis le nuage; quand je regarde un téléphone je suis le téléphone, quand je regarde mon ours en peluche, je suis l'ours en peluche.... je suis tout ce que je regarde, je suis tout ce que j'entends... en fin de compte je suis tout et rien. Tout sauf un être humain. En effet, quand je regarde un autre être humain, je ne suis pas elle ou lui, je suis alors une chose immatérielle qui flotte dans l'espace, et qui parfois se dissout dans l'air.


Quand je ne suis pas stimulée ou auto-stimulée, je ne suis rien ni personne. Je n'existe pas.

 

Ca vous fait peur ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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1. tinadp  le 15-12-2010 à 06:59:15

Je ne suis pas sensible aux images, aux photos, je ne me permet donc pas de porter un jugement (même positif) sur ton art
Quant à ne pas se reconnaitre dans un auto-portrait ou sa propre voix enregistrée, moi non plus je ne me reconnais pas, et pour chacun il faut une gymnastique mentale pour se reconnaitre dans une image ou un enregistrement...
On peut se reconnaitre cognitivement (oui, ça me ressemble donc c'est moi) mais pas intimement (moi, je suis à la fois plus que ça et différente de ça).
Tu es différente mais dans ta différence tu nous ressemble beaucoup aussi : avec ton isolement tu peux prendre le temps d'explorer ton "toi" et ton fonctionnement, et sur de nombreux points tu n'es pas un extraterrestre !

Ceux qui te rejettent ou t'excluent le font-ils parce que tu es autiste ou parce que c'est des gens qui rejettent tout le monde, des aigris, des énervés, .....etc.... Que tu sois trop fragile pour supporter la moindre attaque, je le comprend, moi-même y'a eu des périodes où franchement, à force d'en prendre plein la gueule ......bref, c'était limite !
N'empêche, j'espère que les malheureux et les aigris ne te pourriront pas la vie en te rendant comme eux, malheureux et aigris !
Ca faisait longtemps que je ne t'avais pas fait de zouzous, comme si je t'imaginais fragile comme du verre soufflé, intouchable .... Oui, dans mon imagination tu deviens comme ça, fragile, intouchable et .... oui, floue !
Mais je fais avec !
C'est trop l'éclate ces smileys ! j'me retiens !
Smileyzouzous

2. automne  le 15-12-2010 à 16:14:17  (Web)

Tinadp, tu es autiste ! Lol.
Tous les neurotypiques que je connais et ai connus se reconnaissent systématiquement sur les photos, dans la glace, sur les vidéos.
Je les ai beaucoup et longtemps (depuis toute-petite) observés, et j'ai testé (sans mauvaise intention, juste pour comparer leur façon d'être à la mienne) des personnes non-autistes de mon entourage, en leur montrant des photos et des fils que j'avais faits d'eux... dans tous les cas, que ce soit moi qui leur présente des images fixes ou animées les représentant, ou qu'ils les découvrent par hasard, ils s'exclament systématiquement: "Oh ! C'est moi !"
Dans des situations similaires, soit je reste indifférente parce que je ne connais pas la personne (traduire: je ne me reconnais pas) soit je demande: "C'est qui cette fille ?" Bien souvent, j'ajoute: "Elle a l'air bizarre !" lol.
Deux anecdotes que j'ai racontées dans un de mes anciens blogs, ou sur un forum, je ne me souviens plus:
1: Un jour, je m'apprêtais à entrer dans une agence postale où je n'avais pas l'habitude d'aller, équipée de portes en verre coulissantes.
Derrière la porte en verre, à l'intérieur de l'agence, je vois une femme. Je m'écarte pour la laisser sortir, or la femme s'écarte également, de la même façon que moi et du même côté. Je me dis: "Elle est bête celle-là, elle ne voit pas que je m'écarte pour qu'elle puisse sortir ?"
Comme elle ne bougeait plus, je me décide à entrer, au même moment elle fait pareil. Craignant de la bousculer, et tout en me disant "Elle est vraiment très bête !!!" je me recule en m'écartant à nouveau. Elle refait exactement la même chose !
Je m'avance, elle fait encore exactement la même chose que moi !
Là je commence à perdre patience et je m'apprête à lui dire: "Bon, vous arrêtez de faire pareil que moi ! On va pas s'en sortir, là !"
Mais je me ravise, craignant de la fâcher et de me retrouver dans une situation pénible, et je décide d'entrer dans l'agence quitte à bousculer cette étrange femme qui prend manifestement plaisir à copier mes gestes et mes mouvements.
C'est à ce moment-là que je me rends compte que la femme en question était... mon propre reflet dans la porte vitrée !
Je me suis sentie ridicule ! Mais ridicule !!!

La 2ième anecdote a un lien avec celle que je viens de raconter. C'était le lendemain, à l'intérieur d'un magasin. Je flânais dans les rayons, lorsque je croise une femme dans une allée étroite. Comme elle avait la même stautre que moi et était comme moi entièrement vêtue de noir, je me suis dit: "C'est bon, cette fois-ci je ne me ferai pas avoir et je ne me donnerai pas e spectacle une nouvelle fois. C'est mon propre reflet dans une porte vitrée coulissante." Alors je continue à avancer droit vers ce que je crois être mon reflet et m'attendant à voir une porte vitrée s'ouvrir. Baaam ! Je me cogne à une vraie femme en chair et en os qui me lance: "Vous ne pourriez pas faire attention, non ?!"

Je pourrais écrire un livre rien que pour raconter des anecdotes de ce type. Franchement, c'est pénible pour moi de ne pas savoir reconnaitre mon propre reflet dans une glace, même si parfois cela crée des situations cocasses qui provoquent l'hilarité autour de moi et dont moi-même je rigole de bon coeur.

Dans ma famille il y a 4 personnes qui ont un probléme qui se rapproche très vaguement du mien, dans leur cas il ne s'agit pas d'autisme mais de géméllarité. C'est particulier, et je suppose que c'est commun à tous les jumeaux.
En effet, je parle ici de mes deux soeurs jumelles et de mes frères jumeaux.
Quand on présente à une de mes soeurs la photo de sa jumelle, elle est incapable de dire si c'est elle-même ou sa jumelle qui se trouve sur la photo. La plupart du temps elle dit:"C'est moi !"
Idem en ce qui concerne mes frères jumeaux. Mes soeurs ne savent pas différencier leur propre image de celle de leur jumelle, et mes frères jumeaux c'est kif-kif.
Ce n'est pas le même probléme que le mien, puisqu'ils se reconnaissent dans leur "double" donc même s'ils confondent leur propre image avec celle de leur jumeau/jumelle, ils se reconnaissent eux-mêmes d'une certaine façon... je veux dire qu'ils ont ce qui me manque: la perception de soi, la perception de leur propre représentation, la perception de leur corps et de leur visage, la faculté de se représenter mentalement leur propre être, même s'ils le confondent avec leur frère ou soeur qui est physiquement identique à eux/elles.
Moi je suis privée de représentation mentale en général, ainsi que de la faculté de percevoir mon corps (pas seulement visuellement mais aussi matériellement, parfois... en effet, il y a des moments où je ne sens pas mon corps, où j'ai l'impression de ne pas avoir d'existence matérielle, d'être désincarnée et parfois dissoute dans l'espace) (certains psys appellent cela de la dissociation: mon esprit est dissocié de mon corps, et mon moi physique (matériel je dirais, pour éviter un malentendu car lorsque j'explique ce phénoméne certaines personnes croient que je parle de mon apparence physique, or c'est bien plus compliqué que cela, mon apparence n'entre pas en ligne de compte dans ce phénoméne) m'est totalement étranger).
Parfois, je regarde une partie de mon corps (mas mains, la plupart du temps) complètement intriguée, en me demandant: "C'est quoi ça ? Mais c'est quoi cette chose ?)
Je sais que selon certains psychiatres, ce phénoméne frise la psychose, la plupart des psys qui m'ont accompagnée dans ma jeunesse l'ont interprété comme un symptôme de schizophrénie. Or je connais d'autres autistes (généralement des autistes de bas niveau) qui ont le même problème. Je suppose, mais ce n'est qu'une hypothèse et elle n'engage que moi, que c'est pour cette raison que beaucoup d'autistes de bas niveau jouent avec leurs mains comme si c'étaient des objets externes à eux... je le fais aussi depuis toujours, mes mains sont des jouets pour moi. Mais parfois, lorsque je prends conscience que ce sont des parties de mon corps, de mon existence matérielle, je suis saisie d'une angoisse terrible, qui provoque une déréalisation. Déréalisation qui à sont tour provoque des comportements d'automutilation (ou considérés comme tels) je me blesse moi-même pour essayer de ressentir de la douleur physique et m'assurer que ce corps est bien à moi, que c'est bien moi qui suis dans cette enveloppe corporelle et que cette chair que je meurtris est bien la mienne.
Un jour où j'en parlais avec un psychiatre spécialiste de l'autisme, il m'a répondu qu'il avait une hypothèse sur ce point (là aussi, ce n'est qu'un hypothèse) il m'a dit qu'il observait fréquemment ce type de comportements chez des enfants autistes de bas niveau et non-verbaux (je rappelle que je suis moi-même une ancienne enfant autiste de bas niveau et non-verbale) et selon lui ces actes de pseudo-automutilation avait pour but chez ces enfants-là, d'apaiser leur angoisse dans les moments où ils essayaient de "trouver leur corps" (moi je dis souvent que je suis désincarnée ou mal incarnée, et que j'essaie d'entrer dans mon corps, d'"habiter" mon corps).
En ce qui concerne les actes d'automutilation, je ne les pratique pas seulement dans ce but-là. Parfois ils me servent aussi à apaiser la souffrance morale, qui est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus insupportable que la douleur physique. En m' infligeant des douleurs physiques je distrais momentanément mon esprit de mes souffrances morales.
Je pratique l'automutilation aussi dans les moments où je suis "anesthésie" où je ne ressens plus aucune sensation physique: ni douleur, ni froid, ni chaud... rien. Malheureusement, dans ces cas-là l'automutilation est non seulement inefficace mais pire encore: elle majore mon angoisse puisqu'au départ je suis angoissée parce que je ne ressens rien et que je ne ressens rien non plus en m'infligeant des blessures (parfois très importantes) physiques et volontaires.
Là je parle d'un cas extrême, qui heureusement ne m'arrive plus souvent, doublement heureusement, car d'une part c'est absolument horrible à vivre et d'autre part cela me méne quasiment systématiquement en hopital psychiatrique.

3. automne  le 15-12-2010 à 16:57:17  (Web)

Quant au fait de ne pas reconnaitre sa propre voix, ça oui, c'est commun à quasiment tous les humains, autistes ou neurotypiques. Je l'ai constaté chez toutes les personnes que je côtoie et que j'ai côtoyées. L'explication en est très simple: nous n'entendons pas notre voix comme les autres l'entendent (pour des raisons physiologiques liées à la conformation du conduit auditif et de tout ce qui se trouve dans l'oreille... bref, c'est physiologique quoi ^^).
Résultat: lorsqu'une personne entend sa propre voix enregistrée, elle est incapable de la reconnaitre. C'est valable pour tous les humains, et c'est un phénoméne tout à fait normal, même si certaines personnes en sont perturbées.
La première fois que j'ai entendu ma propre voix, enregistrée à mon insu par mon père (j'avais 10 ans), bien sûr au départ je ne l'ai pas reconnue. Après quelques secondes mon père m'a dit: "C'est ta voix que tu entends, je t'ai enregistrée sans que tu t'en rendes compte", j'ai éclaté de rire, je trouvais ma voix grotesque et j'ai demandé: "c'est comme ça que les autres m'entendent ? Mais c'est nul, j'ai une voix ridicule !" Il m'a confirmé qu'effectivement tout le monde entendait ma voix telle que je l'entendais sur l'enregistrement et qu'elle n'était pas grotesque, que c'était moi qui avais cette impression parce que je ne l'avais jamais entendue "de l'extérieur".
Curieusement, j'arrive maintenant, depuis quelques années, à reconnaitre ma voix. Je me suis beaucoup entrainée, je me suis enregistrée pendant des années au cours de mon adolescence et des premières années de ma vie de jeune adulte, cela faisait partie des exercices d'apprentissage (apprendre à moduler ma voix, à parler d'une façon agréable, apprendre à poser ma voix, apprendre à ne plus parler sur un ton monocorde et monotone, etc.) Puis j'ai travaillé en tant qu'animatrice dans une radio locale. Donc, aussi paradoxal que cela puisse paraitre au vu de mes problèmes de reconnaissance de mon corps physique, je peux dire que je connais et reconnais ma voix.

Contrairement à toi, Tinadp, je suis très sensible aux images, aux photos, au visuel en général. Je suis hyper-visuelle. Comme tous les autistes je crois.
Temple Grandi a écrit dans un de ses livres ("Penser en images" ou "Ma vie d'autiste", je ne sais plus lequel de ces deux livres, mais cela n'a pas d'importance) "Pour un autiste, devenir aveugle est pire que la mort".
Le visuel est primordial pour moi.
Je suis une penseuse visuelle (comme tous les autistes encore, à priori).
Je m'exprime en images. Mes photos ne sont pas destinées à montrer du beau ni à représenter quelque chose du domaine artistique, bien que je sois considérée comme une artiste (j'admets avoir un tempérament d'artiste, mais le tempérament c'est une chose, le talent et la maitrise de l'Art en est une autre, si l'on prend en considération le deuxième critère, je ne suis pas artiste).
Mes créations photographiques et graphiques en général ne sont pas des oeuvres d'art, ce sont des messages. Photographier et dessiner c'est ma façon de m'exprimer, de montrer ce que je vois et ce que je ressens. Je suis consciente du fait que je suis la seule à savoir ce que je produis et ce que je voudrais transmettre à travers ce vecteur, mais tant pis... cela me fait du bien de m'exprimer de cette façon-là. Ce n'est pas grave si les gens ne voient mes réalisations qu'en surface, parfois des gens aiment ce que je fais, certaines de mes réalisations sont appréciées pour leur esthétisme ou pour le travail de recherche que j'ai fourni en termes techniques, cela me fait plaisir même si ce n'est pas le but recherché.
Je sais que je suis autiste et que je ne suis pas capable de transmettre exactement, totalement, ce que je ressens, ce que j'ai envie d'exprimer... et peut-être parce que je suis autiste cela ne me dérange pas outre mesure.
J'admets que mes réalisations visuelles sont autistiques (pour ne pas employer un terme qui serait mal perçu et qui pourrait choquer)... autiste... auto.... enfin bref, comprenne qui pourra, lol. Et je crois que toi tu peux comprendre Clin doeil
Plus jeune, je ressentais de la frustration en constatant que les gens ne savaient pas "lire" mes images. Avec le temps j'ai compris qu'ils ne le pouvaient pas tout simplement... parce qu'ils ne sont pas moi. Alors je me suis fait une raison. Et quand je veux me faire comprendre, j'utilise (et j'abuse de) l'écriture.
Je m'exprime beaucoup, je communique beaucoup (contrairement à une idée reçue selon laquelle les autistes ne communiquent pas, et je ne suis pas une exception, les autistes sont tout le temps dans la communication, même s'ils ne le font pas de façon conventionnelle, même si les autres ne s'en rendent pas compte... et d'autres comme moi, qui sont peu verbaux, ou pas verbaux du tout mais dotés d'une intelligence qui leur permet de comprendre les paroles, trouvent souvent injuste qu'on dise qu'ils ne communiquent pas).
Chaque autiste met en place sa propre façon de communiquer, des moyens parfois maladroits, ou horripilants, ou tellement discrets qu'ils passent totalement inaperçus, mais les autistes ont envie de communiquer et font des efforts pour cela.
Je ne peux évidemment pas parler au nom de tous les autistes, je ne suis pas une spécialiste, je parle de moi et des autistes que je connais ou dont j'ai lu des témoignages, ou dont les proches décrivent le comportement.
J'ai toujours constaté que parmi ceux-là, tous sont dans la communication, tous font des efforts considérables pour entrer et rester en contact avec les autres gens, avec le monde extérieur.

4. automne  le 15-12-2010 à 17:37:24  (Web)

Ceux qui me rejettent sont soit des gens que je dérange, soit des gens qui ne supportent pas ce qui sort de la "norme" (ils ont peur, je ne leur en veux pas, j'ai compris grâce à un ami autiste qui étudie sèrieusement la question, que les neurotypiques ne peuvent tout simplement pas côtoyer l"anormalité", parce que cela les met en danger psychologiquement), soit aussi effectivement, des aigris malheureux qui rejettent tout et tous (je trouve que cette catégorie de personnes est rare, du moins j'en ai connu très peu au cours de ma longue vie).

Tout d'abord ma famille: mon psychiatre m'a expliqué que j'étais un élément perturbateur au sein de ma famille (cela va te rappeler quelque chose que tu m'as dite au sujet de mon fonctionnement dans les groupes virtuels).
Avec ma façon d'être, ma façon de voir, de percevoir les choses et les gens, mon intransigeance dans le domaine des valeurs morales (honnêteté, franchise, etc.), mon intolérance face à la bêtise, à l'hypocrisie, à la manipulation, au mensonge, etc. Mon manque de tact et de diplomatie, ma tendance à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, à balancer leurs quatre vérités à la figure des gens (je le fais sans méchanceté, c'est ma façon d'être), mes réactions parfois trop brutales (en termes de paroles et d'attitudes, je précise, je ne suis pas du genre à agresser physiquement), le fait que je ne sois pas consciente de l'impact de mes paroles, le fait que je dénonce les abus, maltraitances, mensonges et autres malveillances dont j'ai été victime, le fait que je dise la vérité et que je touche à des sujets tabous et des secrets de famille soigneusement enterrés depuis des lustres et reproduits de génération en génération, le fait que j'aie tenté de protéger certains membres de ma famille (dont mes enfants) contre ceux (de ma famille) qui sont toxiques, ont fait de moi "la femme à abattre".
Mon psychiatre dit que je suis perçue comme une fouteuse de merde au sein de ma famille.
L'emmerdeuse, celle qui dit ce qu'il ne faut pas dire, celle qui perturbe le climat artificiellement serein de cette famille, celle qui bouscule tout, celle qui met en danger l'équilibre précaisre et basé sur des mensonges d'une famille dysfonctionnelle.
Donc, résultat logique: il fallait qu'ils me banissent, me rejettent, m'excluent.

J'espère ne pas devenir aigrie. J'ai failli tomber dans ce piège. Mais heureusement j'ai un tempérament heureux qui reprend toujours le dessus. Malheureuse oui, je le suis, au fond de moi. Si être malheureux c'est souffrir moralement, souffrir de l'abandon et de l'indifférence des personnes que l'on a aimées plus que tout au monde et pour qui on aurait donné sa vie, alors oui je suis malheureuse.
Aigrie, non. Et vraiment, je crois que ma vie sera finie si je le deviens un jour.
Je crois que j'aime trop la vie et que je suis trop heureuse de vivre pour devenir aigrie.
Par contre, j'ai des moments de misanthropie.... des moments très brefs, très fugaces.... là aussi je pense que cela ne pourra pas devenir un trait de caractère, car j'aime les gens. Je peux éprouver du dégoût, du mépris, de la colère à un moment donné, quelques minutes plus tard je me surprends à penser avec émotion et tendresse à des personnes que j'ai connues ou que je connais, ou à de simples inconnus croisés dans la rue, dans le bus ou dans un magasin.
Et je suis toujours prête à aider (pas n'importe qui et pas n'importe comment, c'est la différence avec ce que j'étais il y a quelques années, j'ai un peu plus de discernement, je suis devenue un peu égoïste et j'apprends à me protéger).

Cela ne m'étonne pas que tu finisses par me percevoir comme un être fragile, intouchable, flou... je suis fragile, floue, immatérielle, et... oui.... je suis intouchable. Cela ne signifie pas que je suis insensible, c'est même le contraire: je suis hypersensible.
Je suis fragile, mais toi tu ne représentes pas un danger pour moi.
J'ai tendance à m'éloigner dés qu'un certain niveau d'intimité est atteint, quitte à revenir ensuite, après m'être "retrouvée" car je me "perds" quand on me touche (toucher au sens figuré ici, mais c'est vrai aussi au sens propre).
Mais ce n'est pas un danger pour moi, car je sais me protéger dans ce genre de situation, le probléme est que le(s) protagoniste(s) le vivent souvent très mal: soit ils interprètent mon retrait comme un abandon, de l'indifférence, du mépris, ont le sentiment que je suis devenue distante.... soit ils culpabilisent en pensant qu'ils m'ont fait ou dit quelque chose de mal. Or ce n'est pas ça, et je ne sais pas expliquer, rassurer les gens sur mon attitude. Parfois je suis capable de prévenir que je vais me mettre en retrait, quand je sens que cela va m'arriver, mais en général je ne peux pas car je m'éloigne sans m'en rendre compte et sans le vouloir... lorsque cela se produit, je n'en suis même pas consciente jusqu'à ce qu'on me le fasse remarquer.

Et enfin, tu commences à me connaître... je commence à te connaitre. Ceci explique pas mal de choses, tant de ton côté que du mien.
Je n'en dirai pas davantage ici, dans cet espace public. Nous pourrons éventuellement en parler en privé.

Ne te retiens pas avec les smileys, fais-toi plaisir Clin doeil Moi aussi je les adore Rire

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Celui-ci il me fait trop marrer: smiley_id140561 lol

Smileyzouzous aussi Clin doeil smiley_id198957smiley_id198960smiley_id176239smiley_id1982557

5. tinadp  le 16-12-2010 à 07:03:23

j'rêve pas, tu me traites de zotiste ! smiley_id2409227smiley_id1464886smiley_id119167
T'veux t'battre ?Surprisesmiley_id119168

Heyyingyang

T'as oublié les conventions ?!?! RireMexicainFou

'tention, j'arrive ! Charsmiley_id117076smiley_id117199smiley_id117208smiley_id118878

 
 
 
Posté le: 15-12-2010 à 18:22:21

Je suis une chieuse, mais je ne le fais pas exprès

 

Est-ce qu'un jour je comprendrai les conventions sociales ? Est-ce qu'un jour je cesserai de passer pour l'emmerdeuse insolente de service ?

Est-ce qu'un jour je serai capable de me couler dans le moule et de faire et dire ce qu'il faut faire et dire quand il faut le faire et le dire ?

 

A mon âge, il serait temps que je prenne une décision:

-Soit je m'assume en tant qu'autiste définitivement, et je vis complètement, mais alors complètement en-dehors de toute forme de vie sociale.

- Soit je fais des efforts pour mettre en application le peu de règles sociales que je connais. Purée, je les connais, pas toutes mais les principales ! Pourquoi je m'obstine à me révolter contre ces conventions et régles sociales, quitte à agacer tout le monde, à passer pour une emmerdeuse désagrèable à fuir comme la peste et par conséquent à entretenir mon isolement ?

 

Pourquoi je ne suis pas capable de me dire "Ok, tu trouves ces conventions absurdes, ok tu trouves que les formules de politesse sont hypocrites, mais tu dois faire avec, c'est le prix à payer pour être acceptée par et parmi les gens normaux, ou plutôt par la majorité qui représente la norme. C'est toi le cas pathologique, toi tu es une minorité et tu dois t'adapter à la majorité !"

 

Nan, c'est plus fort que moi. Là je viens encore de faire ma maline, qu'est-ce que je vais y gagner ? La personne va me blacklister. Une de plus.

 

C'est sur un site de rencontres. Oui, je cherche des amis. Comme quoi, je n'ai pas totalement renoncé à la vie sociale...

Bref, un inconnu m'aborde par un "Salut. Comment vas-tu ?"(*)

Je ne trouve pas mieux que de lui répondre (pure provocation, je l'avoue, le reconnais et l'assume, c'était mon quart d'heure de caprice infantile) : "Salut. Je vais mal, merci. Et toi ?"

La réponse ne se fit pas attendre: "Je vais bien. Pourquoi tu vas mal ?"

Dans ma lancée, je réponds:

"J'ai répondu je vais mal pour ne pas faire comme tout le monde. Je trouve ça bizarre de commencer un dialogue par "Comment vas-tu ?" et c'est rigolo tout le monde répond toujours "Je vais bien, merci. Et toi ?" et l'autre répond systématiquement "Je vais bien aussi."
Formidable ! Tout le monde va bien ! On se demande ce que ces gens qui vont bien font sur des sites de rencontre. Si on allait bien, on serait en train de savourer notre bonheur au lieu de perdre notre temps sur un site de rencontres et à discuter avec des inconnus.
Au fait, tu sais écrire autrement qu'en langage SMS ?(*)"

 

(*) J'ai corrigé ici, mais le message d'origine était en SMS. J'ai horreur de ça !

 

Enfin, bref, la chieuse dans toute sa splendeur ! J'veux pas être une emmerdeuse, mais je ne peux pas m'empêcher de dire ce que je pense. C'est vrai, j'en ai trop marre de recevoir des dizaines de messages d'inconnus qui me demandent comment je vais. Je sais que ce n'est qu'une formule de politesse bateau comme dans la vie réelle, qu'ils se fichent complètement de mon état de santé physique et moral, que cette formule toute faite est juste destinée à créer un dialogue... c'est le préliminaire en quelque sorte ^^

Je le sais tout ça, depuis longtemps maintenant.

Mais je n'arrive pas à m'y faire. 

Et pis d'abord, y z'ont qu'à me dire ce qui leur a plu dans mon annonce, ce qui leur a donné envie d'engager la conversation avec moi plutôt que de me demander comment je vais. Vala ! Toc !

 


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1. tinadp  le 16-12-2010 à 06:27:03

Choisir l'isolement ou .... Pas évident, c'est rare les choix radicaux dans une vie, la plupart du temps on fait entre les 2, avec des contradictions, des tiraillements, des conflits internes et des souffrances.
Comme toi les conventions sociales parfois me débectent, parfois ...... apaisent, c'est simple, facile, pas prise de tête !

Mégazouzous ma lénousmiley_id117191

2. SylvainGuilhem  le 16-12-2010 à 16:59:44

C'est marrant je sens que je suis un chieur mais j'ai le fais exprès (par plaisir)

3. automne  le 16-12-2010 à 18:44:20  (Web)

@ Sylvain: Oh ! Mon dieu ! Un chieur qui pratique par plaisir ! Quelle horreur !!!! Vade rétro Chiantinas !
Nan, je rigole. Bienvenue dans ma cyber-tanière (mais, si jamais tu reviens, me fais pas trop iéch paske sans le faire exprès je suis très très très chiante, pire que ceux qui le font exprès Langue )
Moi je vais aller visiter ton blog, il a l'air chouette.

4. tinadp  le 17-12-2010 à 03:08:20

Et sinon, accessoirement, je suis cré cré méchante et j'aime po les gentilsJointClin doeil1Rire1gné

5. automne  le 17-12-2010 à 03:58:10  (Web)

Hahaha !!! Je confirme les dires de ma copine Tinadp Rire
Une méchante unique en son genre, une espèce rarissime, en comparaison je suis un ange de douceur smiley_id119173 smiley_id1464855 smiley_id117725 lol
Moi j'aime pas les mecs gentils, un de ces jours je posterai un article écrit par quelqu'un d'autre que moi (il faut que je le retrouve, pas le quelqu'un d'autre mais son texte) qui est justement intitulé "J'aime pas les mecs gentils".
Mais d'une manière générale il faut toujours se méfier des gentils... comme dit un de mes amis, la gentillesse au pire c'est suspect, au mieux ça cache quelque chose (lol), dans tous les cas il faut éviter les gentils. Surtout ceux qui revendiquent leur gentillesse smiley_id2385152

Mais y a pire que les gentils: les sentimentaux ! Rhaaaaa !!! Y a pas plus cruel qu'un(e) sentimental(e). Genre tu le/la déçois, juste parce que t'es pas comme il/elle voudrait que tu sois, il/elle te tue psychologiquement sans pitié et sans la moindre compassion smiley_id147759
Private joke: Moi aussi je suis capable de dézinguer les mites smiley_id117960

smiley_id118658smiley_id1464968smiley_id2027590

6. amourabi  le 19-12-2010 à 06:04:46  (Web)

ton billet m'a fait sourire et interpellé aussi, c'est vrai qu'on dit parfois du tout venant pour créer un lien, mais je ne crois pas que tu sois asociale puisque tu es là, et que tu recherches le contact, mais c'est vrai que c'est dur quand on dit ce qu'on pense à haute voix et qu'on fait pas partie de la norme je connais je suis pareille bon dimanche

7. automne  le 19-12-2010 à 10:18:25  (Web)

@ amourabi: Merci pour ta visite et ton commentaire.
Petite précision: si si, je suis asociale. Et effectivement, je recherche le contact.
Il ne faut pas confondre Asocial et ANTI-social. mais pas anti-sociale.
Asocial= être privé de vie sociale (et ce n'est pas toujours un choix délibéré, parfois on est asocial parce qu'on est exclu, ou trop timide ou qu'on n'est pas doué pour créer des liens, etc.)
Anti-social = haïr la société, refuser les contacts, ne pas avoir besoin ni envie de chaleur humaine.

A part ça, effectivement, dire tout haut ce qu'on pense et ne pas savoir s'accommoder des conventions absurdes ne facilite pas les choses et contribue à nous faire classer dans la case "insolents irrespectueux-ours mal léchés-emmerdeurs de service-antipathiques... bref infréquentables".

Il est joli ton blog, j'aime particulièrement la page de fond. Serais-tu indienne ?

 
 
 
Posté le: 17-12-2010 à 12:43:59

"Mon syndrome d'Asperger et la société" par Eric Brasseur

Eric Brasseur, qui est comme moi atteint du syndrome d'Asperger, est l'auteur du texte intitulé "J'aime pas les mecs gentils", dont j'ai promis, en commentaire d'un des articles de ce blog, de le poster ici, ce qui sera fait prochainement (juste le temps que je remette la main sur ledit texte).

En effet, Eric m'a donné l'autorisation de publier ses articles et de diffuser l'adresse de son site web perso.

 

Pour l'instant voici le lien menant vers une des rubriques du site Web d'Eric, rubrique dans laquelle il explique comment il vit son syndrôme:

"Mon syndrome d'Asperger et la société" par Eric Brasseur: http://www.4p8.com/eric.brasseur/asperger.html

 


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Posté le: 17-12-2010 à 13:02:12

"J'aime pas les mecs gentils" par Eric Brasseur

Et voici enfin le fameux article rédigé par Eric Brasseur.

 

J'aime pas les mecs gentils





"J'aime pas les mecs gentils" me disait une amie.

Cela peut sembler paradoxal de la part d'une fille de ne pas apprécier la gentillesse. Pour comprendre ce qu'elle a voulu exprimer, il faut revenir à l'enfance :

Garçon ou fille, un enfant joue avec des poupées. Ces poupées peuvent être féminines, masculines, animales ou machines.

"Jouer à la poupée" est une activité fabuleuse. L'enfant rêve des situations, des histoires, que vivent ses poupées. Ces histoires sont simples : il donne à manger à sa poupée, sa poupée s'endort, il habille sa poupée, sa poupée rend visite à une autre poupée, sa poupée attaque une position ennemie, sa poupée vole dans les airs, sa poupée se marie, sa poupée habite une maison... L'enfant rejouera indéfiniment ces situations, avec des variations ou des combinaisons différentes.

A quoi servent les jeux de poupée ? Ils sont très importants ! Tous les animaux évolués ont dans leur cerveau une "représentation" du monde extérieur. Vous savez que à tel endroit se trouve tel objet. Vous savez que passé huit heures du soir il faut mettre un enfant au lit et vous savez quel rituel il faut suivre pour le faire. Mais, toutes ces choses que vous avez en tête demandent un certain travail de classement, de préparation, d'apprentissage. Il faut "malaxer" ces choses dans votre tête pour qu'elles prennent consistance. Les jeux de l'enfance sont un tel malaxage. Les poupées leurs servent de support palpable. Le jeu est un droit fondamental de l'enfant. Prendre à un enfant son droit de jouer, c'est l'empêcher de devenir un Etre Humain.

Le jeu a un point commun avec les autres activités vitales : il procure du plaisir.

Il y a une différence très importante entre les jeux purs et la vie réelle :

 

  • Quand un enfant agit sur des poupées, il est libre d'imaginer ce qu'il veut, vivre n'importe quel rêve.

     

  • Mais quand il interagira avec des personnes, il faudra qu'il tienne compte des particularités et de la situation propre de ces personnes.

     

La nuance est de taille.

Cela n'a pas de sens de donner à quelqu'un une chose dont il n'a pas besoin.

Cela n'a pas de sens de demander à quelqu'un une chose qu'il ne peut pas donner.

Connaître toutes les choses dont les autres pourraient avoir besoin. Etre à même de voir quand ils en ont besoin. Demander aux autres les choses dont nous avons besoin. Pour être capable de tout cela il faut être cultivé et avoir beaucoup de pratique. interagir avec les autres est un art majeur.

Ou est le problème ?

Le problème est total :

Une fois devenus adultes beaucoup de gens continuent à jouer à la poupée. Au lieu de jouer à la poupée avec des poupées en plastique ils jouent avec des poupées en chair et en os : avec d'autres personnes.

Les gens ne se "voient" pas les uns les autres. Ils ont leurs petits rêves dans leurs petites têtes et tentent d'utiliser les autres comme autant de poupées pour vivre ces rêves. Les rêves sont de toutes natures; ils rêvent de ce qu'ils vont donner à l'autre, ils rêvent de ce que l'autre va leur donner, ils rêvent de ce qu'ils vont faire ensemble... Cette situation est une atteinte aux Droits de l'Homme permanente. Il en résulte des conflits perpétuels et beaucoup de dégâts.

Nous sommes confrontés à une véritable toxicomanie. Les "drogués" peuvent se montrer ultra-violents avec leurs "poupées" si elles refusent de coopérer, si elles refusent de mettre les rêves en pratique.

Rares sont les personnes qui disposent du socle culturel et la souplesse d'esprit nécessaire pour percevoir et accepter les autres tels qu'ils sont. Donner à autrui ce dont il a réellement besoin... qui peut se targuer d'en être capable ? En d'autres termes : qui est capable d'aimer ? (Et plus humblement : qui, dans le doute, est capable de s'abstenir ?)

Nous pouvons maintenant revenir à cette amie qui "n'aime pas les mecs gentils". Il y a deux façons d'expliquer sa position :

 

  1. Elle est dérangée par les hommes qui veulent l'utiliser comme poupée pour leurs rêves. Elle n'a pas envie de se faire servir et chouchouter par un rigolo qui en réalité ne fait que vivre ses fantasmes de vie de couple, sans réellement s'occuper d'elle.

     

  2. Elle veut que ce soit elle qui joue à la poupée, et que ce soit l'autre qui serve de poupée. (Ceci est une très mauvaise raison.)

     

Voila, vous avez compris pourquoi, à mon avis, elle n'aime pas "les mecs gentils".


Voici quelques considérations pour broder sur le sujet :


<!--En ce qui concerne leurs poupées, l-->Les joueurs ont toujours une très bonne opinion d'eux-mêmes. Ils sont très fiers, ils ignorent toute forme de remise en question. Si vous tentez de leur expliquer qu'ils font de grands dommages à leur poupée, ils se demanderont vraiment de quoi vous voulez parler. Ils en concluront que vous êtes jaloux ou que vous avez un problème quelconque. Le voile qu'ils ont devant les yeux est très épais. Devant leur troisième oeil, ce n'est pas un rideau mais une tôle de blindage antinucléaire vissée avec des boulons de 12.

L'identité des "poupées" est niée, effacée. Des civilisations entières ont institutionnalisé ces pratiques.

Le cas le plus pointu est sans doute celui des enfants que leurs parents considèrent comme leurs poupées. Alors que le rôle des parents est au contraire d'essayer de percevoir leurs enfants tels qu'ils sont. Et surtout de leur apprendre à percevoir les autres tels qu'ils sont, tels que sont leurs besoins, leurs préoccupations, leurs dons...

Il existe des joueurs qui ont conscience d'être des joueurs. Ils continueront à le faire, soit parce qu'ils croient que c'est cela la vie normale, soit parce qu'ils ont clairement, criminellement, décidé de vivre ainsi, aux dépends d'autrui. Attention, le fait d'être joueur peut cacher une grande détresse : certaines personnes ne savent tout simplement pas ce qu'elles pourraient ou devraient réellement faire avec leurs poupées. C'est un problème d'incompétence, de manque d'éducation et de culture. Avec ces personnes là, la manière forte serait déplacée. Mieux vaut simplement leur expliquer, leur donner les moyens concrets pour agir autrement.

Certains joueurs proposent leur poupée à d'autres joueurs. Ils la livreront avec le mode d'emploi. Par exemple ils vont parler de leur poupée en disant "Vous comprenez, elle est très fragile. Elle a des problèmes de personnalité. Parfois elle raconte n'importe quoi. Soyez patient, occupez vous bien d'elle." Les autres joueurs vont alors traiter la poupée de la même façon, comme si elle était un enfant irresponsable. Dans d'autres cas le joueur propose sa poupée pour qu'elle rende un service. Il allèche l'autre joueur en lui faisant miroiter tout ce que sa poupée-domestique va faire pour lui. Si la poupée ne joue pas le jeu l'autre joueur en sera offusqué. Il cautionnera toute représailles contre la poupée. Elle est manifestement folle !

Autant le joueur est dément dans son rêve, autant il peut être froid et précis quand il s'agit de défendre ses intérêts. Ses talents de manipulateurs seront mis à contribution. Si par exemple une personne lui fait remarquer que sa victime pourrait très bien se débrouiller seule dans la vie, il répondra "Est-on jamais vraiment sûr qu'une personne peut se débrouiller seule ?". Si on lui reproche d'avoir estropié sa victime, il répondra "Croyez-vous qu'elle est la seule personne estropiée au monde ?". Si on lui reproche de dicter sa conduite à la victime, il répondra "Mais vous-même, que sauriez-vous faire dans la vie si on ne vous avait jamais dit ce que vous devez faire ?". La majorité des personnes se contentent de ces réponses et vont même les répéter à la victime pour la convaincre du bien-fondé des intentions du joueur et affirmer que le critiquer n'est pas très constructif. "Mais enfin, ta maman est si gentille, pourquoi dis-tu ainsi du mal d'elle ?" Ces personnes n'ont pas le sens des proportions, sont subjuguées par l'aplomb du joueur et préfèrent les solutions de facilité. Elles deviennent les collaborateurs du joueur, elles glissent sur sa pente. Bientôt elles auront besoin du joueur pour continuer à gérer la situation, pour éclairer les choses. Elles dépendront de lui. Elles peuvent finir par considérer la victime comme leur ennemi, comme la source des problèmes.

Quand une poupée finit par fuir son joueur, le joueur en conçoit une grande amertume. Il se dit par exemple "Je lui ai donné tant de choses, regardez le résultat ! Quelle ingratitude. Le monde n'est fait que d'ingrats !"

Comme tout être humain, le joueur a des besoins. Des besoins à la fois vitaux et souvent très simples. Parfois, sa poupée serait tout à fait à même de lui donner ce qu'il lui faut. Mais il ne la laissera pas faire : dès l'instant où cela ne cadre pas avec ses rêves il cassera net toute tentative de sa poupée.

Dans les couples le jeu va souvent dans les deux sens. Chacun est en même temps joueur et poupée de l'autre. Jusqu'au jour où le jeu se brise, alors le refus de continuer à jouer est interprété comme une offense ultime méritant toutes les punitions.

Certains enfants développent une grande dextérité avec leur poupée. Ils savent la faire tenir en équilibre sur une arrête, ou ils savent comment lui faire tenir des objets divers... Les joueurs adultes peuvent parfois aussi faire preuve d'une dextérité particulière avec leur "poupée". En lui parlant, ils savent mettre leur poupée dans un état d'esprit bien précis ou lui faire faire des choses. <!--Ces cas là relèvent de la psychiatrie clinique.-->

Parfois le joueur est perçu tout de suite comme un manipulateur par l'entourage de la victime. Mais généralement c'est le contraire : il sera très apprécié. On le louera pour sa gentillesse, sa générosité. Si la victime se plaint, on la regardera d'un air étonné.

Au final le joueur donne à sa victime moins qu'à une personne qui lui est indifférente. Voire il lui prend tout pour le donner à d'autres. Avec des personnes neutres, il peut avoir des relations relativement normales. Il peut par exemple prêter de l'argent, dont une personne a réellement besoin, et oublier d'en réclamer le remboursement. Mais il accordera difficilement un prêt à sa poupée et il ne manquera pas de s'en servir comme moyen de pression si nécessaire. Quand il est "généreux", c'est en donnant des choses dont il a rêvé et dont la poupée n'a en réalité pas besoin... Les "cadeaux" que le joueur fait à sa poupée sont toujours liés à ses rêves. La robe dans laquelle il aimerait la voir, un téléphone portable pour mieux la contrôler...

Les vrais besoins de la poupée sont considérés comme quelque chose d'impur, qui ne peut être nommé qu'avec dégoût. Certains joueurs sont néanmoins suffisamment manipulateurs pour feindre de prendre en considération les besoins de leur poupée.

Les prostituées sont des poupées professionnelles. Quelques-unes d'entre elles réussissent à sortir bénéficiaires du jeu : elles se font payer très cher et investissent intelligemment leurs gains. Hélas la majorité sont perdantes, comme toutes les poupées, parce qu'elles perdent leur argent aussitôt après l'avoir gagné. Parce que cet argent est de l'argent de poupée. Il n'a pas de valeur à leurs yeux, pas plus que la poupée ne se donne de valeur à elle-même.

Le harcèlement dans le monde professionnel est un exemple de jeu de poupées. On engage une personne parce qu'on rêve du travail qu'elle va fournir et des bénéfices qu'elle va engendrer. Si par la suite il s'avère que la poupée ne se conforme pas au rêve ou que le rêve était dès le départ mal pensé, on procédera comme tout mauvais enfant qui veut un nouveau jouet et à qui ses parents font remarquer qu'il en a déjà un : on casse le jouet. On va rendre la vie dure au jouet, on va le détruire psychologiquement par les actions les plus ignobles et les plus sournoises, pour qu'elle se suicide physiquement ou au moins professionnellement. Rares sont les entreprises où on dit simplement, naturellement, à une personne que son poste ne convient pas et qu'elle est licenciée avec des remerciements pour les services rendus et une bonne prime.

Souvent la poupée est pour le joueur le "complément" de sa propre personnalité. Il a besoin de la poupée pour se sentir lui-même, entier et complet. Il part du principe qu'il en va de même pour la poupée. Il est évident pour lui qu'elle a besoin de lui.

La poupée devient souvent dépendante du joueur. Il est une drogue pour elle. Il rêve la vie, il mène le jeu, il rend les choses plus simples, il prétend protéger, il a des témoignages "d'affection"... On a plus d'une fois vu une poupée revenir vers son joueur en rampant.

Un des trucs qu'un joueur peut utiliser pour garder sa poupée est de lui expliquer que le monde extérieur est méchant, que les gens sont mauvais. Il faut parfois plusieurs années à une poupée qui a échappé à son joueur pour comprendre qu'il existe des gens positifs dans le Monde. Elle comprend que l'enfer est le joueur et que le paradis existe, ailleurs et en elle-même.

L'outrance peut être le meilleur camouflage du joueur. Certains joueurs infligent des choses à ce point atroces ou inutiles que personne n'arrive à croire la poupée quand elle essaye d'en parler. La poupée elle-même n'arrive parfois pas à y croire. Les joueurs impunis sont ainsi aussi parmi les plus détraqués ou les plus criminels.

Le joueur est un rêveur. Un rêveur qui se paye le luxe d'un support en chair et en os pour ses délires. Le joueur rêve la vie de sa poupée et il rêve sa propre vie. Il est détraqué de la réalité, il ne perçoit pas les besoins et les souffrances qu'il n'a pas envie de percevoir. Tout se passe dans sa tête, où il se construit de belles images. C'est la raison pour laquelle les joueurs sont aussi convaincants et affirmatifs pour nier qu'ils auraient fait quoi que ce soit de mal à leur poupée. Ils rêvent qu'ils sont fiers et sans reproches et ils l'affirment. C'est ce même mécanisme du rêve perverti qui les fait abuser de leur poupée et qui leur permet d'être aussi "sincères" pour nier toute responsabilité et clamer leur intégrité.

Le viol est souvent le fait d'un joueur qui va un cran plus loin dans le passage à l'acte. Réciproquement, même s'il n'y a pas de viol physique le comportement d'un joueur est toujours un viol : une négation et une destruction de la personne que la poupée est.

Certaines situations de jeu de poupée ne peuvent trouver leur terme qu'en portant l'affaire en Justice. Beaucoup de joueurs sont incurables et ne cèdent que par la force. Même le fait de leur expliquer concrètement les choses et s'assurer qu'ils ont compris ne suffit pas : systématiquement, après quelques heures ou après quelques semaines, la machine néfaste se remet à fonctionner dans leur tête et ils repartent à l'attaque. Sans doute parce qu'il sont confrontés à une grande difficulté de vivre. Ils ont besoin du jeu de poupée pour survivre, comme des drogués.

Vous aurez certainement envie de faire en sorte que les gens autour de vous cessent de jouer à la poupée. Faites attention : tenez compte du fait qu'ils jouent peut-être à la poupée parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion de le faire quand ils étaient petits. Ils ont un vide à combler. Il ne faut donc pas leur interdire de le faire, sous peine de les fermer sur un manque intérieur. Au contraire : il faut leur apprendre à le faire ! Ainsi ils pourront aller plus loin, dépasser le jeu. Je le dis toujours : "Si vous donnez 10 € à un enfant, qu'il les dépense d'un coup pour acheter des bonbons et qu'il se colle une indigestion avec, vous aurez dépensé 10 € et 24 heures pour lui apprendre qu'il faut savoir gérer l'argent. Les enfants apprennent très vite et pour pas cher. Mais s'il n'a pas eu l'occasion d'apprendre étant enfant, devenu adulte il lui faudra gaspiller 1.000.000 € de salaire, endurer 20 ans de problèmes et causer la faillite de 5 personnes avant de commencer à comprendre."

La littérature, l'histoire... nous fournissent la culture, la base nécessaire pour comprendre, pour rêver, pour vivre. Les arts nous apprennent à communiquer et à aller plus loin dans nos rêves, au delà de la réalité, pour mieux construire la réalité. Ils sont le véhicule de sentiments qui peuvent nous amener à faire des choses grandes. Jouer dans des pièces de théâtre amateur est une excellent thérapie sinon la meilleure pour les joueurs et les poupées. Mais qu'en est il des sciences exactes ? Certains croient qu'elles ne sont que des outils, des considérations pratiques secondaires. Ils se trompent lourdement. La Science est un enseignement, une initiation. Les physiciens sont statistiquement les maris les plus appréciés. Dans leur métier ils sont tous les jours confrontés à la nature "telle qu'elle est", mais en plus ils sont confrontés à des phénomènes très différents les uns des autres. Cela leur donne un bon entraînement en matière de souplesse d'esprit, sens des réalités et capacité d'adaptation. Offrir une boîte de chimie à un enfant est une grande idée. Les produits chimiques ne réagissent pas comme l'enfant veut qu'ils réagissent. C'est l'enfant qui devra s'adapter aux produits chimiques, apprendre à les connaître. Alors seulement il saura ce qu'il peut obtenir d'eux, imaginer des combinaisons réalistes.

La culture n'est pas un gage de sanité d'esprit. Je connais le cas d'une famille d'universitaires. L'un des parents a fait des études scientifiques, l'autre des études littéraires. Ils ont lus et ressassé des milliers de livres d'Histoire, de psychologie, de pédiatrie, de philosophie... Ils sont enseignants et en général fort appréciés. Mais quand ils ont eu un enfant et se sont tout de suite mis à fantasmer sur ses capacités, sur ce qu'il allait devenir plus tard. L'enfant avait réellement des capacités, mais son caractère le disposait plus à devenir un prêtre ou un poète qu'un universitaire. Alors ils l'ont torturé pendant toute son enfance pour le forcer à prendre "le droit chemin". Plus l'enfant souffrait, plus sa mère sentait ses rêves se réaliser. C'était sa drogue, sa forme de sexualité. Il a été passé à tabac, privé de nourriture deux jours par semaine pendant des années, avait la possibilité de dormir quelques heures par nuit les jours d'école, subissait des lavages de cerveau tous les jours... Il a fini par se comporter comme les enfants des rues. Il sniffait des sachets de colle pendant que ses parents regardaient distraitement. Après, pour éliminer les solvants de son sang il faisait de l'hyperventilation, retenait sa respiration et causait des chutes de tension en se levant brutalement, ce qui déclenchait des sortes de crises d'épilepsie. Personne dans l'entourage n'a compris la gravité de la situation. Quelques personnes se sont inquiétées sur base du peu de choses qui étaient apparentes et ont essayé de raisonner les parents. Leur réaction a été de rompre toute relation avec ces personnes. Devenu adulte l'enfant a commencé à raconter ce qui c'était passé. Les parents l'ont vécu comme une atteinte scandaleuse et répugnante à leur honneur et ont contre-attaqué. Avec certaines personnes ils se sont montrés des parents très aimants, préoccupés pour leur enfant qui semble un peu bizarre. Avec d'autres ils l'ont tourné en ridicule, ont fait en sorte qu'il ne puissent plus le voir sans pouffer de rire. Ils ont prévenu le reste de la famille : "On ne comprend pas ce qu'il a, il raconte des horreurs sur nous... essayez de l'écouter et de voir ce qu'il dit, on essayera de faire quelque chose.". Quelques personnes ont tout simplement été achetées. Elles ont reçu des avantages en échange de leur fermeture d'esprit. Soit des avantages en nature, soit la possibilité de profiter eux aussi de l'enfant, comme un esclave que l'on prête. Sur une trentaine d'amis, de grands-parents, d'oncle et de tantes, l'enfant n'a trouvé rigoureusement personne pour le comprendre. Il est simplement parti.

Certains joueurs utilisent des otages. Un ami me racontait le cas d'une amie héroïnomane. Dans l'absolu cette amie a une relativement forte personnalité est n'est pas du tout destinée à devenir toxicomane. Mais elle a eu une enfance avec une personne exceptionnellement toxique qui est sa mère. Lors de son adolescence elle a par exemple été attachée sur une chaise et brûlée avec des mégots de cigarette par sa mère et quelques membres de la famille. Elle aurait dû quitter ce milieu. Mais elle tient à son père. Régulièrement sa mère l'invite à un repas en famille. Elle y va, pour voir son père. Pendant le repas sa mère la détruit psychologiquement à coups de remarques et d'allusions. Quand elle rentre le soir chez elle, elle est réduite à l'état de loque. Son "petit ami", qui est dealer, passe alors la voir et lui propose une dose, qu'elle accepte. Elle prend de l'héroïne pendant plusieurs jours, le temps d'oublier un peu, puis va voir son médecin pour une cure de désintoxication. On peut presque dire qu'elle a fait autant de cures de désintoxication que de repas de famille. Sa mère n'a jamais été inquiétée. On aurait même plutôt tendance à la plaindre et à la féliciter. Après des années de galère cette amie a fini par un peu comprendre la dynamique orchestrée par sa mère et à prendre ses distances. Son corps, qui était superbe quand elle avait dix-huit ans, est une ruine.

Il y a des joueurs dans tous les milieux. Ce n'est pas une question de situation ou de classe sociale. Mais dans les milieux riches on a les moyens de cacher les choses. On parle souvent des pays pauvres où des enfants traînent dans les rues, vivent de façon précaire et se font abuser. Cette destruction des enfants existe aussi dans des pays riches. Mais elle est occultée. Il existe des pays riches où les enfants sont bien traités tout comme il existe des pays pauvres où on aime les enfants. C'est une question de niveau spirituel global des habitants du pays. L'argent et les technologies sont des moyens qui peuvent permettre la promotion de l'Humanité. Mais ils n'en sont pas des gages en soi. Ils peuvent tout aussi bien être utilisés pour obtenir l'effet contraire. Apprendre à aimer est d'abord un question de volonté.

Un joueur est une personne patriarcale qui mime un comportement matriarcal. Son mode de pensée est patriarcal puisqu'il établit une hiérarchie et il utilise des moyens de pression. Mais il prétend s'occuper de sa poupée et savoir ce qui est bon pour elle. Il essaye de s'approprier le bien-être du matriarcat.

Beaucoup de joueurs ne touchent pas leur poupée. Parce que le contact physique force à percevoir les émotions, les envies, les besoins et la personnalité de la personne que l'on prend dans ses bras. Ce que le joueur veut éviter à tout prix. Il veut continuer à rêver dans sa tête les émotions et la personnalité de son choix pour sa poupée. Donc il ne doit pas toucher sa poupée. Certains joueurs touchent leur poupée en public, mais c'est du théâtre, le joueur exerce sur lui-même un contrôle mental pour ne pas réellement toucher sa poupée. Il veut juste imposer aux autres une façade, une image de sa bonne entente avec sa poupée. Il veut aussi imposer cette façade à sa poupée. Il se sert du public pour enfoncer sa poupée dans son jeu, pour enlever à sa poupée la possibilité de se plaindre ensuite auprès de membres de ce public. Dans des cas extrêmes, quand le joueur est très fort et la poupée faible, un vrai contact physique peut avoir lieu. Il permet au joueur d'imposer son ordre à la poupée. C'est un contact unilatéral, du joueur vers sa poupée, pour travailler la poupée dans sa chair. Parmi ces contacts on retrouve les attouchements sexuels ou les coups et blessures. Les attouchements sexuels sont les plus destructeurs.

Le rêve n'est pas à proscrire des relations humaines. Au contraire : les amants imaginatifs sont les plus appréciés. Se faire imposer certaines choses, par moment, peut procurer énormément de plaisir. Rien n'est plus merveilleux qu'un rêve absurde emportant deux partenaires. Il n'y a plus d'Humanité sans poésie, sans imaginaire gratuit. Mais il importe que dans le passage à l'acte tout soit toujours adapté aux personnes qui en bénéficient.




Eric Brasseur
14 octobre 1997
au 25 mars 2003

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Source: Lien direct vers l'article:http://www.4p8.com/eric.brasseur/gentil.html

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1. tinadp  le 18-12-2010 à 07:10:58

J'suis une poupée, qui dit non non non non !smiley_id239880

2. SylvainGuilhem  le 18-12-2010 à 09:30:09

Est-ce tu t'es imaginé dans ta vie cette façon de penser ? c'est trop bizarre ! On peut pas se dire qu'on poupée/joueur(surtout) Je pourrait etre les deux si je voulait voir mon quotidien de cete maniere mais ça m'obligerais a quitter toute forme de vie sociale et a me mefier de toute tout le monde... Bon c'est une longue phrasr, ça ma donné faim de tout lire moi, merci pour cet article je reviendrais souvent sur ton blog commenter (Je serais pas CHiant, promis! ou pas trop)

3. automne  le 18-12-2010 à 10:11:40  (Web)

@ Sylvain: Je n'ai pas eu besoin d'imaginer cette situation, car je l'ai vécue, hélas !
Je te suggère de remplacer les mots "poupée" et "joueur" par "victime" et "abuseur" ou "manipulateur", tu comprendras peut-être mieux le texte d'Eric.

Ceci étant dit, les rapports humains sont extrêmement complexes, et les limites entre l'admissible et l'inadmissible sont parfois floues ou très minces.
Cependant, si tu sens que ce que tu fais à quelqu'un, ou ce que tu exiges de lui, ou ce que tu lui fais faire.... n'est pas franchement respectueux de la personne ou va à l'encontre de ses besoins et désirs propres, alors tu peux te poser des questions....
Par exemple: est-ce que moi j'accepterais cela ?

De même, si tu te sens mal à l'aise par rapport à quelqu'un, à ce qu'il te fait, à ce qu'il exige de toi, à ce qu'il te demande de faire, etc. tu peux aussi te demander si tu ne lui sers pas de poupée, si tu n'es pas manipulé, si tu n'es pas une une marionnette entre les mains de quelqu'un qui ne prend pas en compte la personne que tu es

Mais il ne s'agit pas de devenir parano, de se méfier de tout le monde et de fuir tout contact humain de peur d'être manipulé ou manipulateur (déjà, les gens qui sont fondamentalement manipulateurs ne se posent pas de questions et prennent plaisir à utiliser les autres, sans aucun scrupule et sans compassion pour les dommages qu'ils causent aux personnes qu'ils manipulent).

Ca me fait plaisir que tu passes sur mon blog et que tu laisses des comms (tu peux même être un peu chiant, si tu vas trop loin ma garde du coprs te croquera gniak gniak ^^)
Je suis passée sur le tien, mais je n'ai pas laissé de commentaire parce que je ne sais pas quoi dire, à part que j'aime bien ton projet de BD. Mais comme c'est un style que je ne connais pas, je me contente de faire la connaissance avec les personnages, de suivre l'évolution de l'histoire et de regarder tes dessins.
Tu es très créatif et imaginatif ! C'est chouette.

4. SylvainGuilhem  le 18-12-2010 à 13:22:15

Moi j'ai plus un impression comme quoi c'est plus comme ça qu'on vit, manipulé et être manipulé c'est un peu une habitude, il y a des limites trop souvent dépassées (trop facilement dépassables ) mais on vit en fonction de ce qu'on veut faire et de ce que les autres peuvent apporter a ce projet . De toute façon autant arreter de reflechir et vivre comme on peut sans vraiment chercher le pourquoi du comment ne pas se faire chier vivre et laisser vivre .

Jme fait peur quand jdit des truc pareils ..

Merci ça m'fait trop plaisir !

5. automne  le 18-12-2010 à 14:05:58  (Web)

Ce qui me fait peur, moi, Sylvain, c'est que quand j'entends des jeunes parler comme toi, je réalise à quel point la manipulation et les violences psychologiques sont banalisées de nos jours.
Je ne dis pas que toi tu es manipulateur ou pervers, bien au contraire.

En tout cas, mon avis à moi est qu'il ne faut pas se résigner, ne pas se laisser détruire ni être témoin de la destruction de quelqu'un d'autre sans agir.

Vivre et laisser vivre, oui bien sûr. Je suis parfaitement d'accord avec toi sur ce point, cela fait d'ailleurs partie de ma philosophie de vie... mais ne pas faire ni laisser faire n'importe quoi.

6. SylvainGuilhem  le 18-12-2010 à 19:01:24

Tu dois avoir raison, mais je pourrait jamais accepter un texte de philosophie/psychologie
J'ai trop de mal a utiliser de nouvelles notion parce que je veux toujours être ouvert a toutes celle ci . On pourra dire que c'est paradoxal mais du coup j'ai un peu l'impression de regarder le monde a travers une vitre (c'est beau, note) sans en être vraiment un acteur, est lâcher des des objets pour OBSERVER les conséquences .

Fiou ! Ça fait longtemps que j'avais pas parlé comme ça !

7. automne  le 18-12-2010 à 21:02:12  (Web)

@ Sylvain: moi aussi, quand j'étais petite, j'aimais lâcher des objets pour OBSERVER les conséquences.
Par exemple: lâcher des bombes à eau depuis le balcon du 2ème étage sur la tête des passants pour observer leurs réactions.
lol smiley_id118878

8. SylvainGuilhem  le 18-12-2010 à 21:36:18

Et puis observer leur réactions en accusant le petit frère ! Mais ouiiii ! Nan mais moi c'est moins drôle j'ai pas de petit frère ...

 
 
 
 

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