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Journal d'une femme autiste Asperger. Pour public averti. Ames sensibles s'abstenir !

Posté le: 28-12-2010 à 23:31:50

1999: le début de la faim - Part 1

 

 

 

Intro: Le jeu de mots dans le titre de cet article est volontaire.

 

Pour répondre à un ami qui m'a demandé ce qui s'est passé concrètement pour moi en 1999, je vais essayer de faire ici la synthèse des articles que j'ai postés dans plusieurs de mes anciens blogs et concernant la succession de catastrophes qui sont survenues dans ma vie dés la fin de l'année 1999 jusqu' à ce jour.

 

Le récit sera long, même en résumant au maximum il ne me sera pas facile de caser en un seul article plus de 10 ans dont chaque jour fut un calvaire et dont presque chaque jour m'apportait un nouvel événement dramatique. Alors, j'écrirai probablement ce récit en plusieurs parties.

 

Cela a débuté par un burn out. Concrètement, un burn out, c'est un épuisement total physique et psychique. Cela a parfois des conséquences gravissimes, on peut en mourir. En ce qui me concerne j'ai survécu de justesse, parce que j'ai été hospitalisée à temps.

 

Pourquoi j'ai fait un burn out ? Tout d'abord parce que je travaillais trop. Je faisais partie d'une association d'artistes et artisans qui disposait d'une petite place de marché dans le centre ville (le "Marché des Artistes et Artisans du Bouffay") où les membres de l'association pouvaient exposer et vendre leurs créations. C'était une sorte de mini-Montmartre.

Aujourd'hui ce marché n'existe plus, et je ne fais plus partie de l'association.

 

Nous étions en pèriode de fêtes de fin d'année, il faisait très froid. Exceptionnellement, pour cette pèriode de l'année, le Président de l'association exigeait que tous les membres s'étant engagés à exposer sur ce marché y soient présents obligatoirement tous les après-midis (le matin, la place était réservée au marché classique (fruits, légumes, poissons, etc), de 14h à 20h.

Pour moi, cette contrainte était une véritable épreuve quotidienne: sans parler du froid que je supportais difficilement, le fait d'être en contact permanent avec des humains, tous les jours pendant 6 heures consécutives, avec l'obligation d'interagir (il fallait bien que je communique avec mes cliens, que je réponde à leurs questions, etc.) (et puis je n'allais pas faire ma sauvage et ignorer les autres exposants, d'ailleurs je les aimais bien, plusieurs d'entre eux étaient des amis à moi, donc nous papotions beaucoup ensemble, nous nous confions mutuellement la surveillance de nos stands respectifs les uns aux autres le temps d'aller par groupes de 2 ou 3 nous réchauffer et nous régénéer autour d'une boisson chaude dans un des cafés qui bordaient la place).

L'amabiance était sympa, conviviale, tout le monde s'entendait bien, les clients étaient agréables... tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes, si je n'avais pas été autiste.

Malheureusement, mon systéme sensoriel était soumis à rude épreuve dans ce contexte d'interactions humaines ininterrompues (sans la possibilité de m'isoler au moins quelques minutes), dans une ambiance de fête d'avant-Noël avec tout ce que cela implique:beaucoup de gens, des allées et venues constantes, du bruit, une cacophonie de voix et de musique de fond, des lumières, des décorations lumineuses colorées et scintillantes, des odeurs, etc. etc. 

Trop de stimuli sensoriels, trop de contacts humains, trop de gymnastique mentale permamente pour à la fois gérer la surcharge sensorielle, le stress dû à la promiscuité, les efforts à fournir pour interagir avec les clients (pas droit à l'erreur, et pas question de choper une crise de mutisme lorsqu'un client me posait des questions techniques sur l'une ou l'autre de mes réalisations ou lorsqu'un client voulait discuter technologie, logiciels, etc. puisque sur ce marché je vendais mes tableaux numériques et qu' à cette époque les arts numériques étaient encore peu connu du grand public), et (les pires moments pour moi) rendre la monnaie, moi qui suis dyscalculique ! Je fixais des prix ronds, sans la moindre virgule, mais même comme ça j'avais un mal fou à calculer quelle somme je devais rendre à un client, et j'avais toujours peur de l'arnaquer sans le faire exprès.

 

Le soir, je rentrais chez moi aux alentours de 21 heures, complètement épuisée. Mais pas question de me reposer. D'abord, je voulais passer un moment avec mon petit garçon que je n'avais pas vu de toute la journée. Mon copain (un "mec gentil"... cf. l'article "J'aime pas les mecs gentils" d'Eric Brasseur) avait préparé le dîner de mon fils, l'avait aidé à faire ses devoirs, lui avait donné son bain et l'avait mis en pyjama. Mon fiston attendait impatiemment que je rentre pour que nous partagions un moment de jeux, de câlins avant que je le mette au lit et lui lise une histoire. C'était pour moi le meilleur moment de la journée, hors de question de zapper ces instants de bonheur, même si j'étais sur les rotules.

Une fois mon fils endormi, je m'écroulais sur le canapé. Mon "mec gentil", toujours aux petits soins pour moi (vous verrez par la suite quel rôle il a joué dans mon épuisement qui s'est terminé en burn-out et dans la succession d'événements qui ont suivi) m'apportait un plateau-repas qu'il avait préparé "avec amour".

 

J'aurais dû me coucher après avoir avalé mon dîner, mais il n'était pas question de dormir: il falait que je travaille encore. Bon, j'étais déchargée des tâches ménagères, car durant cette pèriode de travail exceptionnellement intensif, mon "mec gentil" qui était en vacances, s'était installé chez moi etme déchargeait de toutes les corvées domestiques: il faisait la vaisselle, le ménage, les courses, la cuisine, et tout et tout, en plus de s'occuper de mon fiston.

Alors je m'installais devant mon ordinateur et je bossais comme une brute jusque très tard dans la nuit (parfois même la nuit entière). Il arrivait que je ne dorme pas du tout et que je retourne tenir mon stand le lendemain complètement groggy. Il n'était pas rare non plus que je m'endorme devant mon ordinateur, la tête sur le clavier.

Une fois mon travail terminé, je devais préparer mon stock et mon matériel pour l'expo du lendemain sur le marché.

 

Le samedi soir, au lieu de me reposer, pendant que mon fiston passait le week-end chez son père, j'allais en boite, ou assister à un concert d'une de mes amis artistes qui était chanteuse en plus d'être dessinatrice. Parfois, je tenais une expo de mes propres créations dans le café-concert où elle exposait, et en même temps je prenais des photos, car j'étais la photographe attitrée et bénévole de mon amie chanteuse. Je réalisais aussi, toujours bénévolement, ses flyers et affichettes, durant mon temps libre que j'aurais dû consacrer à me reposer.

 

Bref, je travaillais le jour et la nuit. 

 

Petit à petit, j'ai commencé à me sentir bizarre. Je n'arrivais plus à communiquer avec les gens. Sur le marché des artistes je me suis surprise plusieurs fois à regarder bêtement un client qui me parlait, sans comprendre ce qu'il me disait, et sans parvenir à prononcer le moindre mot.

Je me suis surprise un matin à emmener mon fils à l'école simplement vêtue d'un pull fin et d'une veste d'été, la tête nue, et sans écharpe ni gants, alors qu'il tombait un mélange de pluie et de neige fondue. Je ne sentais pas le froid. Heureusement, j'avais conservé ma lucidité et j'habillais mon enfant en fonction de la météo, lui il était bien couvert, mais je ne pensais plus à moi, et je n'avais plus de signaux corporels pour m'aider à prendre soin de ma santé: je ne sentais plus le froid, ni la faim, ni le chaud, ni la fatigue. En voyant mes voisins et voisines emmitouflés des pieds à la tête, j'ai compris que quelque chose n'allait pas chez moi.

J'avais déjà connu des pèriodes de ce genre, et je savais que cela n'annonçait rien de bon.

 

Les vacances de Noël sont arrivées, mon fiston est parti chez son père. Mon"mec gentil" avait regagné ses pénates et ne venait plus me voir que de temps à autre.

J'étais livrée à moi-même et je faisais n'importe quoi. Je ne dormais quasiment plus, je ne mangeais presque rien (comme je le dis plus haut, je ne sentais plus aucun signal de mon corps, je n'avais plus la senation de faim, ni de fatigue, ni de sommeil, ni de rien), je passais mes nuits à travailler, mes matinées à faire le ménage et les courses, mes après-midis et débuts de soirée sur le marché des artistes...

Je me déréalisais chaque jour davantage. 

Une angoisse chronique s'est emparée de moi. Bon, là je zappe une partie de cet épisode qui serait trop effrayante pour les lecteurs et je passe à l'étape suivante: c'était un matin, je ne sais pas quelle heure il était, mais le jour était déjà levé donc il était plus de 8h. Pour une fois j'avais dormi quelques heures pendant la nuit, et dans mon lit, pas devant mon ordi ni en vrac sur le canapé.

Mais en me réveillant ce matin-là, j'ai eu la peur de ma vie. Je n'avais plus de forces, je ne savais plus comment je m'appelais, je ne savais pas où j'étais. Il me restait encore un peu d'instinct de survie et de gestes automatiques qui m'ont permis de saisir le téléphone et d'appuyer sur la touche qui correspondait au cabinet de notre médecin de famille.

Par chance il a répondu tout de suite. Je n'arrivais pas à parler. Il m'a fallu un certain temps avant de réussir à articuler péniblement: "Docteur XXXX !"

Au bout du fil, je l'ai entendu dire: "Ah, Madame YYYY ! Ohlala ! Ne bougez pas, restez chez vous, j'arrive tout de suite !"

Quelques minutes plus tard il était chez moi. J'étais toujours assise sur mon lit, en pyjama, hébétée, incapable de parler.

Le médecin m'a dit: "Il faut vous faire hospitaliser, vous êtes d'accord ?"

J'ai fait oui avec la tête. Il m'aurait dit "Je vais vous faire euthnasier, vous êtes d'accord ?" J'aurais dit oui aussi. Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. 

Il a écrit une lettre pour l'hopital, un mot pour le chauffeur du taxi qu'il a appelé et qui m'a conduite aux urgences.

Je ne me souviens pas de mon arrivée aux urgences, de ce qui y a été dit et fait. Je me souviens seulement que j'ai ensuite été transportée en ambulance vers un hopital psychiatrique.

 

A suivre.

 

 

 


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1. escaleocabannes  le 04-01-2011 à 20:23:15  (Web)

merci de partager. Je ne connais pas ce genre de symptômes.

2. harfang  le 17-01-2011 à 15:44:53  (Web)

c'est difficile d'écrire un petit mot après ça... merci de te livrer à nous de la sorte. Sourire

3. escaleocabannes  le 20-01-2011 à 18:54:02  (Web)

Salut Lady Automne, je passais faire un petit coucou et voir comment tu allais.
Je repars donc comme je suis venue...

 
 
 
Posté le: 29-12-2010 à 00:31:17

1999: le début de la faim - Part 2

 

Il ne me reste qu'un très vague souvenir des deux premiers jours à l'hopital psychiatrique.

Le souvenir le plus marquant est celui d'un moment où j'étais assise dans mon lit, dans ma chambre individuelle et où j'ai senti ma tête se projeter violemment en arrière.

Ma tête est restée bloquée dans cette position, j'ai eu peur, me demandant ce qui m'arrivait.

Aussitôt après, mes yeux se sont révulsés, je ne voyais plus rien. Prise de panique, j'ai tenté de crier pour appeler au secours mais aucun son ne sortait de ma gorge.

J'ai voulu sortir de mon lit, mais mes bras et mes jambes étaient raides comme du bois. 

Mais qu'est-ce qui m'arrive ????? me demandais-je au comble de la panique.

J'ai réussi à sortir du lit, je ne sais comment, et à me mettre debout. Mais, ma tête étant renversée en arrière, et mes yeux révulsés, je n'avais aucun repère visuel dans cette chambre qui m'était encore inconnue. De plus, j'avais toutes les peines du monde à me déplacer, avec mes jambes toutes raidies. Et de surcroît, d'autres phénoménes physiques continuaient à surgir: ma langue s'est collée à mon palais, me donnant l'impression que j'allais mourir étouffée. Ma bouche s'est ouverte très largement, ma mâchoire s'était complètement raidie et m'empêchait de refermer ma bouche d'où commençait à s'échapper un filet de salive.

Je me suis souvenue que la porte de la chambre se trouvait face au lit, séparée de ce dernier par seulement deux pas. J'ai donc fait deux pas en marchant comme un robot, les jambes et les bras totalement raides, en ce que je supposais être la direction de la porte. Je ne m'étais pas trompée, en tendant un bras, j'ai senti sous ma main la poignée de la porte. Mais mes mains s'étaient raidies aussi, je ne parvenais pas à bouger mes doigts ni a replier la paume de ma main sur la poignée de la porte. Comment ouvrir cette maudite porte ???!!!

J'ai fini par réussir à ouvrir la porte, ce qui m'a un peu rassurée. Et j'ai commencé à avancer dans le couloir. Impossible de marcher droit, en plus d'être raides mes jambes ne m'obèissaient plus et je ne pouvais que marcher en crabe, les yeux toujours révulsés je ne voyais pas où j'allais et je me cognais dans les murs. Je sentais la raideur meusculaire s'emparer de tout le reste de mon corps. Mais qu'est-ce qui m'arrive, bon sang ???!!!!!! me demandais-je.

 

Par chance, une infirmière est passée par là, et m' a prise par le bras en me disant d'une voix très douce et très calme: "Ah, Madame Machin ! Vous êtes victime d'un effet secondaire d'un médicament qu'on vous a administré. Ils ont oublié de vous donner un correcteur. N'ayez pas peur, c'est très impressionnant mais ce n'est pas grave du tout. On va vous donner un correcteur qui agira très vite et dans quelques minutes tout sera rentré dans l'ordre. Ne craignez rien, vous n'êtes pas en danger." 

L'infirmière m'a menée jusqu'au bureau des infirmiers, m'a fait assoir sur une chaise. Puis je l'ai entendue décrocher le téléphone et parler à quelqu'un à qui elle disait que j'étais en état de chépakoi et qu'il me fallait un correcteur de toute urgence. Ensuite elle a raccroché le téléphone et a dit à une autre personne que je ne voyais pas mais que j'entendais se déplacer dans le bureau: "Tu te rends compte ? Ils ont donné à Madame Machin du (nom d'un médicament) à dose massive, sans lui donner de correcteur ! La pauvre, elle a dû se demander ce qui lui arrivait !"

Puis, s'adressant à moi: "Patience, Madame Machin. C'est bientôt fini, on vous apporte un correcteur. Désormais vous en prendrez un en plus de votre traitement, et cet incident ne se reproduira plus. C'est un oubli de la part du psychiatre, normalement le traitement qui vous a été prescrit est systématiquement accompagné d'un correcter pour éviter le pénible effet secondaire que vous êtes en train de subir, mais là il a oublié de le mettre sur l'ordonnance. En tout cas, bien que ce soit très impressionnant et très angoissant, ce qui vous arrive n'est pas dangereux et ne vous laissera aucune séquelle."

J'ai essayé de parler, mais elle m'a dit:

"Vous ne pouvez pas parler parce que votre langue est paralysée et collée à votre palais. Courage, ce phénoméne disparaitra vite après qu'on vous aura donné votre correcteur."

Quelques instants plus tard, j'ai entendu la porte s'ouvrir, une voix d'homme: "Voici le correcteur pour Madame Machin."

L'infirmière s'est approchée de moi et m'a dit: 

"Je glisse le comprimé dans votre bouche. Il va fondre et agir très vite. Patience, votre supplice se terminera dans moins d'une minute."

J'ai senti ses doigts pénéter dans ma bouche, déposer un comprimé sous ma langue. Et j'ai attendu.

Aprés un temps assez bref, j'ai senti avec bonheur mes muscles se décrisper. 

Ma tête a retrouvé sa position normale, mes yeux ont repris leur place dans leurs orbites, je pouvais enfin voir à nouveau ! Ma langue s'est abaissée et a retrouvé sa mobilité. Mes mains, mes bras, mes jambes, mon bassin, mon thorax... tout redevenait souple petit à petit.

Encore quelques minutes plus tard, la totalité de mon corpsest redevenu comme avant. Ouf !!! Quelle frayeurj'avais eue !!!

 

J'ai pu parler et dire merci à l'infirmiére. Elle m'a raccompagnée à ma chambre et m' a dit: "Cela ne se reproduira pas. Le psychiatre a jouté le correcteur sur l'ordonnance de votre traitement.

Allez, reposez-vous pour vous remettre de vos émotions."

 

Le troisième jour, j'ai pu me joindre aux autres patients dans la salle à manger, le salon de télé et le fumoir. Ce jour-là, mes idées étaient plus claires, mon cerveau semblait avoir repris son fonctionnement habituel, je savais à nouveau qui j'étais, mais une angoisse m'a saisie soudain: "Je suis devenue folle ! Je suis enfermée dans un hopital psychiatrique ! Je ne sortirai plus jamais d'ici. Je ne serai plus jamais libre, je vais finir ma vie dans un hopital psychiatrique !"

J'ai voulu aller voir l'infirmière qui m'avait administré le correcter la veille, je me suis approchée du bureau des infirmiers au moment où un homme en sortait. Il s'est arrêté devant moi et m' a dit:

"- Ah, Madame Machin ! (Tiens, il me connait, lui ? Je ne l'ai jamais vu ! ai-je pensé) Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé hier, vous avez dû avoir une sacrée trouille."

- "Oui, j'ai eu très peur ! Justement je venais voir l'infirmière qui s'est occupée de lui, j'ai envie de lui dire merci. Elle a été très gentille avec moi."

- "Elle n'est pas là, vous la verrez ce soir. En tout cas, je suis content de vous voir debout. Vous savez, on vous a administré des doses de cheval à votre arrivée et durant les 2 premiers jours. Je suis désolée pour cela aussi, mais nous n'avions pas le choix, compte tenu de l'état dans lequel vous êtes arrivée. Il fallait absolumentque nous vous assomions pour que vous puissiez vous reposer. Mais ce matin nous avons diminué votre posologie, vous avez encore un traitement lourd, mais on ne vous assome plus. Et on diminuera encore les doses au fur et à mesure de l'évolution de votre état. Vous revenez de loin, vous le savez ?"

- "Heu... je ne me souviens pas de grand-chose à vrai dire."

 

Pour me "réparer", les toubibs n'avaient pas d'autre choix que de m'assommer (au sens figuré,  :)).

Autrement dit, ils m'ont administré des traitements chimiques très lourds et à des doses massives, destinés à ralentir mon activité cérébrale et mon activité physique, à apiser mon angoisse, à m'empêcher de penser, de réfléchir, de souffrir moralement, d'analyser ce qui m'arrivait... bref, pour obliger mon cerveau et mon corps à se reposer.

Avec le recul, je dirais que cela ressemble à une lobotomie sans chirurgie et temporaire (réversible), ou un semi-coma théraputique, car j'ai été réduite à l'état de légume pendant quelques jours, et "chimiquement camisolée" pendant toute la durée de mon traitement ...
J'étais restée cependant suffisamment lucide pour savoir où je me trouvais et ce que
l'on me faisait, et assez "vivante" physiquement et intellectuellement pour avoir envie
de marcher, me promener, lire, écouter de la musique, téléphoner à mon compagnon/ à des
amis/à mes enfants/à ma famille...

Mais je ne pouvais pas faire ce que je voulais.

Marcher, oui, sans probléme dés que j'ai retouvé un peu de forces physiques. Mais je n'avais le droit de marcher que dans les couloirs et les salles communes de l'unité de soins.

Je me trouvais dans une unité fermée, c'est à dire dont la porte de sortie est fermée à clé 24heures/24 et 7jours/7, dont les patients (certains, pas tous)  ne peuvent sortir que munis d'une permission de sortie demandée au psychiatre au moins 24 heures à l'avance.... permission de sortie variable selon les cas: une demie-journée, ou une journée, ou 48 heures.

Certains patients n'ayant pas droit aux permissions de sortie pouvaient néanmoins sortir de l'unité pour prendre l'air et marcher dans l'enceinte de l'hopital, à condition d'être accompagnés d'un(e) infirmière.

Moi, pendant la première semaine de mon séjour dans cette unité, je n'avais pas droit aux sorties, même pas 10 minutes de promenade accompagnée par un(e) infirmièr(e) dans le parc de l'hopital, même pas le droit de sortir juste pour fumer une clope devant la porte du bloc.

Repos absolu et enfermement total.

Je n'avais pas non plus le droit de recevoir de visites ni de téléphoner. Lorsqu'un de mes proches appelait pour prendre de mes nouvelles, je n'avais pas le droit de répondre personnellement au téléphone, les infirmier(s) servaient d'intermédiaire entre mes correspondants et moi.

Le psychiatre de l'unité m'avait expliqué que les interactions humaines étaient nocives pour moi dans l'état où je me trouvais, et qu'il devait m'interdire tout contact avec l'extérieur jusqu'à ce que j'aille un peu mieux.

J'étais même surveillée dans l'unité de soins, si je passais trop de temps en compagnie d'un patient, un(e) infirmier(e) me disait d'aller me reposer dans ma chambre. Il est à noter qu'il était strictement interdit à tous les patients de pénétrer dans les chambres des autres.

 

A suivre.

 

 

 

 

 


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Posté le: 29-12-2010 à 18:12:54

Information importante

Bonjour,

 

Ce message s'adresse à mes ami(e)s et aux personnes concernées directement ou indirectement par l'autisme, qui suivent mes blogs depuis des années.

 

Ayant reçu un message privé un peu spécial, je me rends compte que le fait d'avoir appliqué la mention "

Journal d'une femme autiste Asperger. Pour public averti. Ames sensibles s'abstenir !"

sous le titre du blog, ne suffit pas à informer les (ou au moins un, en l'occurrence) "passants" (le terme n'est pas de moi, mais de la personne en question (*)) que ce blog n'est pas un lieu d'exhibitionnisme, qu'il n'est pas destiné au tout-venant même si j'acceuille avec plaisir toute personne souhaitant s'informer sur l'autisme, que je n'utilise pas mes blogs pour "ressasser" mes souvenirs(*) mais pour INFORMER et pour aider, dans la mesure du possible, des personnes confrontées directement ou indirectement à l'autisme.

 

Alors, je devrai peut-être me résoudre à protéger ce blog par un mot de passe que je ne divulguerai qu'aux personnes concernées.

Depuis 10 ans que je "sévis" sur le Net, j'ai toujours refusé d'envisager cette solution, mais si je continue à recevoir des messages désobligeants, je devrai rendre ce blog invisible au tout-venant, parce que je suis trop fatiguée, trop fragilisée pour pouvoir continuer à subir quelque forme de harcélement moral.

 

Au cas où je finirais par opter pour le mode secret avec mot de passe, je vous prie de bien vouloir m'en excuser, et je vous remercie par avance, le cas échéant, pour votre compréhension.

Je sais à quel point il est agaçant de devoir saisir un mot de passe pour accéder à un blog.

 

Mais bon, dans un premier temps, je vais bannir l'IP de la personne qui me prend le chou, et enlever mon blog de l'annuaire de VefBlog, pour éviter qu'il soit visité par des "passants" neurotypiques ( je préfère ne pas dire ce que je pense de cette mesure).

Autistes, fermez votre gueule, vivez cachés, restez entre vous.... pfffff.... 

 

 


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1. Toni  le 29-12-2010 à 22:01:11

Bonsoir Lena, c'est Toni.
J'ai vu la teneur de certains commentaires.

2. Toni  le 29-12-2010 à 22:13:12

Bonsoir Lena, c'est Toni.
Je viens de lire la teneur de certains commentaires sur le blog de Lena, pour ceux qui ne me connaissent pas je suis moi aussi ted mais avec un fonctionnement quand même proche des nts.
Ce que j'ai à dire, c'est que je connais Lena depuis 4 ans via la blogosphère et me représente globalement assez bien ce qu'elle a pu vivre.

Je tiens également à préciser que si jamais un des nts reposte un commentaire injurieux à caractère pronographique, on peut éffectivement relever son adresse IP et porter plainte à l'hébergeur du blog puis ensuite aux forces de police.

Je rappelle gentilment aux nts que des lois existent en France et qu'il n'est pas dans votre droit messieurs les gros dégueulasses débiteurs de commentaires vulgaires de polluer ce blog.

Lena validera ou non ce commentaire, souhaitera en faire un article ou non.
Je rappelle ici en tout état de cause que les commentaires injurieux sont absolument interdits ici.

Pour Lena, j'éssaie de t'aider dans ce qui pourrait être une charte d'utilisation.

3. tinadp  le 04-01-2011 à 10:40:19

J'ai pas encore eu le temps de tout lire ni de voir le comm., mais je suis désolée, les cons sévissent partout et je te soutiens contre ce type de violences (surtout en privé, là où elle est le plus dangereuse) et j'espère que tu n'auras pas à limiter l'accès car, comme tu le dis, ça peut servir à d'autres. Zouzous ma lénou et mes pensées t'accompagnent

4. automne  le 04-01-2011 à 15:39:34  (Web)

Coucou ma Tinazouzou Sourire
Je n'ai pas validé les commentaires qui m'ont perturbée, mais à titre d'exemple j'en ai validé un d'un visiteur qui commençait à prendre l'habitude de m'envoyer des commentaires en me demandant de ne pas les valider. J'ai fait cela pour montrer que désormais je ne me tairais plus et n'accepterai plus jamais que l'on me perturbe, de quelque manière que ce soit, en privé -sans témoins.... je connais trop cette manoeuvre, la technique favorite des harceleurs et autres PN, j'en ai bien assez souffert pendant 10 ans... maintenant STOP !
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Fini ! Je ne suis plus la pauvre victime qui souffre en silence, la pauvre imbécile qui se laisse martyriser dans l'ombre smiley_id119165
J'ai abandonné Canalblog pour venir ici, où il y a des modérateurs qui manifestement font bien leur boulot, je n'ai donné l'adresse de mon nouveau blog qu'à un groupe hyper restreint d'amis, j'ai changé de pseudo... tout ça afin de limiter le risque que les emmerdeurs et surtout "mon" harceleur moral pervers narcissique qui me suit à la trace depuis 10 ans me retrouvent... je n'ai pas fait ce sacrifice ni pris tout ce luxe de précautions pour retrouver les mêmes emmerdements ici !

Je suis effarée de voir le nombre de gens qui utilisent internet comme "terrain de chasse", entre les pervers narcissiques en quête d'une victime à torturer, les hommes mariés qui draguent tout ce qui passe sous leur nez, les aigris qui font des projections mentales sur les blogs des autres (hey ! Si ce que j'écris ne vous plait, personne ne vous oblige à me lire, pourquoi vous revenez sans cesse ? Il est bien mentionné en titre de ce blog qu'il est réservé à un public averti, alors allez trainer vos guêtres ailleurs).... j'en ai ras le bol ! Et il est hors de question que quiconque joue encore avec moi comme un chat avec une souris, ou que je supporte des propos perfides en coulisses. Que ceux qui veulent casser de l'autiste le fassent AU VU ET AU SU DE TOUS !

Et, une fois pour toutes, JE NE SUIS PAS LA POUR ASSOUVIR LES FANTASMES DES HOMMES (MAL) MARIES ! (Ni pour assouvir les fantasmes de personne, d'ailleurs).

Ceci dit, ma copine tinadp, merci pour ton soutien.
Merci aussi à Antoine et à mes autres amis qui me lisent et me soutiennent en privé.

Là je sors encore d'une période "pas facile" dirons-nous, je suis fatiguée et déprimée. Mais bon, je vais reprendre du poil de la bête, comme on dit Sourire

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5. escaleocabannes  le 04-01-2011 à 20:35:39  (Web)

Juste pour dire que je suis attérée par ce que je viens de lire.
Bien sûr, je viens te lire par curiosité, un mimimum. Parce que pour moi, un autiste ne parle pas, ne communique pas, je découvre un monde à part qui me déstabilise.
Et je vous remercie de me bousculer.

6. automne  le 04-01-2011 à 22:12:27  (Web)

Bonsoir escaleocabannes,
J'aime bien que tu visites mon blog, que tu souhaites t'informer et que tu me laisses des commentaires.

Mon blog est aussi destiné aux personnes qui, comme toi, croient que les autistes ne parlent pas, ne communiquent pas. C'est la vision que la majorité des gens ont de l'autisme, et c'est normal puisque aujourd'hui encore, en France, les ouvrages spécialisés, les psychiatres, la presse et autres médias, ne font généralement état que de l'autisme classique (que l'on appelle aussi autisme profond, ou autisme sévère, ou autisme de bas niveau ou autisme de Kanner).
Il est vrai que les personnes atteintes d'autisme classique ne parlent pas et ne communiquent pas (en apparence, car en réalité beaucoup d'entre eux utilisent des modes de communication qui passent généralement inaperçus ou que les non-autistes ne peuvent pas interpréter... mais bon, c'est un débat que je ne veux pas ouvrir ici et maintenant).
Les autres formes d'autismes, classées sous le terme général d'autismes légers (Asperger, notamment, celle dont je suis atteinte) sont très peu connues, voire totalement inconnues du grand public, hormis des personnes concernées directement et diagnostiquées, et de leurs proches (famille, conjoints), mais peu de psychiatres, de médecins, d'éducateurs etc. connaissent ces formes d'autisme, la plupart (y compris psychiatres, psychologues et médecins généralistes, n'en n'ont même jamais entendu parler).
Dans le domaine de la connaissance des formes d'autisme autres que l'autisme de Kanner, et de la prise en charge des personnes qui en sont atteintes, la France a 30 ans de retard sur les autres pays développés. C'est énorme !!!
Quelques autistes verbaux (Asperger, et autres autistes dits de haut niveau) commencent depuis quelques années, à sortir de l'ombre, grâce à internet, à se regrouper, à diffuser des témoignages et des informations, pour lutter contre l'ignorance, et créent des petits réseaux sur internet (avec des rencontres dans la vie réelle, pour ceux qui le peuvent et qui le souhaitent) afin de s'entraider, d'échanger des conseils, des infos, et tout ce qui peut être utile aux uns et aux autres.

Hé oui, il existe des autistes qui parlent, qui écrivent, qui ménent une vie à peu près normale, qui passent inaperçus dans la rue, qui font des études, qui ont une intelligence normale voire supèrieure à la moyenne, qui ont des amis, qui se marient et qui font des enfants: nous les autistes Asperger et les autistes dits de haut niveau. Et nous sommes relativement nombreux. Ceci dit, il y a plus de garçons que de filles autistes, selon les statistiques actuelles, le ratio est de 4 garçons pour une fille dans l'autisme de Kanner (autisme classique) et de 9 garçons pour une fille dans l'autisme d'Asperger).

Il est important pour nous de diffuser le maximum d'informations sur les formes méconnues d'autisme, car (ça c'est mon avis personnel) les temps deviennent de plus en plus durs pour nous. La société actuelle en France est beaucoup moins tolérante envers les différents, les excentriques, les bizarres, qu'elle ne l'était il y a quelques décennies en arrière, et ne permet plus (sauf rares exceptions, concernant quelques autistes chanceux ou particulièrement bien entourés) aux autistes Asperger de développer leurs talents (beaucoup d'autistes, de toutes les catégories (Kanner, Asperger, haut niveau, etc.) possèdent des talents et des compétences innés ou acquis extrêmement pointues dans des domaines variés, souvent très utiles à la société, ne pas leur permettre d'utiliser ces compétences est un réel gâchis et pour la société et pour la vie de la personne, car généralement les autistes aiment se rendre utiles et faire profiter les autres de leur savoir, mais aussi parce qu'en privant les autistes talentueux de la possibilité de s'intégrer (grâce à une prise en charge précoce, une éducation spécifique, une orientation professionnelle adaptée à leur niveau et à leurs talents et compétences, un emploi protégé (avec horaires aménagés par exemple), on les réduit à l'état d'éternels handicapés assistés ou non, dont la plupart deviennent des charges pour la société au lieu de devenir des éléments actifs, productifs et intéressants... n'oublions pas que c'est grâce à des esprits différents, originaux, excentriques, innovateurs.... que le monde a évolué dans le domaine technologique, scientifique, etc. et que nous possédons des oeuvres artistiques extraordinaires (dans le domaine de la musique, de la littérature, de la peinture, etc.)

Ces grands hommes et grandes femmes ne portaient pas d'étiquette (parmi eux: Albert Einstein, pour ne citer que lui, dont on suppose qu'il était Asperger), et ont pu révolutionner le monde dans le bon sens du terme, grâce à leurs inventions, découvertes et réalisations.
Aujourd'hui, c'est fini. De nos jours, on étiquette les gens hors-normes. Personnellement, je trouve cela très bien de diagnostiquer les autistes légers.... enfin, je trouverais cela très bien si les diagnostics étaient destinés à mettre en place des mesures de prise en charge, d'éducation et de moyens d'aider les enfants à évoluer à leur rythme, développer leurs talents, s'épanouir, et s'insérer dans la société de façon digne et en fonction de leurs particularités (en France, on est loin, très loin de cela).
Quant aux autistes légers diagnostiqués à l'âge adulte, il est souvent trop tard: s'ils ont des troubles importants (il faut savoir que le nombre et l'intensité des troubles neurologiques, sensoriels, cognitifs, etc. varient d'un individu autiste à l'autre) et sont épuisés par les efforts qu'ils ont déployés pour se socialiser coûte que coûte et tant bien que mal, par les mauvais traitements et les injustices dont ils ont été victimes (c'est un problème qui touche beaucoup d'autistes légers, et qui prend parfois des proportions gravissimes) et par les efforts pour dissimuler ou tenter de diminuer leurs troubles, même s'ils ont réussi à conserver leurs talents originaux, rien n'existe pour leur permettre de s'intégrer réellement, et encore moins pour mettre leurs talents au service de la société... sauf encore, à quelques exceptions près... généralement le diagnostic est posé lorsque la personne est épuisée et sur-handicapée par les pressions subies dans l'entourage, la société.... ils deviennent alors, souvent, des handicapés abandonnés à leur sort, souvent reconnus inaptes au travail faute de leur trouver un emploi en milieu protégé ou, comme dans mon cas personnel, parce que leurs troubles sont devenus trop envahissants et ne leur permettent plus de garder leur emploi s'ils en avaient un, ou de retourner dans le monde du travail... puis c'est l'isolement et la précarité, avec une maigre allocation qui permet juste de payer un loyer et de se nourrir.... un "beau" gâchis en somme, pour des personnes qui pour la plupart avaient un potentiel extrêmement intéressant.

7. escaleocabannes  le 09-01-2011 à 10:15:38  (Web)

Juste au cas où tu prendrais cette décision, sache que j'aimerais continuer à avoir accès à ton blog.
Bonne journée. Karine

8. automne  le 09-01-2011 à 17:38:21  (Web)

Bonjour Karine.
Ok, c'est noté. Merci.
Bonne soirée.

9. harfang  le 17-01-2011 à 15:53:15  (Web)

Je suis d'accord avec escaleocabannes que je connais à travers nos blogs respectifs. Moi non plus je ne connais pas très bien le monde de l'autisme sauf à travers quelques films (comme celui que je viens de voir d'ailleurs et qui s'appelle Marathon). Ce serait dommage de fermer ton blog aux profanes car il est toujours intéressant de s'informer. Ça ouvre l'esprit et force à la tolérance ce qui est primordial surtout en ces temps de plus en plus troublés. J'espère sincèrement pouvoir encore te lire.

10. harfang  le 17-01-2011 à 15:59:24  (Web)

comme escale j'aimerais bien pouvoir continuer de venir te lire...

 
 
 
Posté le: 29-12-2010 à 20:49:27

Isabelle Caro, ex-mannequin anorexique âgée de 28 ans est décédée

 


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1. Toni  le 29-12-2010 à 22:29:35

Encore un vilain fruit pourri de la société des nts, plus je les vois agir Lena dans le cadre de mon travail, en voiture, en vacance ... Plus je me dis que j'ai fait le bon choix d'être célibataire.
Avec les nts, rien ne dure jamais longtemps ni n'est éternel.

Je viens de lire ce qui t'es arrivée en 1999,
tu n'as fauté nulle part ... L'hopital lui par contre a fait une sacrée connerie.

Je constate comme toi que avec les nts on se fatigue vite. Si ça peut t'aider, les nts je les vois tous les jours et il ne faut pas t'imaginer qu'ils soient si heureux que cela. Isabelle Caro est un reflet de la connerie généralisé du genre humain et de beaucoup de magazines féminins ... Mais certaines personnes n'ont pas conscience de la gravité de leur geste à encourager la minceur comme cela ...
Pas trop tôt que l'incitation à l'anorxie soit un crime puni par la loi.

Alors Lena, c'est tard et ce que j'en pense ... L'incitation à l'anorexie pour les photos de magazine, c'est absolument horrible et dégueulasse et ceux qui prônent l'anorexie sont des gens complètement timbrés.

2. automne  le 30-12-2010 à 01:50:50  (Web)

@ Toni: je profite de ce commentaire pour te dire que j'ai pris un retard monstrueux dans mes courriers, mais je réfléchis beaucoup et j'espère rattraper mon retard très bientôt.
J'ai des choses importantes à te dire.

En ce qui concerne mes articles sur l'année 1999, ils ne sont que le début du récit de la spirale de malheurs dans laquelle je suis entrée en 1999, et du processus qui a abouti à mon exclusion et l'isolement dans lequel je me trouve actuellement.
Pour répondre de façon précise et complète à la question que tu m'avais posée à ce sujet, il m' a semblé important de commencer par le début de l'histoire et de tout remettre dans le contexte. En même temps, cela me permet de structurer cet épisode qui constituera un chapitre du livre autobiographique que je suis en train de ré-écrire (je l'avais commencé, mais je me suis trop éparpillée et j'ai perdu presque tous mes manuscrits au cours de mon déménagement il y a 2 ans, donc je recommence tout à zéro).

Pour ma part, j'essaie de garder une certaine objectivité, sans laquelle je tomberais dans la misanthropie. Je ne veux pas devenir aussi bête et aussi méchante que ceux qui m'ont détruite et, pour rien au monde je ne voudrais faire des victimes innocentes en mettant tout le monde dans le même panier.
J'essaie de comprendre, tout en me protégeant, plutôt que de juger et de rejeter tous les NT en bloc, même s'il ne se passe pas un jour sans que j'aie un accès de dégoût et de colère envers ce monde malade.

Il existe des gens qui, sans être autistes, souffrent comme nous, sont rejetés et exclus, ou abusés comme nous.

Quant à l'anorexie, c'est une maladie mentale. Quand j'étais jeune, et il n'y a pas bien longtemps encore, cette maladie portait le nom d'anorexie mentale. Maintenant, on dit "anorexie" tout court, on a occulté l'aspect psychiatrique de ce trouble du comportement alimentaire. On l'a banalisé, minimisant ainsi la gravité du probléme.

J'ai été anorexique. Cela m'est tombé dessus quand j'avais 12 ou 13 ans. Je ne suis pas devenue anorexique pour rester mince ni pour ressembler aux mannequins des magazines de mode que je refusais de manger, puisque je ne m'intéressais pas du tout à la mode, ni aux magazines féminins, et que je ne voulais pas être une femme ni plaire aux garçons. Je voulais ETRE un garçon ! Je refusais d'avoir des formes, je refusais d'avoir un corps de femme. Je ne me rendais pas compte de l'aspect effrayant de mon corps décharné.
Et je ne savais pas que j'étais anorexique, encore mois que c'était une maladie et qu'on pouvait en mourir. Je ne me faisais pas vomir, je ne prenais pas de laxatifs, comme le font beaucoup de filles anorexiques, juste je ne mangeais pas, parce que la nourriture me dégoûtait, et que l'idée de nourrir mon corps qui me dégoûtait aussi m'était inconcevable.
J'ai failli en mourir à 19 ans. A ce moment-là mon médecin m'a expliqué que j'étais en danger de mort, que l'anorexie entraine une perte de potassium pouvant provoquer un arrêt cardiaque fatal.
J'ai été hospitalisée, je pesais 28 kg.
J'ai toujours eu des problèmes avec la nourriture, je n'ai jamais aimé manger, je suis comme ça depuis toute-petite. Pour moi, faire un repas est une véritable corvée.
Ca c'est un trouble associé à mon autisme.

Après avoir été soignée et guérie de l'anorexie mentale, je suis redevenue comme avant: très peu d'appétit, hyper-sélective avec les aliments, il y a très peu d'aliments que j'aime, manger est toujours une corvée pour moi, et le fait que j'aie un trouble de la déglutition (trouble neurologique associé à l'autisme) n'arrange pas les choses. Mais ça, ce n'est pas de l'anorexie, c'est lié à l'autisme chez moi.

Les pro-anas (généralement des filles) qui revendiquent leur anorexie, sont très dangereuses. Elles valorisent une maigreur morbide, au lieu d'accepter de se soigner elles s'encouragent mutuellement à entretenir leur anorexie, au risque d'y laisser leur vie, et incitent d'autres jeunes à les imiter. Je trouve que c'est un phénoméne étrange, apparemment favorisé par internet (les blogs pro-ana pullulent chez un certain hébergeur bien connu des ados). En ce qui me concerne j'ai vécu mon anorexie en secret, en silence, je n'en parlais à personne, je me doutais que j'avais un gros problème, j'étais consciente que ce n'était pas normal de ne pas manger, mais je n'aimais pas mon état et il ne me serait pas venu à l'esprit de m'en vanter.
J'avais une amie anorexique, qui avait 2 ou 3 ans de plus que moi. Elle, elle était du genre pro-ana. Alors que je ne parlais jamais de mon problème alimentaire ni de ma maigreur excessive dont j'étais parfaitement consciente, elle qui était presque aussi décharnée que moi, se trouvait trop grosse, en parlait tout le temps, était obsédée par son poids, se faisait vomir et prenait des dragées Fuca, passait son temps à se comparer aux mannequins des magazines et dés qu'elle voyait une photo de mannequin qui lui paraissait plus mince qu'elle, elle enrageait et se faisait vomir de plus belle pour essayer de perdre encore du poids. Je ne la comprenais pas. Nous n'avions pas la même forme d'anorexie.
C'est en lisant le livre de Valérie Valère "Le pavillon des enfants fous" que j'ai compris que j'étais anorexique et que c'était grave. Valérie Valère est née la même année que moi, elle est devenue anorexique en même temps que moi, donc je me suis identifiée à elle et son histoire m'a fait peur. Valérie Valère est morte 2 ans après que j'aie été sauvée.

Oui, certaines formes d'anorexie sont déclenchées par les magazines de mode qui exhibent des mannequins maigres, et les magazines féminins en général qui prônent la minceur à tout prix. Mais on peut devenir anorexique sans jamais avoir ouvert un magazine de ce genre, et sans vouloir rester ou devenir mince. Les autres cas d'anorexie (dont le mien) doivent être minoritaires, car tous les médecins généralistes et tous les psychiatres que j'ai vus durant les années où j'ai été anorexique, ou trop maigre alors que je n'étais plus anorexique à proprement parler (c'est seulement depuis la naissance de mon 3ième fils que j'ai un poids normal) étaient persuadés que je voulais ressembler à un mannequin, alors que j'en avais strictement rien à cirer des filles qu'on voit sur les pages de magazine, et qu'au contraire je refusais ma féminité. Je ne trouvais pas la maigreur jolie, bien au contraire. J'avais une forme d'anorexie particulière, dûe à un problème d'ordre psychiatrique.

Si tu as lu la totalité de l'article dont j'ai posté le quote (il faut cliquer sur le lien-source) tu as dû voir qu'il existe maintenant un certain nombre de lois et de réglementations dans le milieu du mannequinat et dans les magasins de vêtements, pour interdire le recrutement de mannequins trop maigres, lutter contre l'incitation à la maigreur excessive et contre la marginalisation des non-minces.

3. toni  le 30-12-2010 à 21:08:06  (Web)

Difficile la vie Lena.
Mais dans mon cas, ça s'est passé différemment de toi concernant les enfants. Dans mon cas, on m'a suggéré de ne pas me mêler de vie de couple ...J'ai été exclu plus tôt que toi dans ce domaine. Les autres jeunes nts ne voulaient pas de moi sauf quelques filles issues de l'immigration qui me prenaient pour ce que j'étais.
Ensuite j'ai eu moi aussi des problèmes similaires au tien. J'ai été plongeur dans un resto fin Décembre 2007, ça ne s'est ni bien ni mal passé ... Juste moyen, je suis revenu très fatigué.

J'ai su ce jour là que la vie standard des nts n'était pas faite pour moi enfin plutôt que je n'y aurai pas accès.

4. harfang  le 17-01-2011 à 15:56:58  (Web)

il n'y a pas très longtemps il y a eu à la télé un reportage sur cette personne. C'était très émouvant et on sentait une lueur d'espoir à la fin. Elle se battait pour vivre. Malheureusement son corps n'a pas pu suivre son envie. Son décès m'a beaucoup touché...

5. tinadp  le 18-01-2011 à 06:05:51

Ce qui me sidère dans cette article sur le site de l'AFP, ce sont les commentaires !
Je suis toujours étonnée par l'ignorance, la capacité à porter des jugements sans savoir, bref, la faculté qu'ont beaucoup d'être humains à fracasser des pains de sucre pour pas un rond sur le dos de leurs congénères !
J'ai le livre d'Isabelle Caro chez moi : son histoire est tragique, elle a été enfermée par sa mère et n'a jamais eu de contacts avec le monde extérieur sauf rarement et couverte d'écharpes la dissimulant, même le visage, son enfance est un calvaire, une lente séquestration accompagnée d'autres privations et violences, et tout ce qu'on voit d'elle c'est une photo de magazine !!!!! Et tout ce qu'on commente d'elle c'est sa maigreur !
Cette femme était un cri vivant et un témoignage, cette femme a une histoire !
Et ceux qui commentent ne l'ont même pas lue et dissertent doctement sur son cas !
Elle témoigne d'une histoire singulière mais aussi d'une histoire collective !

Il n'est pas anodin que beaucoup de femmes mutilent leur corps pour exprimer leur souffrance, se privent pour exprimer de quoi on les prive, car de tous temps les femmes ont été mutilées et privées tant physiquement que socialement, et l'anorexie existe depuis des millénaires !

La représentation des femmes est très négative depuis des millénaires dans toute culture, et encore maintenant à travers la pub et les magazines de mode (mais pas seulement)
Si bien qu'être femme c'est être un corps "sale" et "tentateur" voire "être mauvaise, souillée" de façon socio-culturelle dans les représentations mentales collectives, avec un corps qu'il faut garder pur, chaste, un corps à épurer sans cesse, car il est naturellement "impur" et "inférieur" et "malsain" à la base.

Les représentations actuelles ne sont pas différentes en nature de celles du passé : si la forme change, le fond reste le même : la femme est soit belle et pure icone (sainte), immaculée et sans une once de réalité sur papier glacé, de préférence infantile et décharnée avec un physique prépubère, ...
Soit, si elle est belle autrement, avec des formes, avec des défauts, des poils, de la cellulite, c'est un objet, de désir et d'horreur (putain)
Les femmes qui ont souffert, enfant, de carences, expriment à l'âge adulte la souffrance millénaire de toutes les femmes : "je ne suis rien, je ne suis personne, je ne suis qu'un corps, je préfère faire disparaître ce corps plutôt que d'endurer qu'on ne reconnaisse pas mon existence et ma substance"

Parce que je l'ai vécu, parce que j'en ai souffert et parce que j'ai eu la chance d'en guérir au prix d'un immense travail quotidien et d'efforts inouïs, j'ai beaucoup lu sur l'anorexie et les tbles du cpt alimentaire, trbles semblables à des addictions, sorte de toxicomanie sans drogue féminine, et violence envers soi-même (les garçons expriment leur souffrance plus volontiers dans d'autres formes de toxicomanie et la violence envers les autres, c'est culturel !)

Qui dit addiction dit piège, prison, et l'anorexie fonctionne comme une addiction mais en plus perverse et plus mélancolique encore. Perverse car c'est une addiction qui s'attaquent aux besoins essentiels du corps, qui transforme une souffrance en jouissance, qui prend la nourriture comme objet d'obsession, et le rapport à la nourriture comme central dans les relations ! On peut se passer d'alcool, d'héroine, de jeu, de tout ce qui fait une addiction, on peut guérir d'une addiction classique en évitant le "produit" ou l'activité addictive. Mais on ne peut pas éviter la nourriture sauf à en mourir, c'est pourquoi l'anorexie est une punition terrible voire mortelle de type mélancolique, une souffrance au-delà du dicible, une souffrance affichée et tue à la fois, un secret terrifiant .....

La démarche pro-ana est certes dangereuse mais elle éclaire et met en lumière comme une fierté ce qui était tu, caché, honteux, dissimulé ......comme l'alcoolique cache ses bouteilles, l'anorexique cache sa maigreur et son incapacité à se nourrir, et donc cache sa maladie à elle-même comme aux autres !

Isabelle Caro, par sa démarche (photo de pub) a mis en lumière cette problématique de façon aussi crue que les pro-ana, mais avec un objectif bien différent : crier non pas sa fierté mais sa souffrance, montrer non pas la minceur mais la maigreur, dénoncer cette maladie et ceux qui l'encouragent !
Son cri a-t-il été entendu ?
Son cri n'était pas un corps, son cri disait, au delà du corps décharné, le malheur d'être femme et l'enfance martyre !
Malheureusement non, son cri n'est pas entendu, pas encore, elle et ses semblables sont encore vues comme des femmes futiles qui ne pensent qu'à leur tour de taille, alors qu'il s'agit de bien autre chose ......

 
 
 
Posté le: 14-01-2011 à 01:00:19

"L'agression filmée d'un jeune autiste suscite l'émotion" Article du Figaro


 


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1. tinadp  le 18-01-2011 à 06:26:06

Pareil, plus intéressants que l'article sont les commentaires ! Entre les tenants du "bizutage comme élément structurant la vie collective" que, "puisque ça existe depuis toujours, c'est normal et c'est pas grave" et autres tenants du "oui, c'est pas beau mais c'est ainsi car c'est le traitement que les forts réservent aux plus faibles (si les lois de la nature concernent les humains, alors retournons vivre comme des singes dans des cocotiers !), on se demande vraiment quand les grandes lois des sociétés humaines (coopérer pour survivre, prendre soin des plus faibles car ils nous grandissent, reconnaitre la richesse de chacun, rendre ce que l'on a reçu ....) seront enfin honnêtement reconnues aussi ! Oui, les humains sont violents, méchants, perfides, exploiteurs, guerriers, agressifs, conquérants .... mais aussi solidaires, coopérants, compatissants, bienveillants, empathiques ..... et ne voir qu'une face de la réalité c'est nier la réalité !

Etre humain c'est aussi, et avant tout, être dans un rapports de réciprocité avec autrui, et ce ne sont pas les sociétés de chimpanzés qui ont Attila et Gandhi, Napoléon et Mère Thérésa (et toutes ces cohortes d'inconnus qui s'efforcent au quotidien de faire des choses justes et de secourir, qui, sans être ni des saints ni des "trop bons trop cons" se contentent de donner ce qu'ils aimeraient recevoir. Et je ne pense pas qu'il y en a moins, de ces gens-là, au contraire !
Mais comme ce ne sont pas des saints, et qu'ils ont leur côté noir, pas sympa, méchant et injuste aussi, comme ils sont "gris", on les voit "noirs" !
Le monde en noir et blanc et sans nuance me semble un défaut très répandu et je plaide coupable : il m'a fallu du temps, des souffrances et de l'expérience pour faire l'effort de voir les dégradés de couleur, car les monde en noir et blanc est plus simple et plus confortable, et il m'arrive encore de me laisser aller à la facilité .....

Alors, des commentaires, j'en tire la conclusion que dans le discours le contraste est facile et confortable et répandu, mais que dans la réalité ceux qui découpent et clivent en parole sont certainement plus nuancés dans leurs actes (en tous cas il faut l'espérer !)

 
 
 
 

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