Psssst.... T'as vu le Tagboard ? Siiii !!! Lààààà => dans la colonne de droite !
Agad' c'est comme un mini-t'chatt. Tu peux l'utiliser pour converser avec éventuellement avec d'autres visiteurs/lecteurs qui auraient envie de te répondre.
Bon c'est pas un vrai t'chatt, y aura pas forcément quelqu'un de connecté en même temps que toi, si quelqu'un te répond, tu recevras la réponse en différé, mais bon, c'est quand même sympa de pouvoir laisser un petit message comme ça pour le fun, nan ?
Hier soir je me suis couchée à 23 heures et des soupières. Je n'ai aucun mérite, je dormais littéralement debout, j'sais pas pourquoi mais bon cela m'a bien rendu service ! A peine eus-je posé ma tête sur l'oreiller que pflouf ! Morphée m'emporta dans ses bras puissants.
A 4h30 du matin, j'étais réveillée. Mais alors bien réveillée ! Zut ! Cacaboudin et crotte ! C'est trop tôt grommelai-je. Si je me lève maintenant, je vais être prise d'une irrépressible envie de dormir vers midi et la valse du sommeil inversé va recommencer.
Je me forçai à rester au lit, à tenter d'au moins somnoler à défaut de dormir pour de vrai. Puffff.... Morphée était bel et bien parti, le traître !
Je me tournai et me retournai sous mon gros et lourd duvet qui fait office de couverture proprioceptive, doublé d'une couverture polaire (dessous j'en ai une autre, chez moi les couverures polaires remplacent les draps (ce sont des petites couvertures pour lit de bébé, bien assez grandes pour moi et pou mon lit deux places que j'ai astucieusement transformé en lit mono-place au moyen d'un traversin qui non seulement sépare le lit en deux mais aussi me sert de cale-dos... d'un côté du traversin il y a la moitié de lit qui est destinée à accueillir mes dodos, et de l'autre côté il y a ma collection de doudous, poupées, couvertures et oreillers pour la sieste, ainsi qu'un tas d'autres choses, bref l'autre moitié du lit est un espace de rangement) je déteste les draps, je dors comme les gitans entre des couvertures, mais mes origines semi-gitanes n'y sont pour rien, c'est juste que j'ai horreur de dormir dans des draps, le contact d'un tissu en coton (ou en satin, j'ai essayé aussi, pour voir si c'était mieux) me glace les os et me piquote-grattouille horripiliment la peau et m'empêche de dormir tant la gêne physique et sensorielle est importante).
Je me tournai et me retournai, disais-je, je recalai 100 000 fois mon oreiller, m'enroulai-serré dans mon duvet... rien n'y fit. J'avais trop chaud. J'aurais dû baisser le chauffage avant de me coucher hier soir. Je m'adonnai à un jeu mental qui, d'ordinaire a des propritétés soporifiques. Cette fois-ci non seulement il fut inneficace mais il contribua à me réveiller encore davantage. L'envie de me lever me démangeait, mais 4h30 (oui, 30 minutes s'étaient écoulées au cours de mes tournages et retournages et tentatives de mental-jouages) c'était beaucoup trop tôt, je le savais. Je n'avais pas assez dormi pour pouvoir résister aux effets de la mélatonine que mon cerveau ne manquerait pas de secrèter dés l'apparition de la lumière naturelle.
Tant pis, me dis-je en allumant la lampe de chevet, trop faible pour faire mal aux yeux mais assez puissante pour éclairer les pages d'un livre. Et je me mis à lire. Au bout de quelques instants je commençai à somnoler, je fermai mon livre et m'abandonnai à la douce torpeur qui gagnait mon corps et mon cerveau. Je m'assoupis même pendant quelques instants peuplés de rêves étranges et effrayants (je ne vous les raconterai pas parce qu'il y a des scénes vraiment gore ! Blouarkkkk !) Lorsque je me réveillai pour de bon à nouveau, il était 5h30.
Bon, me suis-je dit, c'est une heure normale pour se lever. Allez, on y va. Tadaaaa ! Le temps de me débarrasser des dernières images de mon rêve glauque et du sentiment d'angoisse perplexe dans lequel il m'avait plongée, et je fus debout... à 5h48 précisément (je le sais car je note désormais systématiquement, dans un bloc-notes posé à mon chevet, les heures auxquelles je me couche et les heures auxquelles je me lève).
Je glissai un CD-compil de mes slows préférés dans le lecteur avec le volume très bas, à peine audible pour ne pas déranger ma voisine et pour ne pas agresser mes petites oreilles sensibles encore pleines de silence, je préparai mon petit-déjeuner (j'ai fait une expérience ce matin: j'ai mélangé une dosette de chicorée avec une cuillerée de chocolat blanc Suisse en poudre, résultat: un peu dégueu ! Mais je l'ai bu quand même).
Puis, rangement, ménage, douche.
Ah j'étais en forme dis donc ! Et j'avais même pas mal au dos, ni aux jambes, ni nulle part !
Et.... alors ça, ça mérite d'être noté: je n'ai pas eu une seule pensée noire, mon cerveau a oublié ce matin de faire tourner le carrousel infernal de mes malheurs et de mes souvenirs générateurs de chagrins écrasants qui habituellement me torpillent chaque sortie du lit ! C'est en ingurgitant ma mixture chicorée chocoblantisée que je m'en suis rendue compte, à ma grande joie.
J'accomplis un certain nombre de tâches ménagères dans la joie et la bonne humeur. Si si ! Je me suis même surprise à fredonner une de mes chansons préférées qui passait en sourdine dans le lecteur CD.
Je m'attendais à trouver le parking, les toits et les arbres couverts de neige, Monsieur le Marquis m'avait assurée, hier soir au téléphone, que la neige tomberait pendant la nuit, nous avions même projeté de nous rencontrer pour faire un bonhomme de neige et des batailles de boule de charbon, non de neige ! C'était pour voir si vous suiviez :D
La première chose que je fis donc en sautant hors de mon lit, fut de regarder dehors en me contorsionnant sous le store que je ne baisse jamais complètement parce que j'ai peur du noir, et que je ne voulais pas remonter ce matin (un samedi, jour où les autres résidants font la grasse matinée après une semaine de dur labeur) toujours par respect pour le sommeil de ma voisine, parce que le systéme électrique de baissage et montage de ce store produit un bruit à réveiller les morts, mais je disposais de suffisamment d'espace pour pouvoir balayer du regard le parking certes blanchi mais non pas de neige. C'était de la bête gelée. De neige point.
Bah, elle tombera peut-être au cours de la journée, me dis-je en mon for intérieur.
J'avais prévu de sortir en matinée, faire une longue marche à pied, histoire de m'oxygéner et de me dégourdir les guiboles.
Mais je me suis laissée happer par les tâches domestiques (pour une fois que j'avais le courage de m'attaquer au désordre qui me narguait depuis des semaines, j'en ai profité). J'ai rangé, lavé, frotté, rincé, lustré, faisant des pauses ordi entre deux valses home-cleaneuses... et la matinée passa sans que je m'en rende compte.
A midi je fis un repas très équilibré: une demie-tablette de chocolat et un verre d'eau ^^
A midi 30 (la neige promise n'était toujours pas au rendez-vous) je décidai de sortir de ma tanière, donc en toute logique, je m'installai devant mon ordinateur.
A chéplu quelle heure, je me mis à trier mes revues, magazines et BD. Le projet de longue marche à pied m'était complètement sortie de la tête. Lorsqu'elle refit à nouveau apparition dans mon cerveau hyper-actif et hyper-désordonné (note le splendide pléonasme !) je me rendis compte que mon corps lui n'était pas du tout du même avis que ma tête. "Sortir ! " criait mon corps. "Dormir !" Hurlait mon cerveau. A l'issue d'un rude combat dont mon cerveau sortit vainqueur, je m'allongeai sur mon lit, la tête posée sur Teddy et le corps enveloppé dans ma grosse couverture rose et à la fois moelleuseet lourde.Auparavant, je jetai un regard vers la fenêtre et constatai que le ciel était tout gris cotonneux, très bas, genre la neige est proche. Je m'endormis rapidement en pensant: "Quand je me réveillerai, tout sera blanc dehors, ce sera joli !"
Je programmai mon réveil (un seul cette fois-ci)pour qu'il sonne une heure plus tard. Il était 16h, je savais qu'une heure plus tard il ferait déjà nuit et que je pouvais tirer un trait sur l'un des bienfaits (vitamine D prodiguée par la lumière naturelle... oui, car le soleil est source de vitamine D même quand il ne brille pas, à condition qu'il fasse jour évidemment) de la promenade que je me promettais encore de faire mais qui me semblait plutôt hypothètique à présent.
Mon réveil a probablement sonné à 17 heures, mais je ne l'ai pas entendu. J'ai comaté jusqu'à 18h. Lorsque j'émergeai, la nuit était tombée (par contre, la neige non). Bah, tant pis, me dis-je pour me consoler d'être frustrée de la promenade dont j'avais tellement envie, ce ne sera pas la première fois que je passerai une journée enfermée dans ma tanière.
Au moins j'aurai récupéré le temps de sommeil qui m'a été lâchement volé cette nuit.
Bon, maintenant je vais sortir quand même.... pour descendre ma poubelle. Charmant comme promenade, n'est-ce pas ? :D Bon, on fait ce qu'on peut hein ! Et puis la poubelle il faut bien la descendre, et comme je suis la seule chose dotée de bras et de jambes vivants dans ce logis, il faut bien que je le fasse moi-même.
Après, je me préparerai un vrai dîner (mais je me laverai les mains auparavant, hein !) et je regarderai un DVD. Alice au pays des Merveilles. Vui.
Et pis je me couhcerai tôt. C'est bien parti, ce serait dommage de casser ce rythme non-inversé naissant.
Je sens que je vais avoir du mal pendant quelque temps à faire des nuits complètes, mais je garde espoir. S'il faut passer par une phase intermédiaire constituée de petites nuits complétées par de petites (heu, grosses siestes diurnes) tant pis, je ne travaille pas, je peux me le permettre. A la finale, peut-être que mon cerveau se ré-éduquera tout seul, même si cela doit prendre plusieurs mois je m'accroche à cet espoir.
Et si je réussis, je m'attaquerai à un autre objectif: Cesser de fumer.
Yeah !
1. JohnMarcel le 18-12-2010 à 19:24:49 (Web)
On dirait que certains passages de nos textes respectifs se rejoignent...
Ca veut dire que nous ne sommes pas seuls !
Ou que tous les solitaires sont les mêmes...
2. automne le 18-12-2010 à 20:53:29 (Web)
@ JohnMarcel: ça fait très longtemps (une éternité !) que j'ai constaté plusieurs similitudes entre moi et moi, et pas seulement en termes d'écrits bloggesques.
J'sais pas si tu as écrit quelque chose aujourd'hui, je ne suis pas allée sur ton blog, j'y suis allée hier et comme chaque jour, depuis ton dernier article j'ai été triste (et, je l'avoue, un peu inquiète) de voir que ça faisait un bail que tu n'écrivais plus.
Alors très contente de te lire aujourd'hui je suis !
J'sais pas si on n'est pas seuls.
J'sais pas si tous les solitaires sont les mêmes.
J'sais rien.
J'ai faim. Et ça c'est une bonne nouvelle ! C'est pas souvent que je ressens la sensation de faim.
Robizoux à toi cher JM
3. automne le 18-12-2010 à 20:56:47 (Web)
Finalement, après avoir promené ma poubelle jusqu'aux containers, je suis allée à la salle de sport et j'ai fait 1/2 heure de vélo. Youpi ! Chui contente !
J'ai pu me dégourdir les papattes, ça fait du bien !
Mainnan je vais manger. Punaise qu'est-ce que j'ai faim ! C'est dingue ça, kesski m'arrive ?
4. tinadp le 19-12-2010 à 13:13:13
J'ai un ongle incarné et 3 sacs à poubelle à descendre
Sinon, j'ai sauté les objectifs, j'suis envahie par les poubelles, je dors 4 h par jour et j'suis allée direct à arrêter de fumer : c'est un truc de maso ! (je cherche un smiley qui se tape la tête contre un mur pour illuster mon propos)
5. automne le 19-12-2010 à 13:28:42 (Web)
Tinadp, tiens, voilà ton smiley ma chérie
Whoooh p'taingue ! Un ongle incarné, ça fait ach'ment mal ! Ca m'arrive souvent, paske j'ai la mauvaise habitude de couper trop court les ongles de mes n'orteils, et je les désincarne moi-même (maso aussi, moi).
Rozouzou à toi
6. automne le 19-12-2010 à 13:40:02 (Web)
Oh non ! Je viens de relire ma réponse au commentaire de JohnMarcel et que vois-je ? Une belle faute de frappe, mais alors monumentale ! The big lapsus révélateur de mon egocentrisme incurable autant qu'incommensurable (ça s'écrit comme ça ?)... j'ai écrit "similitudes entre "moi" et "moi"" !!!! Je voulais bien sûr dire: "entre TOI et moi".
J'ai honte
7. tinadp le 20-12-2010 à 02:02:09
C'est non-teux ! et comment surable ?
J'vais tenter une sortie-poubelle aujourd'hui, souhaite moi bonne chance !
... il manque une section "Derniers commentaires" dans la colonne de rubriques.
Tss tsss... lacune presque imapardonnable.
Ou alors j'ai mal exploré le Back office, mais ça m'étonnerait.
Non mais sinon, j'aime bien VefBlog. J'aime beaucoup même.
1. automne le 24-12-2010 à 03:04:12 (Web)
En fait, j'avions mal exploré. Il existe bel et bien une rubrique "Derniers commentaires".
Pour trouver le lien, il faut cliquer sur ma photo dans la colonne de droite, sous le nom de mon blog (je vais les rendre tous fous avec ce blog nommé "Ceci n'est pas un blog" ^^)
Si je croyais en Dieu, je dirais qu'il s'foutd'magoul !
Quand j'étais enfant, je n'avais besoin de personne. Je me suffisais à moi-même, j'étais heureuse dans ma solitude. Ma bulle était emplie de rêves merveilleux, d'amis imaginaires, j'étais tranquille isolée du monde extérieur. Ma vie intérieure était incroyablement riche, je n'avais même pas besoin de jouets pour m'amuser: la nature m'offrait un spectacle permanent, fascinant qui me procurait des plaisirs infinis.
Je pouvais rester des heures allongée sur l'herbe à contempler les nuages, à m'amuser de leurs formes dns lesquelles je voyais des animaux, des monstres, des paysages fantastiques, des tas de choses étonnantes.
Ou assise sur la plage à admirer les vagues, écouter les bruits de la mer, contempler l'horizon et me demander ce qu'il y avait là-bas derrière cette ligne bleue.
Ou debout dans un champ à contempler les blés qui ondulaient au gré du vent... ce mouvement me faisait penser à la mer, j'étais face à une mer végétale, c'était splendide et ce tableau vivant me procurait un plaisir sensoriel et des émotions tellement intenses qu'il m'est impossible de les traduire en mots.
Ou assise sur le sol de la maison, devant la porte entre-baillée, contemplant, emmerveillée, les particules de poussière qui scintillaient en dansant dans un rayon de soleil... quel bonheur ! Ces minuscules grains de poussière multicolores et lumineux, en mouvement perpétuel, que j'essayais en vain d'attrapper entre mes mains, constituaient un spectacle ennivrant.
Je passais aussi des heures enfermée dans le placard où ma mère avait rangé mon berceau de bébé. Un vrai berceau en bois, à l'ancienne. Je m'enfermais dans ce placard pour me bercer des heures durant dans ce qui avait été mon premier couchage et auquel j'étais extrêmement attachée.
Parfois je me contentais de m'allonger ou m'assoir dans mon berceau et de le faire se mouvoir en me balançant d'avant en arrière en position assise, ou en faisant rouler mon corps d'un côté à l'autre en position allongée, comme quand j'étais bébé.
D'autres fois, je m'amusais à imaginer que mon berceau était un bateau, et que je voguais sur les flots, en navigateur solitaire (j'écris au masculin, parce que quand j'étais petite j'étais un garçon... enfin, je croyais que j'étais un garçon :) ) Je faisais semblant de ramer, parfois j'affontais des tempêtes, je vivais des aventures extraordinaires dans mon embarcation imaginaire.
Mes aventures placard-berceautesques se terminaient invariablement de la même façon: ma mère faisait irruption dans le placard en criant: "Tu es encore enfermée là-dedans !!! Ca suffit ! Sors de là ! Va jouer dehors comme les enfants normaux ! Et fais un effort pour aller avec d'autres enfants, c'est pas normal de jouer tout le temps toute seule ! Allez ! Sors de là !"
Je hurlais et pleurais: "NOOOOOOOOOOOOONNN !!!!! NOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNN !!!!"
Ma mère tentait de m'arracher de mon berceau, auquel je me cramponnais de toutes mes forces. Elle était plus forte que moi (j'avais moins de 7 ans, puisque j'avais 7 ans quand ma mère m'a abandonnée et que par la même occasion j'ai dû quitter la maison et tous les objets auxquels j'étais attachée) et finissait toujours par gagner, bien sûr. Elle soulevait dans ses bras la chose hurlante, gesticulante et inondée de larmes que j'étais, et la jetait dehors comme on aurait lancé une balle à une bande de gamins, en criant: "Va jouer dehors !"
En été, ma mère m'envoyait en vacances dans une ferme, dans une splendide région montagneuse du nord du Portugal. J'adorais cet endroit dont je connaissais chaque arbre, chaque pierre. A ce propos, pour moi les arbres étaient des êtres vivants. Je les aimais infiniment, et ils m'aimaient aussi, je ressentais leur vie, je communiquais avec eux: je caressais et étreignais leur tronc, je leur parlais et je les "entendais" me répondre (le verbe "entendre" est employé abusivement ici, car en réalité ce n'est pas avec mes oreilles que je percevais le langage des arbres, mais avec mon corps. C'était un langage muet, et mes conversations avec les arbres étaient silencieuses).
Je pouvais m'éloigner de la ferme toute seule, sans craindre ni risquer de me perdre: je retrouvais toujours mon chemin sans aucune difficulté: les arbres, mais aussi les grosses pierres qui se trouvaient de-ci de-là,me servaient de repères. Chaque arbre avait sa personnalité propre, et je ne manquais jamais de les saluer lorsque je passais devant eux.
Les grosses pierres aussi avaient une personnalité, mais je ne leur parlais pas, elles n'étaient pas aussi sympathiques que les arbres, sans être menaçantes pour autant, elles étaient simplement mutiques et n'aimaient pas converser avec moi. Alors je me contentais de les saluer poliment, sans plus, et sans me formaliser du fait qu'elles ne me répondent pas, contrairement aux arbres qui étaient toujours heureux de me voir et me répondaient joyeusement.
L'un de ces arbres était mon préféré, il était vieux, sage, très haut et extrêmement corpulent. Il veillait sur moi, c'était lui qui m'annonçait que j'approchais de la ferme, lorsque je revenais d'une longue promenade solitaire.Ses énormes racines sortantde la terre était mon ultime repère, je savais qu'il me suffisait de les enjamber, de contourner mon ami les gros arbre pour apercevoir la ferme qui se trouvait à quelques mètres de là. Ces racines marquaient la fin de ma promenade et mon retour vers les humains, je ressentais donc toujours une profonde tristesse mêlée à un sentiment de joie, lorque je repassais devant le gros arbre.
Tristesse parce que le retour à la ferme en fin de journée annonçait une soirée mélancolique parmi les humains qui au mieux me traitaient avec indifférence (et comme un animal, à vrai dire, puisque bien souvent ils me donnaient à manger dans une écuelle semblable à celle des chiens, sur le seuil de la porte), au pire ils me maltraitaient. C'était surtout l'un des garçons de la maison, celui qui avait le même âge que moi (je crois que c'était mon cousin.... d'ailleurs cette ferme apartennait à la famille de ma mère mais je n'ai jamais su quel degré de parenté j'avais avec ces gens, je ne comprenais rien à ces choses-là à cette époque... pour moi c'étaient des êtres humains, donc des choses étranges, bruyantes, imprévisibles, effrayantes, hostiles et souvent brutales, point).
Joie parce que j'étais heureuse de retrouver "mon arbre" avant de rentrer à la ferme, et parce que j'éprouvais une immense gratitude à son égard. Avant de le contourner pour rejoindre les humains, je caressais son tronc et je lui disais: "Merci de m'avoir guidée comme tu le fais toujours. Grâce à toi je ne me perds jamais. Passe une bonne nuit mon ami. A demain. Je t'aime."
Mes vacances à la ferme étaient une source de joies et de bonheurs de toutes sortes, absolument jouissifs !
Il y avait le coucou (l'oiseau) que j'entendais chaque jour au loin. Je croyais qu'il m'appelait. Alors je lui répondais: "Coucou !" Il me répondait "Coucou !" Et cela pouvait durer des heures. Parfois un des humains passant par là me disait "Arrête ! Tu es pénible !" ou disait à un autre humain "Cette gamine est vraiment folle !" Mais ils pouvaient bein dire ce qu'ils voulaient, je m'en fichais royalement.
Il y avait les petites collines, que je dévalais allongée sur le côté, en roulant sur moi-même, et en riant aux éclats. C'était un de mes jeux favoris, et un de ceux que le garçon de mon âge voulait toujours partager avec moi.
J'avais une obsession: j'étais persuadée que si je montais jusqu'au sommet de la plus haute colline, je pourrais toucher le ciel. Je voulais absolument toucher le ciel.
Alors, régulièrement, je grimpais jusque tout en haut de la colline (l'ascension durait presque un après-midi entier), arrivée au sommet je tendais les bras aussi haut que je le pouvais, et je pleurais: "Je n'arrive pas à toucher le ciel !"
Le garçon de mon âge et probablement cousin (je ne me souviens même pas de son prénom) m'accompagnait quelquefois. Lui aussi il voulait toucher le ciel. A chaque fois nous redescendiosn déçus, en nous demandant comment nous pourrions faire pour parvenir à toucher le ciel.
Un jour j'ai eu une idée lumineuse. Les adultes utilisaient des gaules (qui du haut de mes 4, 5 ou 6 ans.... la dernière fois que j'ai été dans cette ferme, j'avais 7 ans, après que ma mère m'ait abandonnée, c'est d'ailleurs là que j'ai appris que j'avais été abandonnée par ma mère, mais c'est une autre histoire... que je raconterai peut-être une prochaine fois) gaules qui, disais-je, me paraissaient d'une longueur infinie. J'ai réussi à convaincre mon comparse de m'aider à piquer deux de ces gaules, une pour lui et une pour moi, en lui affirmant qu'avec ces instruments nous parviendrions enfin à coup sûr à toucher le ciel.
Nous avons donc chipé chacun une gaule. Elles étaient lourdes pour nos petits bras et difficiles à transporter, nous les avons trainées derrière nous jusqu'au pied de la colline.
L'ascension fut longue, difficile et décourageante, encombrés que nous étions de nos longues et lourdes perches de bois. A mi-chemin, le garçon a déclaré forfait "Je redescends, c'est trop dur ! On n'arrivera jamais jusqu'en haut !" Je lui répondis: "Fais comme tu veux, moi je continue. Et moi je toucherai le ciel, et pas toi !" Il a dû être vexé, car il a chagé d'avis et a continué à cheminer à mes côtés en gromellant.
Nous avons réussi à atteindre le sommet de la colline. Une autre difficulté nous attendait: comment parvenir à hisser au-dessus de nos têtes ces longues gaules, à la fois lourdes et souples ? Nous nous sommes aidés l'un l'autre à tour de rôle, chacun soutenant les bras de l'autre pendant que ce dernier tenait fermement une gaule.
J'ai essayé la première. Et j'ai pleuré: "La gaule ne touche pas le ciel !!!"
Mon compagnon a décrété: "A mon tour. Comme je suis plus grand que toi, j'y arriverai."
Pleine d'espoir, je l'aidai à élever le plus haut possible la gaule au-dessus de sa tête. "Alors, tu touches le ciel ?" lui demandai-je. "Non !" me répondit-il en faisant la moue.
Nous avons redescendu tristement la colline en trainant nos gaules derrière nous.
Un adulte nous attendait en bas et nous a demandés ce que nous fichions avec ces gaules. Nous lui avons expliqué que nous voulions toucher le ciel, mais que nous n'y étions pas arrivés.
L'adulte (je crois que c'était le père du garçon-qui-était-probablement-mon-cousin) nous a dit: "Abandonnez votre projet les gamins. Personne ne peut toucher le ciel."
Moi: "Ben, vous vous êtes grand, vous pouvez toucher le ciel !"
L'homme: "Non, même moi je ne suis pas assez grand. Le ciel est beaucoup trop haut, même un géant ne pourrait pas l'atteindre. Allez, c'est pas grave, trouvez un autre jeu."
Moi: "Mais si, c'est grave ! Et c'est pas un jeu, je veux toucher le ciel."
Il nous a tourné le dos et s'est éloigné en parlant tout seul, je n'ai pas compris ce qu'il a dit, à l'exception d'un mot:"folle".
A côté de la ferme il y avait une vieille grange encombrée de toutes sortes d'outils, charrettes, matériaux et autres diverses choses que personne n'utilisait plus depuis longtemps.
Cette grange était sombre et remplie de toiles d'araignées. Avec le garçon, nous aimions explorer ce lieu qui était à mes yeux une véritable caverne d'Ali Baba. Nous y trouvions souvent des chenilles, que je prenais entre mes doigts pour les observer attentivement et pour leur parler. Le garçon m'a dit une fois: "C'est vrai que tu es folle. Tu parles aux chenilles. C'est idiot, elles ne peuvent pas t'entendre ni te répondre !"
Ce à quoi je répondis: "Si, elles m'entendent ! Et eles me répondent ! Regarde, je vais poser une question à cette chenille, et elle va bouger la tête pour me dire si la réponse est "oui" ou "non".' Je posai une question à la chenille, elle hocha la tête d'avant en arrière. "Alors, tu vois bien ! Elle a répondu "Oui" !"
Ce soir-là, à la table familiale (à laquelle je n'étais pas conviée puisque je mangeais toujours à part, soit sur le seuil de la maison comme un chien, ainsi que je l'ai écrit plus haut, soit dans un coin de la salle, assise sue un petit tabouret et mon assiette posée sur le siège d'une chaise recouvert d'un torchon) "Helena, elle est pas folle comme vous dites. C'est une magicienne ! Elle sait parler aux chenilles. Elle leur pose une question, et les chenilles lui répondent."
Un adulte a répondu quelque chose du genre: "Il faut qu'on se débarrasse rapidement de cette gamine. Non seulement elle est folle, mais en plus elle rend nos enfants cinglés. Si ça continue le petit va devenir comme elle !"
A part les activités dont je viens de parler, j'adorais aussi lire ou dessiner toute seule dans un coin.
La lecture était ma principale passion. Autour de moi, les adultes disaient que je m'usais les yeux et que j'allais m'abîmer le cerveau à force de lire autant. Il n'était pas rare que l'un d'exu m'arrache mon livre des mains en disant: "Ca suffit, tu es bien assez folle comme ça !"
Ma mère, issue d'un milieu modeste où personne ne lisait, fille d'agriculteurs placée à l'âge de 9 ans comme servante dans une famille bourgeoise, n'ayant jamais fréquenté d'intellectuels, était très impressionnée par mon intelligence, ma culture étonnante pour mon âge, ma curiosité intellectuelle, ma soif de connaissances, mes aptitudes innées et ma passion pour les chiffres, les sciences et tout ce qui était d'ordre intellectuel (j'étais alors considérée comme une enfant surdouée)sans parler de mon talent inouï pour le dessin, était extrêmement impressionnée par l'étrange enfant que j'étais. Elle disait constamment que j'étais trop intelligente et que cela finirait par me rendre folle.
Toutes les autres grandes personnes de notre entourage disaient la même chose que ma mère. Certains avaient peur de moi.
Moi je ne comprenais pas ces adultes qui me traitaient tantôt de génie tantôt de folle.
J'empruntais des livres à la bibiothèque municipale, le bibliothécaire me connaissait très bien, il disait que j'étais son petit rat de bibliothèque. Il me disait invariablement, quand que venais rendre les livres empruntés la fois précédente: "Déjà ?!!! Tu lis pas les livres, tu les dévores !"
Un jour où je venais rapporter les livres et en emprunter des nouveaux, le bibliothécaire m'a dit:
"Ah ! Mon petit rat de bibliothèque, j'ai une mauvaise nouvelle pour toi. Tu as épuisé tous les livres de l'établissement. Je n'ai plus rien à te proposer que tu n'aies déjà lu."
Moi, regardant autour de moi et désignant les nombreuses étagères:
"Mais vous dites n'importe quoi ! Il y a là des centaines de livres que je n'ai encore jamais lus ! J'ai de la lecture pour des années dans toutes ces étagères !"
"Ah mais non ! Ca ce sont des livres pour adultes. Tu es trop petite pour les lire. Moi je ne suis autorisé qu'à te prêter des livres destinés aux enfants, et tu as lu tous ceux dont la bibliothèque dispose."
Moi: "Mais c'est pas juste ! Je suis capable de lire des livres pour adultes. J'en lis chez mes grand-parents."
Le bibliothécaire: "Je n'en doute pas. Et je serais ravi de te laisser accéder aux rayonnages destinés aux adultes, mais je n'en n'ai pas le droit. C'est la loi, je n'y peux rien."
Je me suis mise à pleurer en disant: "C'est pas juste ! Qu'est-ce que je vais lire, moi maintenant ?"
J'avais inventé un jeu quand j'étais encore plus petite. Je devais être vraiment toute-petite car c'était du temps où mes grands-parents me posaient sur uen couverture étendue sur le sol et couverte de jouets pour bébé. Sur cette couverture, je m'imaginais sur un radeau. Les jouets éparpillés autour de moi représentaient des vivres. Mon radeau flottait sur des vagues imaginaires, et comme dans mon berceau enfermé dans le placard chez ma mère, je vivais là des aventures marines absolument fantastiques. Je devais affronter des requins, des pieuvres et toutes sortes de monstres marins.... je crevais de chaud, de faim, de soif, la nuit je trembalis de froid.... et les jours passaient sans que jamais je n'aperçoive la terre. Mais je ne perdais jamais espoir, je savais que tôt ou tard je serais sauvée.
Le parquet autour de la couverture était un océan infini et mouvementé.
Naufragé solitaire était un de mes jeux préférés. Mais tous les jeux et toutes les activités que j'aimais étaient solitaires. Je ne me sentais parfaitement heureuse que toute seule.
Si d'aventure je recevais la consigne de jouer avec un ou plusieurs autres enfants (ce qui arrivait de temps à autre, les jours où ma mère avait une crise de "je-dois-civiliser-ma-fille" et m'obligeait sous peine de punition terrible, à jouer avec les enfants des voisins), il fallait impérativement que je dirige les jeux. Et à chaque fois cela se terminait mal car soit je ne voulais jouer qu'à la maitresse d'école (et la maitresse c'était moi, obligatoirement) soit j'inventais des jeux avec des régles inventées aussi par moi-même qui étaient réellement trop pénibles pour mes compagnons, et de surcroït j'étais despotique: lorsqu'un enfant se rebiffait parce qu'il trouvait les régles du jeu trop dures ou stupides, ou lorsqu'un joueur ne parvenait pas à faire ce que je voulais qu'il fasse, j'entrais dans des crises de rage épouvantables.
Pour ce qui concerne le jeu de "la maitresse d'école", c'était frustant à la fois pour les autres enfants et pour moi-même. Pour les autres enfants parce que je leur imposais des exercices qui étaient très largement au-dessus de leurs capacités, pour moi parce que je me nsentais incomprise et que je me demandais pourquoi des enfants de mon âge et même des plus vieux ne savaient pas faire des choses que je trouvais amusantes et extrêmement simples (par exemple des exercices de calcul, des multplications, des additions, des exercices de conjugaison et de grammaire, etc.)
Les jeux étaient vite interrompus par des cris, des larmeset des disputes. Et systématiquement les autres enfants me disaient: "T'es pas drôle ! Tu sais pas jouer ! T'es trop sérieuse ! On veut plus jouer avec toi !" avant de partir jouer entre eux, me laissant seule et en pleurs.
Puis ma mère intervenait et me disait: "Mais fais un effort ! Tu vois bien que les enfants de ton âge ne peuvent pas faire les mêmes choses que toi ! Apprends à jouer comme les autres, intéresse-toi à leurs jeux. Arrête d'embêter tout le monde !"
Et elle aussi disait que j'étais trop sèrieuse, que je ne savais pas jouer.
Parfois je faisais un effort, car je voulais être gentille et je n'aimais pas faire de la peine aux autres enfants. Pour me racheter après leur avoir infligé une de mes crises de rage, je m'approchais d'un groupe de filles en disant: "D'accord, je veux bien essayer de jouer comme vous."
Alors elles m'acceptaient dans leurs jeux, mais je m'ennuyais vite en leur compagnie. Je ne comprenais rien à leurs activités ludiques. Parmi leurs jeux aussi étranges les uns que les autres (à mes yeux d'enfant autiste, je précise) ceux que je trouvais les plus incompréhensibles étaient la dînette et jouer à la poupée.
La première fois qu'un groupe de filles m'a invitée à jouer à la dînette, j'ai été sidérée: les filles étaient assises autour d'une table sur laquelle étaient disposés de la vaisselle et des couverts miniature en plastique. Bon, jusque-là cela allait: ces petits objets me plaisaient beaucoup: jolis, de couleurs et de textures agréables. Mais ce qui était vraiment bizarre, c'était que dans les assiettes il y avait de la terre, des brins d'herbe, des feuilles de rosiers, des brindilles de bois. Et les pichets contenaient un liquide mystérieux.
Je me suis dit: "Ces filles ne sont pas normales" mais je me suis assise à la place que l'une d'elles m'a indiquée et j'ai commencé à manger... de la terre ! Que j'ai recrachée aussitôt, dégoûtée. Les filles ont éclaté de rire. Moi, fâchée: "C'est pas drôle ! Vous êtes vraiment bêtes de manger des choses non comestibles !"
"Mais on ne les mange pas ! On fait semblant !"
Moi: "Fait semblant ?"
La fille: "Mais oui ! On joue. C'est pas pour de vrai ! Il faut faire semblant de manger et de boire."
Moi: "Ah bon ! Mais comment vous faites ?"
"Regarde-nous, tu vas comprendre."
Je ne savais pas faire semblant. Alors je les ai observées, et j'ai trouvé ce jeu parfaitement ennuyeux. Cela n'avait pas de sens moi. Je ne voyais pas l'utilité de faire semblant de manger de la terre, des bouts de bois et des feuilles.
Quant aux poupées, c'était de la science-fiction, pour moi. Je ne voyais vraiment pas l'intérêt de jouer avec ces choses-là, d'ailleurs je ne savais pas quoi faire d'une poupée.
Intriguée, je regardais les filles habiller leurs poupées, leur faire essayer plusieurs tenues, les coiffer... et même elles parlaient à leurs poupées. Moi aussi j'avais des poupées, mais je n'avais jamais compris à quoi ça servait, et je n'avais aps du tout envie de jouer comme ça, je ne trouvais rien d'amusant dans le fait d'habiller et coiffer une poupée. A fortiori dans le fait de lui parler, moi qui avais tant de mal à prononcer une phrase, ou même un mot, et qui ne parlais que lorsque c'était absolument nécessaire.
Par contre, j'aimais fabriquer des poussettes en carton pour promener les poupées. Ca au moins, cela avait du sens, je créais un objet, même si l'usage auquel il était destiné ma paraissait absurde.
A part les activités que j'ai mentionnées plus haut, j'adorais plus que tout regarder des objets tourner, faire tourner des choses, tourbillonner sur moi-même jusqu'à tomber par terre complètement ivre et sans forces.
J'adorais aussi me balancer. Je me balançais tout le temps, en tous lieux et en toutes circonstances.
Bon, mon article est déjà bien long, et je n'ai pas abordé le sujet dont je voulais parler.
Il fera l'objet de ma prochaine publication.
1. tinadp le 22-12-2010 à 05:51:55
L'intelligence et la lecture rendent fou, c'est un grand classique Léna, voyons ! (ironie inside je précise)
Oui, de nombreux enfants (dont moi) entendent ce genre de propos (de moins en moins cependant), également les termes "fou/folle" et dérivés ou synonymes si d'aventure ils ont une petite différence. Et je ne parle même pas des termes "débile, nul" et autres joyeusetés, violences verbales toujours en cours avec une grand fréquence et une grande banalisation dans les écoles, les clubs de loisirs .... et les familles, bien entendu !
Merci pour ce témoignage (dont je suppose qu'il aura une suite) très représentatif de la réalité
2. patricesonneck le 23-12-2010 à 14:45:22 (Web)
Ailleurs, tu termines un commentaire d'une de tes photos par les mots : "Quand je ne suis pas stimulée ou auto-stimulée, je ne suis rien ni personne. Je n'existe pas."
Ca vous fait peur ?
Je me suis reconnu.
Moi aussi je pourrais avoir écrit ces mots tant la distance entre moi et les autres est immense.
Je te réponds, non cela ne me fais pas peur.
Hier je suis sortie de ma tanière et de ma cambrousse pour prendre le bus et aller faire des courses au supermarché le plus proche (enfin... le moins loin, quoi), en ville.
Quand je suis sortie du supermarché, il était 19h00, il faisait nuit noire, un froid de canard (pourquoi on dit un froid de canard ? Je me suis toujours posé cette question) et il neigeait.
Une petite épaisseur de neige couvrait déjà le sol du parking, et une chute dense de gros flocons m'a vite couverte d'une couche de neige.
Habituellement, je prends un raccourci pour rejoindre le trottoir qui mène vers l'abribus le plus proche, m'évitant ainsi de longer dangereusement la station d'essence d'où surgissent constamment des files de voitures conduites par des gens pressés, peu attentifs et peu aimables envers les piétons. Ce que j'appelle un raccourci est en fait une large bande de terre qui ressemble un peu à un mini-terrain vague, envahie d'herbes sauvages, bordée par une rangée de pierres du côté parking et d'une barrière du côté trottoir. Une sorte de petit chemin qui s'est créé avec le temps sous les pieds des gens qui, comme moi, ont l'habitude de traverser cet espace pour rejoindre le trottoir facilement, rapidement et en toute sécurité relie un petit passage entre deux des pierres d'un côté et dans la barrière de l'autre côté.
Mais hier soir, c'était chose inenvisageable: la neige recouvrait tout, je n'avais plus de repères, impossible de retrouver le petit passage entre les pierres... de plus une sorte de fossé rempli d'eau (glacée, sans aucun doute) s'était créé (je me demande bien comment, d'ailleurs) entre la fin du parking et la zone mini-terrain vague, et constituait un obstacle infranchissable.
Je me résolus donc à longer la station d'essence, mais craignant de me faire écraser par un automobiliste désorienté par la mini-tempête de neige, je décidai de marcher sur ce qui est en temps normal un parterre couvert de fleurs. J'étais trempée et glacée, mes doigts étaient engourdis malgré mes moufles. Déséquilibrée par les deux gros sacs extrêmement lourds que je portais dans chaque main (j'avais fait de grosses provisons car cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas été au ravitaillement et que je n'avais quasiment plus rien "à la maison", aveuglée par les gros flocons qui en tombant dru formaient un rideau devant mes yeux, je craignais de glisser et de chuter sur le sol recouvert de neige dure et déjà un peu gelée, alors j'avançais à tout petits pas, comme une vieillarde, le dos courbé et la tête baissée pour protéger autant que possible mes lunettes sans lesquelles je suis presque aveugle. Je redoute la pluie et la neige rien qu'à cause de mes lunettes: quand les verres sont mouillés ou couverts de buée, je ne peux pas voir à travers, évidemment. Mais si je retire mes lunettes, c'est pire que tout, là je ne vois plus rien à 15 centimètres. Je suis réellement handicapée par ma forte myopie. Et hier soir, cela a compliqué ma marchedéjà bien périlleuse.
Tout à coup, une voiture s'est arrêtée à ma hauteur. Un couple relativement âgé se trouvait à l'intérieur, la dame a baissé sa vitre côté passager et m'a demandé: "Voulez-vous qu'on vous dépose quelque part ?" Je lui ai répondu: "Non non, merci. C'est très gentil, mais je vais juste à l'arrêt de bus à quelques mètres d'ici, ne vous dérangez pas pour moi."
La dame a insisté: "Vous êtes sûre que ça va aller ? On peut vous emmener chez vous, ça ne nous dérange pas." Moi: "Non, non, je vous assure, dés que j'aurai atteint l'abribus, tout ira bien. Merci beaucoup."
Elle a répondu: "C'est comme vous voulez. Vous savez, pour nous ce n'est pas un probléme de vous emmener jusque chez vous."
Si j'avais su ce qui m'attendait, j'aurais accepté... quoique, je suppose que ce couple pensait que j'habitais en ville, et qu'ils auraient regretté leur proposition si je leur avais dit où j'habitais, ils ne pensaient peut-être pas qu'ils devraient faire un si long trajet, et peut-être même se seraient-ils perdus (ce secteur est inconnu de presque tout le monde, même des chauffeurs de taxis, et moi je suis totalement incapable de guider quelqu'un, je ne connais d'ailleurs pas encore moi-même l'itinéraire pour me rendre dans ma maison de zombies, je sais aller d'ici à pied (oui, je l'ai déjà fait 2 ou 3 fois, à pied et à vélo d'ici jusqu'au périphérique à proximité duquel se trouvent plusieurs lignes de bus et la ligne de tram qui nous emméne au centre-ville), des jours où j'étais en forme et courageuse, mais il faut éviter car ce secteur est dangereux pour une femme seule, ou simplement pour une personne en mauvaise santé: il n'y a pas âme qui vive sur plusieurs kilomètres, si on est pris de malaise on peut mourir sur place avant que quelqu'un nous découvre, mais de plus, la totalité du secteur où je vis actuellement est plutôt mal famé, les mauvaises rencontres n'y sont pas rares.... bien que la zone dont je parle ne soit pas la plus dangereuse question mauvaises rencontres -les risques les plus importants se trouvent précisément dans les proches environs de l'établissement où je réside et dans le village le plus proche) mais je ne sais pas faire le chemin en sens inverse... c'est bizarre, je sais, mais c'est dû à mon problème de repérage spatial. Je n'ai pas encore réussi à faire le transfert mental, je veux dire à me faire une représentation mentale de l'itinéraire inversé. Quand je reviens de la ville, dés que j'atteins le périphérique, je suis complètement larguée ! Et je panique.
Revenons à hier soir. Je suis donc parvenue à atteindre l'abribus. Le prochain bus devait passer à 19h47, j'avais largement le temps. Un groupe de 3 ou 4 personnes attendait déjà. J'ai trouvé cela bizarre, car je vois très rarement quelqu'un à cet arrêt. Ces personnes ne parlaient pas français, leur langue semblait être roumaine ou tchèque.
A 19h15 un bus dans lequel se trouvaient quelques voyageurs mais qui portait l'inscription "Je ne prends pas de voyageurs" est passé. Bizarre, aucun bus ne devait passer à cette heure-là. J'ai fait un signe au chauffeur, mais il a fait "Non non" avec la main. Perplexe, j'ai regardé les personnes qui attendaient avec moi, l'une d'elles m'a dit "Non !" d'un air aussi étonné que moi.
J'ai alors pensé que le bus qui venait de passer était celui de 19h00, qu'il avait pris beaucoup de retard à cause de la neige, et que le chauffeur ne voulait pas se retarder davantage en prenant les voyageurs du service suivant.
J'ai continué à attendre en grelottant, j'étais glacée jusqu'aux os sous me vêtements trempés. Et la neige tombait toujours. J'ai regardé avec envie le bonnet fourré, équipé de protège-oreilles et d'une visière, que portait l'une des dames qui faisait partie du petit groupe qui attendait avec moi.
Soudain, une adolescente est venue rejoindre ce petit groupe, elle leur a prlé dans leur langue, mais tous sont partis en me laissant seule. Je me suis sentie triste tout à coup. J'aimais bien leur présence et leurs voix.
A peine quelques secondes plus tard, un monsieur s'est arrêté devant moi. Il m'a demandé, avec un accent Maghrébin, si le bus était passé. Je lui ai dit "Non, je l'attends."
"Ah bon, très bien", m'a t'il répondu.
Puis il a sorti un téléphone portable de sa poche et s'est mis à parler en arabe.
Ensuite, il a regardé sa montre et m'a dit: "Il est en retard !"
"Oui, lui ai-je répondu. Mais ce n'est pas étonnant, avec la neige, le trafic est très probablement perturbé. D'ailleurs j'ai vu passer un bus à 19h15 alors qu'il n'y en n'a pas à cette heure-là, et le chauffeur a refusé de s'arrêter, alors je pense qu'il était très en retard sur son horaire. Le notre le sera aussi, sans doute. Armons-nous de patience."
Puis nous nous sommes mis à parler de choses et d'autres. Nous étions en train de papoter ainsi lorsqu'une jeune fille s'est approchée de nous et nous a demandé: "Vous attendez le bus ?"
- "Oui" lui avons-nous répondu en choeur.
- "Oh ! Ce n'est pas la peine d'attendre plus longtemps, il ne passera pas."
- "Ah bon ? Pourquoi ?" avons-nous demandé presque en même temps.
La jeune fille nous alors expliqué: "A 18 heures tous les chauffeurs ont reçu l'ordre de cesser de circuler et de rentrer directement a dépôt. Les services de bus ne sont plus assurés, ne restez pas là, aucun bus ne passera plus ce soir. Seuls les tramways et le Busway sont autorisés à circuler."
- "Mais les trams et le BusWay ne desservent que la zone urbaine, alors, comment font les gens comme nous qui habitent à l'extérieur ?" a demandé le monsieur.
- "Je ne sais pas. Je suis désolée pour vous" a répondu la jeune fille avant de nous dire aurevoir et de s'en aller.
Mince alors ! Je ne pouvais pas envisager de faire tous ces kilomètres à pied, dans le froid et la neige, en pleine nuit, chargée de sacs que j'avais peine à porter, et alors qu'en plus je ne connaissais même pas le trajet, et que de surcroit la neige qui recouvrait tout me rendait l'environnement encore plus étranger que d'habitude, pour ne pas dire totalement inconnu.
Bon, j'ai assez d'argent sur moi pour prendre un taxi. Tant pis, il n'y a pas d'autre solution, pensai-je, pendant que le monsieur s'était remis à téléphoner dans sa langue.
Je sors mon téléphone et je compose le numéro de la compagnie de taxis. MEEEEEEEEEERDEEEEEEEEEEEE !!! Pas de réseau !!! J'ai poussé ce cri sans m'en rendre compte, et j'ai eu honte devant le monsieur qui me regardait et qui semblait choqué par ma grossiéreté et mon absence de self-control.
Je lui ai dit "Excusez-moi, ça m'a échappé. Mon téléphone ne fonctionne pas, il indique: "Pas de réseau."
"Ce n'est pas étonnant, avec la neige, certains opérateurs doivent avoir des problèmes ce soir" m'a t'il répondu calmement.
J'ai ré-essayé, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, à plusieurs minutes d'intervalle... toujours sans succés, toujours "Pas de réseau".
Je commençais à pleurer de rage, d'angoisse, de froid, d'épuisement.
Soudain mon téléphone s'est mis à sonner. C'était ma meilleure amie qui m'appelait. J'ai appuyé sur la touche pour répondre, en vain. Impossible de décrocher. Le téléphone sonnait, sonnait, sonnait, sonnait, et je n'arrivais pas à décrocher !Et je pleurais, je pleurais, je pleurais.
Le monsieur m'a dit:
-"Enlevez la batterie de votre téléphone, ça va au moins arrêter la sonnerie."
J'ai fait ce qu'il m' a dit, mais j'étais tellement stressée que je ne suis pas arrivée à remettre le capot du téléphone en place aprés avoir retiré et replacé la batterie. Le monsieur m'a gentiment aidée.
Puis j'ai rallumé mon téléphone et j'ai à nouveau composé le numéro de la compagnie de taxis.
Toujours pas de réseau.
J'ai dit au monsieur: "Votre téléphone fonctionne, voulez-vous appeler un taxi pour nous deux ? On partagera les frais. Ou même je paie la totalité de la course, je m'en fous parce que de toute façon, il faut que je prenne un taxi."- "Non, m'a t'il répondu, car j'ai appelé un ami, et il va venir me chercher."
- "Vous avez de la chance", lui ai-je dit en prenant une fois de plus conscience de mon immense solitude. Moi je n'ai personne pour venir me chercher quand je suis en difficulté.
J'ai bien trois amis à Nantes. Un qui aurait pu m'héberger pour la nuit, mais je ne pouvais pas aller chez lui car le secteur où il habite n'est pas desservi par les trams et comme les bus ne circulaient pas, c'était râpé. Et cet ami n'a pas de voiture, de plus il est en fauteuil roulant. Mon deuxième ami n'a pas de voiture non plus, et son quartier non plus n'est pas desservi par les trams, et de plus il n'a pas assez de place dans son logement pour recevoir quelqu'un même juste pour la nuit.
Mon troisième ami habite dans un secteur desservi par les trams, mais il n'a pas non plus de place chez lui pour acceuillir quelqu'un, par contre il a un véhicule, il aurait pu venir me chercher et me ramener chez moi. Mais mon téléphone ne fontionnait pas.
Et puis cet ami n'était peut-être pas à Nantes. C'est un globe-trotter, il passe plus de temps à l'étranger qu'en France, et quand il est en France il passe le plus clair de son temps en déplacements et séjours dans diverses régions. De plus,il y a quelques jours il m'a dit qu'il allait partir passer les fêtes de fin d'année dans sa famille, à plusieurs centaines de km de Nantes.
Tiens, je n'y ai pas pensé sur le moment, déboussolée que j'étais... j'y pense seulement maintenant, pourquoi le monsieur n'a t'il pas appelé un taxi pour moi ?
Je continuais d'essayer de faire fonctionner mon téléphone en vain.
- "Vous êtes chez Bouygues ?" m'a demandé le monsieur.
- "Oui".
- "C'est pas étonnant. Ils captent mal quand il y a des intempéries. Moi je suis chez Orange, et mes communications passent bien".
Je me suis alors rappelée que j'avais dans mon sac à main mon téléphone de secours équipé d'une carte Orange. Je l'ai alors sorti et j'ai composé le numéro de la compagnie de taxis. "Votre créduit est épuisé, veuillez recharger." Bon, je n'avais plus de crédit, mais au moins manifestement le téléphone captait bien le réseau. J'ai alors rechargé par carte bancaire.
Puis j'ai appelé la compagnie de taxis. Répondeur, 10 minutes d'attente (et les unités qui défilaient pendant ce temps) sur une mélodie horripilante. J'ai éteint mon téléphone, attendu une minute et j'ai re-essayé. Re-répondeur, avec cette maudite mélodie. Encore 10 minutes d'attente, encore des unités gaspillées. Grrrr !!
Au bout de 5 ou 6 tentatives, quelqu'un a enfin décroché. J'ai demandé un taxi, la personne m'a répondu: "Nous ne pouvons plus prendre aucune demande, nous sommes sursaturés. Et le trafic routier est perturbé par la neige."
Moi: "Mais moi je suis coincée à Nantes, j'ai froid, je suis trempée, les bus ne circulent plus, je dois rentrer chez moi à xxxx. S'il vous plait, essayez de trouver un chauffeur, je ne peux pas passer la nuit dehors par ce temps ! Je veux bien attendre une heure s'il le faut, mais envoyez-moi une voiture, s'il vous plait." Je pleurnichais comme un bébé.
-"N'insistez pas ! On ne peut rien pour vous !" m'a répondu sèchement la voix au bout du fil avant de me raccrocher au nez sans même me dire aurevoir.
J'ai regardé le monsieur qui avait écouté la conversation, et je lui ai dit: "Je craque !"
Il m'a simplement répondu: "Moi mon copain va bientôt arriver."
J'avais envie de lui dire "Arrêtez de me narguer !" mais au lieu de cela je me suis comportée comme quelqu'un qui est en train de se noyer sous le regard impassible d'un témoin et qui le supplie de lui lancer une bouée: "Est-ce que votre copain accepterait de me déposer ?"
Il m'a demandé où j'habitais exactement. Je le lui ai dit, il m'a répondu: "Ah, je connais bien ce secteur, j'y ai travaillé pendant quelques années. Mais mon copain ne connait pas, et ça lui fera faire un détour, car moi j'habite à xxxxx, ce n'est pas le même trajet. Nous on va passer par la route machinchose."
J'étais désespérée.
Tout à coup le monsieur me dit:
-"J'appelle mon copain et je lui demande s'il accepte de faire un détour et de vous déposer."
- "Oh ! C'est sympa ! Merci !"
Il compose un numéro et parle encore en arabe. Puis il raccroche et me dit:
- "Pas de problème. Mon copain a accepté. Il avait peur de se perdre mais je l'ai rassuré, je connais très bien le lieu où vous résidez, je le guiderai pendant le trajet".
Ouf.... !!!!! "Merci ! Merci ! Merci !" lui ai-je dit, toute contente.
Mais tout àa coup je me suis dit: "Hop là ! Attends Helena ! Tu vas monter dans une voiture avec deux mecs que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Il fait nuit, et ils vont t'emmener dans ton trou paumé, en passant par une zone dangereuse où, si l'envie les prenait de te violer et/ou te trucider, il n'y aura personne pour t'endre crier ni pour voir quoi que ce soit. Tu te mets en danger, là !"
J'ai commencé à flipper sèrieusement.
Puis, je me suis dit: "Bah, au point où j'en suis. Bof, advienne que pourra !"
Jen étais là de mes réflexions lorsu'une voiture s'est arrêtée devant l'abribus.
-"Voilà, c'est mon copain ! Nous sommes sauvés: Il est super sympa !"
Le monsieur a chargé mes sacs à provisions dans le coffre de la voiture et m'a ouvert la portière arrière pour que je prenne place. Le conducteur n'était pas seul, à côté de lui, sur le siège passager, se trouvait un monsieur un peu âgé qui ne s'est pas retourné et n'a pas prononcé un seul mot, ni quand nous sommes montés dans la voiture ni pendant le trajet.
Mon compagnon d'abribus a pris place à coté de moi sur la banquette arrière. Lui et le conducteur parlaient tantôt en arabe, tantôt en français. Le conducteur était très calme et roulait très prudemment.
J'étais tellement stressée que, pour une fois je parlais beaucoup, et pour ne rien dire d'intéressant en plus. Je disais "Merci" toutes les cinq minutes, j'ai dû les saouler, les pauvres... ils devaient avoir hâte de se débarrasser de moi.
Le conducteur m'a déposée devant la maison de zombies où je demeure. Super sympa !!!
Et il a refusé que je le dédommage, même quand je lui ai dit que si les taxis n'avaient pas été hors service j'en aurais pris un et qu'il me paraissait juste que je lui donne à lui la somme que j'aurais donnée au taxi.
Mon compagnon d'abribus est sorti de la voiture pour décharger mes sacs à provisons du coffre, j'ai encore remercié tout le monde, nous nous sommes dit aurevoir et j'ai filé dans ma tanière.
Ouuuuuuuuuf !!! Quelle aventure !!!! Quel bonheur de me retrouver dans mon petit nid douillet ! Je me suis empressée de retirer mes vêtements trempés, d'enfiler une tenue d'intérieur bien chaude et de m'envelopper dans ma couverture serrée. J'étais épuisée, je n'avais même pas la force de prendre une douche chaude comme je le fais lorsque je rentre glacée et trempée.
Dés que j'ai été réchauffée, j'ai allumé mon PC et j'ai regardé les prévisions météo ainsi que les infos de la compagnie de bus. Le site web annonçait que nous étions en alerte orange jusqu'au lendemain au minimum, et que les bus ne circuleraient pas le lendemain non plus (aujourd'hui, donc) mais je m'en foutais, j'avais fait les courses, j'ai de quoi tenir 3 ou 4 jours. Et j'avais prévu de passer la journée d'aujourd'hui au chaud, pour me remettre de mes émotions. C'est ce que j'ai fait.
1. risettedelasouris le 25-12-2010 à 19:27:17 (Web)
eh ben quelle Mesaventure superbement raconter ....Heureuse pour toi de savoir que tu es rentre chez toi sans problème mais c'est dingue de savoir qu'on peut se retrouver dans une telle situation avec personne pour nous aider ....
au sujet de l'espression un froid de canard comme toi je ne savais pas et je viens de rechercher sur le net ...regardes sur ce lien ...http://www.expressio.fr/expressions/un-froid-de-canard.php
Bien amicalement
2. automne le 26-12-2010 à 01:36:23 (Web)
Risettedelasouris, merci beaucoup pour le lien !
Je suis contente de savoir enfin d'où vient cette expression
Le pire c'est que je suis abonnée au site Expressio, lol, et que je le consulte assez souvent car les expressions françaises sont souvent mystérieuses pour moi, mais là je n'ai pas eu le réflexe Expression (la honte me couvre le front, lol).
(Et pauvres canards... snif :'( )
Bise de grenouille (j'ai pas trouvé de canard )
3. tinadp le 27-12-2010 à 13:12:00
Horrible, je crois que j'aurais été aussi désemparée que toi sinon plus, car j'ai perdu l'habitude de galérer comme ça !
Avec la neige, beaucoup se retrouvent coincés au milieu de nulle part, en voiture ou à pied, sans moyen de rentrer ni personne pour aller les chercher (que même si quelqu'un le voulait, y'a trop de mauvaises conditions météo pour pouvoir, j'ai failli me viander en voiture 10 fois pour aller chercher une cops bloquée à cause de la neige sur une route de campagne).
Et pas la peine de tel le 17 ou le 18, il sont dé-bor-dés !
Encore faut-il avoir un tél .... et en état de marche !
J'en frissonne retrospectivement : quelle aventure peut-on dire car elle se termine bien !
Oui mais .....
merci aux personnes solidaires dans cette galère !
Zouzous tremblants de trouille et reconnaissants qu'il ne te soit rien arrivé
Lorsqu'une porte se ferme, une autre s'ouvre.
C'est vrai. Cela s'est confirmé pour moi encore tout récemment.
Le plus difficile est de réussir à ne pas focaliser sur la porte fermée, ce que nous avons trop tendance à faire... ce que je faisais toujours, avant.
C'est tellement douloureux pour moi de voir une porte se refermer, surtout au moment où je m'y attends le moins, et pire encore: alors qu'elle vient à peine de s'ouvrir et que je suis pleine d'enthousiasme, de forces vives (spécial dédicace àune personne qui m'a fait ce coup tordu il y a quelques jours...) qu'habituellement je restais paralysée devant la porte close, incapable de penser à autre chose, incapable de regarder ailleurs, incapable de continuer à avancer... bloquée !
Pendant ce temps, une autre porte s'ouvrait, mais je ne la voyais pas.
Maintenant je ne focalise plus sur une porte qui se referme. Cela me fait toujours autant souffrir, mais au moins je vois la nouvelle porte qui s'ouvre. Cette dernière ne me fait pas oublier immédiatement la déception que je viens de subir, mais elle m'apporte une lumière et la force d'aller voir ailleurs (quand on m'a dit "va te faire voir ailleurs" ^^).
Je sais que cette nouvelle porte risque de se refermer aussi un jour... finalement, la vie ne serait-elle qu'une succession de portes qui s'ouvrent et se referment ?
En tout cas, ma vie à moi ressemble à ça.... tant pis, je fais avec... jusqu'au jour où je franchirai la dernière porte.
1. risettedelasouris le 25-12-2010 à 19:09:43 (Web)
Ces portes ouvertes t'ont certainement apporte quelques choses ...consideres peut être que si elles se referment c'est pour te faire avancer et le principal n'est il pas de trouver toujours une porte a ouvrir ??? ..Tu es de celles dont la vie emmene vers une multitudes de portes ..une seule je croyais m'aurait rendu heureuse mais apres reflexion j'ai compris que j'avais certainement un rôle a jouer dans tout ça et depuis les portes qui se ferment ne me font plus souffrir mais au contraire j'en retire toujours une leçon pour avancer d'un meilleur pas au jour le jour donnant le meilleur de moi a tous sans vouloir posseder personne ... un amour inconditionnel ......
j'aime tes ecrits qui sortent de ton Ame
Bien AMICALEMENT
2. automne le 26-12-2010 à 02:39:03 (Web)
@ Risettepetitesouris: Je faisais référence à une citation d'Helen Keller: "“Lorsqu'une porte du bonheur se ferme, une autre s'ouvre ; mais parfois on observe si longtemps celle qui est fermée qu'on ne voit pas celle qui vient de s'ouvrir à nous.” Helen Keller".
Vouloir posséder quelqu'un, ce n'est pas de l'amour, c'est de la possession (possessivité).
Enfermer quelqu'un dans une relation, c'est lui manquer de respect, en faire un prisonnier, bafouer son humanité.
Personne n'appartient à personne, et moi j'aime la liberté, je veux être libre et je souhaite que les personnes qui me côtoient se sentent libres à mes côtés.
Mais quand le moment est venu de fermer la porte, il faut savoir le faire avec respect aussi.
Parfois, un ami ou l'être aimé nous rejette, et nous restons paralysés de chagrin, à ressasser notre déception et notre rancoeur au lieu de réaliser qu'en nous quittant la personne a fait de la place dans notre vie, dans notre coeur et dans notre esprit pour vivre un autre bonheur avec une nouvelle personne ou... tout seul
Ceci dit, il n'y a pas que les portes de l'amour ou de l'amitié qui se ferment.
Le chômage, la retraite, une maladie soudaine et grave, une rupture sociale soudaine, le bannissement d'un groupe, etc. etc. sont autant de portes qui se ferment... et qui permettent à d'autres de s'ouvrir, peut-être.
Enfin toute expérience, même malheureuse, est riche d'enseignements.
Vouloir posséder quelqu'un ce n'est pas de l'amour. Aimer quelqu'un c'est respecter son humanité et sa liberté. Posséder quelqu'un c'est l'aliéner, le réduire à l'état d'objet.
Amour et possession sont antinomiques.
C'est mon humble avis.
Je n'ai jamais eu envie de posséder quelqu'un, pas plus que je ne veux devenir la propriété de quelqu'un.
3. tinadp le 27-12-2010 à 13:22:06
Message reçu !
Y'a pas urgence ni obligation
Joli ce que tu dis en commentaire sur aimer et posséder, sur le respect et la liberté en amour comme en amitié !
J'aime aussi l'image des portes, je suis entre 2 portes en ce moment ! lol !
J'aime bien un peu d'indifférence parfois, quand les commérages et les rumeurs vont trop loin !
Parfois j'ai envie d'oublier qu'il vaut mieux qu'on dise du mal de nous que rien du tout ....
Parfois j'oublie d'apprécier ce que j'ai ....
Pastille à la réglisse zouzous
4. automne le 27-12-2010 à 15:04:46 (Web)
@ tinadp: j'ai pédalé dans la semoule en faisant la mise en page de mon commentaire mais je crois que sur ce blog on peut éditer les commentaires, alors je vais essayer de remettre mes phrases en ordre.
Je suis entre deux portes aussi, en ce moment.
L'indifférence... vaste sujet... d'ailleurs il en sera question dans la suite de mon article "Tout ça pour ça".
Je traverse (depuis 10 ans... ça commence à faire long maintenant !) une période qui me permet d'analyser une infinité de choses auxquelles je ne prêtais guère attention au temps où j'étais prise dans le tourbillon de la vie active/vie de mère/vie de femme/vie sociale et toussa...
C'est curieux comme certaines choses, certains concepts, certains désirs peuvent se transformer, prendre une dimension nouvelle, inattendue, étonnante, surprenante, voire radicalement différente, d'une situation à l'autre.
Quand j'étais en prise directe avec la vie, et donc, comme tout le monde ou presque, confrontée, entre autres, aux ragots, commérages, médisances.... mais aussi à des sollicitations trop nombreuses et des personnes que je trouvais parfois trop envahissantes malgré l'attachement qui me liait à elles, j'appréciais que l'on soit un peu indifférent envers moi de temps en temps, cela me permettait de me "reposer", de recharger mes batteries.
Dans le contexte dans lequel je vis à présent, l'indifférence me détruit.
En fin de compte, dans ma vie, tout est et a toujours été "trop". Trop de tout, trop de rien, trop bien, trop mal, trop tôt, trop tard... trop de personnes autour de moi et soudain plus personne, le trop-plein puis le vide absolu....
Moi aussi j'ai parfois oublié d'apprécier ce que j'avais. Cela m'arrive encore... TROP souvent.
Parfois j'oublie que je possède une énergie créatrice.
Parfois j'oublie que j'ai le pouvoir de transformer en bon, des choses qui sont ou me paraissent, mauvaises.
Parfois, au lieu de (me) (re)construire, je (me) détruis.
Parfois, je ne vois que le verre à moitié vide.
Parfois j'oublie de rire et même de sourire.
Parfois j'oublie d'en rire.
Parfois je me maltraite pour me punir du mal que d'autres me font. Parfois je marche sur la tête.
Parfois j'oublie que j'ai toujours dit "Mieux vaut être seule que mal accompagnée".
Parfois je ne sais plus s'il est préférable d'avoir des enfants dénués de compassion et d'empathie que des enfants chiants et tyranniques.
Parfois j'oublie de me taire (un comble pour moi qui suis si peu verbale !)
Parfois j'oublie chaque jour pendant un an de prendre rendez-vous chez le dentiste et l'ophtalmo, lol. Tiens, je devrais le faire là, pendant que j'y pense....
Parfois j'oublie que ce n'est pas le médecin qui doit appeler sa patiente mais le contraire. Lol !
Mais toi je t'aime
Zouzous pastille Vichy.
PS: Les smilies ne fonctionnent plus. Snif.
Il y a peu de temps, j'étais au bout du rouleau, je n'en pouvais vraiment plus de souffrir.
J'avais perdu le goût de vivre, toute énergie et tout élan vital m'avaient abandonnée.
Le suicide me semblait alors la seule issue possible pour mettre fin à mon calvaire.
J'étais donc déterminée à me suicider. Ce n'était pas une impulsion, sinon je serais plus là.
C'était un choix mûrement réfléchi. C'était pour moi une évidence, une sorte d'auto-euthanasie, parce que je ne pouvais pas envisager de continuer à me trainer avec cette souffrance morale qui me rongeait... je n'en pouvais vraiment plus... je ne mangeais plus, ne dormais, ne sortais plus de ma chambre, j'avais perdu tous mes repères, je ne savais plus quel jour on était, si on était le jour ou la nuit, je ne me lavais plus et passais mon temps en pyjama, hagarde, amaigrie.... une morte-vivante écorchée vive. Je n'étais QUE souffrance.
Je me préparais à partir, sans regret, convaincue que j'avais atteint la limite de ce que je pouvais supporter, que j'avais fait mon temps et que rien ni personne ne pouvait plus m'aider à retrouver le goût de vivre, la force de lutter encore.
La perspective me donner la mort m'apparaissait comme une délivrance, la fin d'une lente et douloureuse agonie.
J'ai fait mes adieux aux personnes qui avaient de l'importance pour moi, celles qui connaissent mon histoire ou les principaux épisodes de mon parcours, et qui pouvaient comprendre, sinon accepter, mon choix.
Je ne voulais pas que ces personnes soient tristes, je voulais qu'elles comprennent que j'étais en fin de course, que je n'avais plus le goût ni la force de vivre, que ma souffrance morale avait atteint le stade ultime, et que la mort me délivrerait d'une torture insupportable.
Je n'étais pas triste, je n'aimais plus la vie, je n'avais plus rien à faire sur cette planète où je souffrais trop. Je me donnais le droit de mettre fin à un cauchemar permanent, tout simplement.
Et puis... un déclic s'est produit. Une personne (si cette personne lit cet article elle se reconnaîtra) m'a offert un cadeau magique: de la joie, de la Vie, de l'énergie. Il a suffi de quelques secondes pour que je me sente à nouveau vivante. Réellement, j'ai eu le sentiment que mon corps se remettait à vivre, que tout mon être à demi-mort déjà captait l'énergie vitale, la Beauté, les forces vives diffusées par ce cadeau en apparence anodin, les absorbait et se régénérait au fur et à mesure.
Moins d'une minute plus tard, je souriais et chantais, emmerveillée, pleine d'amour, de force, de bonheur, de joie. Et je pleurais d'émotion en me disant "Mais que c'est beau la vie ! Que c'est bon d'être vivante ! Que c'est fort et merveilleux ce que je vois et ce que j'"entends là !"
Je sortais d'un profond puits noir et glacé, je remontais à toute vitesse vers la Vie, la lumière, la joie.
Ce cadeau, c'était une vidéo musicale.Juste une vidéo, de la musique, des paroles, des visages souriants, des êtres pleins de vie, rayonnants de bonheur, des êtres en train de partager un moment merveilleux. C'est cela le message-cadeau que m'a envoyé cette personne. Pas de discours, pas même une seule phrase, pas même un seul mot, encore moins de leçon de morale. Juste une vidéo.
Cela n'a l'air de rien comme ça. Mais c'est de la Vie qui m'a été offerte ce jour-là. La personne qui me l'a envoyée m'a sauvé la vie.
J'ai passé cette nuit-là à visionner cette vidéo. J'étais heureuse, heureuse, heureuse !!!
Heureuse comme je ne l'avais pas été depuis longtemps.
Un immense bien-être et une multitude de sensations, d'émotions, de sentiments que je croyais perdus à jamais, dont j'avais même oublié que je les avais connus autrefois, m'ont envahie et remplie de joie, d'amour, de courage, de force.
Maintenant, chaque fois que je me sens malheureuse, triste, abandonnée... je regarde cette vidéo, et la magie se produit à nouveau, instantanément. Si au moment où un accés de désespoir s'abat sur moi, il suffit que je pense à toi, à ton geste salvateur et à cette merveilleuse vidéo, pour que je retrouve la joie de vivre et le courage de surmonter les difficultés.
Elle est devenue ma vidéo-fétiche ;)
Si tu passes par là, si tu lis ce message, je te le redis encore une fois, mais je ne te le dirai jamais assez: MERCI !!! MERCI INFINIMENT ! Tu m'as sauvé la vie !
Sans toi je ne serais plus là aujourd'hui, et ainsi que je te l'ai dit, c'eût été dommage car, grâce à toi, je me suis rendue compte que j'étais encore vivante, que j'étais encore très amoureuse de la Vie, et que j'ai encore de belles choses à vivre.
Merci !
1. karinemc le 26-12-2010 à 10:37:48
superbe bravo à cette personne et bienvenue dans notre monde et joyeux noel à vous bisous
2. tinadp le 27-12-2010 à 12:52:18
Merci à cette personne qui a su dire ou faire ou montrer ou envoyer ce qu'il faut !
Et merci à cette vidéo musicale dont l'art peut sauver (faudra nous la montrer, on ne sait jamais, si ça peut en aider d'autres .....)
Merci à toutes les vidéos, toutes les musiques, et toutes les personnes qui savent s'en servir !
Zouzous au saumon (j'viens d'm'en goinfrer, avec du frometon à l'ail, pouah !)
3. automne le 27-12-2010 à 13:22:32 (Web)
@ karinemc: Merci pour ton commentaire et pour ton accueil dans la VefBlogosphère
@ tinadp: la vidéo en question a eu un effet "magique" sur moi parce qu'elle me "parle" à divers points de vue, et qu'elle est arrivée à point nommé si je puis dire.
Je ne sais pas si elle produirait le même effet sur quelqu'un d'autre, mais je la posterai sur le blog dés que possible.
En tout cas, oui, merci à cette personne qui m'a sauvé la vie.
Et aussi merci à l'art et à tous les artistes, l'art c'est la VIE !
Et merci à toutes les personnes (dont toi mon amie ma belle et grande zouzouteuse que j'aime et admire plus que les mots ne sauront le dire) qui transmettent du bonheur, de la joie, du rire.... de l'énergie vitale en somme.
Miaaaaaaaaammmm !!!! Du saumon avec du frometon à l'ail !!!! Tu m'as donné envie !!! Je cours m'en acheter (du saumon et du frometon, parce que de l'ail j'en ai tout le temps en réserve... bizarre pour une vampire, n'est-ce pas ?
Moi je n'ai que des zouzous au chocolat pour toi, ça le fait ?
Voici LA vidéo.
Merci à la personne amie qui m'a sauvé la vie en me l'envoyant.
Merci à Chico Buarque que j'aime encore plus qu'avant.
Et, je me permets de reprendre les paroles de mon amie tinadp:"Merci à toutes les vidéos, toutes les musiques, et toutes les personnes qui savent
s'en servir !"
A BANDA - CHICO AO VIVO - 1966
Chico Buarque chante "A banda" en direct live, en 1966
Je l'aime mise dans mes favoris sur ma chaine Youtube, si vous voulez la voir en grand format, c'est là: http://www.youtube.com/watch?v=wFPPawLq_5Q
Voici donc la suite de l'article intitulé "Tout ça pour ça !!!".
A ce propos, le titre de cet article m'a été inspiré par la remarque que m'a faite il y a peu de temps une amie autiste Asperger. Nous étions en train de converser, nous racontant notamment nos dernières mésaventures. A un moment, je lui ai dit que j'étais écoeurée d'être tombée si bas. Connaissant mon parcours, les efforts surhumains et les énormes sacrifices que j'ai dû faire (le mot "sacrifice" n'est pas éxageré, loin s'en faut, puisque j'ai tué une partie de moi-même au cours de mon auto-apprentissage de la vie normale et des méthodes suavages de normalisation à tout prix que je me suis infligée) pour pouvoir vivre parmi les gens normaux, pour être acceptée par eux, pour cacher mon handicap, pour fonder une famille, pour élever correctement mes enfants, etc. tout ça pour finir abandonnée, rejetée et méprisée de tous les êtres que j'ai aimés et à qui j'ai tant donné, pour finir semi-clocharde sans logement, pour finir exclue de la société et devenue asociale... mon amie m'a juste répondu: "Tout ça pour ça !"
C'est une excellente façon de résumer...
Dans la première partie de mon article, je vous ai donné un bref aperçu de l'enfant que j'ai été: une petite sauvage, solitaire, heureuse de vivre et heureuse dans sa solitude, une petite autiste qui n'avait besoin de personne et qui ne voulait pas partager son univers.
J'ai été comme ça jusqu'à l'âge de 7 ans. Puis, j'ai rencontré mon grand frère Mano (j'en parlerai dans un autre article).
Et, encore deux ans plus tard, lorsque j'avais 9 ans, donc, je suis arrivée en France, et c'est à ce moment-là que mon existence a pris un tournant radical.
A mon arrivée en France, j'ai fait la connaissance d'une petite fille Edith (afin de préserver la vie privée de cette personne, j'ai modifié son prénom).
Edith était la petite-fille d'un couple de personnes âgées amis de mes parents. Elle avait (et a toujours) deux ans de moins que moi.
Edith était aussi solitaire et aussi bizarre que moi. Nous nous ressemblions en tous points ou presque. Comme moi, Edith parlait peu et n'aimait pas jouer avec les autres enfants, comme moi elle ne jouait ni à la poupée, ni à la dînette, ni à la plupart des jeux de fille.
Par contre elle aimait, comme moi, aller à la piscine, jongler avec des balles, jouer à la marelle, jouer à l'élastique, sauter à la corde, grimper aux arbres, courir, faire du vélo, faire du patin à roulettes...
Comme moi, Edith était souvent sale, dépenaillée, décoiffée.
Comme moi, Edith n'aimait pas porter de vêtements de fille et adorait porter des salopettes.
Nous ressemblions à deux petites vagabondes. Un jour sa grand-mère nous a dit: "Les autres filles ne veulent pas jouer avec vous parce que vous êtes sales et que vos vêtements sont tout le temps déchirées". Nous nous sommes regardées l'une l'autre et nous avons dit en même temps: "On s'en fiche".
A cette époque, je venais de découvrir l'auteur Mark Twain, et son Tom Sawyer, que j'adorais. Je passais des heures à lire et relire les aventures de Tom, mais mon personnage préféré était Huckleberry Finn auquel je m'identifais.
Comme Edith ne savait pas lire, je lui racontais les histoires de Tom et d'Huckleberry dont je me gavais chaque soir dans mon lit, et elle m'écoutait attentivement.
Edith était dyslexique et avait d'énormes difficultés d'apprentissage scolaire. A 7 ans, elle avait redoublé son CP et ne pouvait pas passer en CE1 car elle ne parvenait pas à apprendre à lire.
Mais elle était extrêmement douée dans d'autres domaines. Curieusement, elle échouait dans les domaines où j'excellais et inversement. Nous avions un seul don inné en commun: la particularité d'apprendre rapidement et facilement les langues étrangères.
Edith me fascinait par sa merveilleuse façon de chanter, en français et en anglais. Elle avait une voix magnifique, je ne me lassais pas de l'entendre chanter, je lui demandais souvent de me chanter une chanson et elle ne se faisait jamais prier. Je l'écoutais avec ravissement, moi qui ne savais pas chanter.
Edith et moi sommes rapidement devenues amies. Elle était ma seule amie et j'étais sa seule amie. Nous n'habitions pas la même ville, mais elle venait passer presque tous les week-ends et toutes les vacances scolaires chez ses grand-parents, dans la ville où j'habitais. Nous nous rencontrions alors et passions des journées entières ensemble.
Il n'était pas rare qu'au lieu de jouer ensemble, nous jouiions chacune de notre côté, ensemble sans être ensemble, côte à côte mais chacune dans son petit monde personnel.
En fait, sans nous concerter, nous nous séparions l'une de l'autre, tout en restant à proximité l'une de l'autre, pendant un certain temps après avoir partagé une activité. Avec le recul je comprends que nous avions le même fonctionnement et que nous étions parfaitement en phase, nous éprouvions exactement au même moment le besoin de nous retrouver seuls après avoir épuisé notre capital de "être ensemble". Nous avions le même rythme, comme si nous étions deux exactement pareilles. Aucune de nous deux n'avait besoin de dire "Stop ! J'ai envie de jouer seule maintenant !" Nos activités partagées s'interrompaient naturellement, et chacune retournait dans son coin sans que l'autre s'en formalise, mais nous restions toujours dans le champ visuel l'une de l'autre. Nous restions alors assises par terre, chacune dans notre coin, à jouer seules ou à ne rien faire (pour ma part, je me réfugiais dans mon monde intérieur, peuplé d'amis imaginaires et d'histoires que je m'inventais, ou je me contentais d'observer la nature, les nuages, les insectes...) tout en regardant Edith du coin de l'oeil de temps à autre, et elle faisait de même. Sa présence silencieuse à mes côtés me plaisait beaucoup. Parfois je l'observais dans sa solitude, dans ces moments où elle oubliait complètement que j'étais là (ce qui m'arrivait également), je la voyais marcher à quatre pattes sur le sol, observant un insecte, une fleur, ou fouillant dans le cellier de ses grands-parents. Parfois, elle disparaissait derrière un carton ou un meuble, comme moi elle aimait explorer les coins et recoins des pièces sombres comme les caves, les greniers, les celliers, les usines désaffectées.
Nous errions souvent à travers champs ou dans la ville, comme deux petites vagabondes, à la recherche de lieux insolites.
Nous parlions très peu, les rares fois où je me mettais à bavarder, je racontais des histoires invraisemblables à ma petite copine. Je lui faisais croire, par exemple, que j'étais un savant fou, que la nuit pendant que tout le monde dormait dans la maison, je me réfugiais dans mon laboratoire secret où je me livrais à des expériences extraordinaires. Je n'avais pas le sentiment de lui mentir, je ne faisais que lui raconter l'un de mes fantasmes, en effet dans ma vie imaginaire, j'étais tour à tour Robinson Crusoë, savant fou, homme invisible, Huckleberry Finn, Fifi Brindacier, Frankeinstein, Dracula... des personnages issus de mes lectures et de mes émissions de télé préférées, personnages auxquels je m'identifais. Dans ma tête, je vivais des aventures stupéfiantes dans la peau de l'un ou l'autre de ces personnages, et lorsque l'envie me prenait de raconter à Edith l'une de mes aventures imaginaires, elle m'écoutait avidement.
Autant Edith et moi étions presque identiques l'une à l'autre dans nos fonctionnements respectifs, autant nous étions différentes physiquement. Edith était de type Norvégien et moi j'étais de type Maghrébin.
Elle était blonde, ses cheveux étaient parfaitement lisses et tellement blonds qu'ils en paraissaient blancs. Les miens étaient noirs, épais et frisés.
Sa peau était laiteuse, presque transparente. La mienne était brune, presque noire.
Les gens la prenaient pour une Suédoise ou une Allemande, les gens me prenaient pour une Marocaine ou une Algérienne (d'ailleurs tout le monde, à l'école et même dans ma famille, me surnommait "La bougnoule").
A ce propos, pour une raison encore inconnue à ce jour, j'ai subi une dépigmentation progressive de la peau et des cheveux dés l'âge de 10 ans. A 19 ans j'avais les cheveux blancs et la peau incroyablement claire, encore plus fine et transparente que celle d'Edith. Curieux phénoméne dont jamais aucun médecin n'a pu déterminer la cause exacte.
Actuellement, mes cheveux subissent une nouvelle transformation: de frisés presque crépus, ils sont en train de devenir lisses, il ne me reste quasiment plus une seule bouclette.
Bref. Lorsque je n'étais pas avec Edith, je vivais en semi-autarcie. En-dehors de l'école, je passais le plus clair de mon temps enfermée dans ma chambre, avec mes livres, mes amis imaginaires et les histoires que je m'inventais. Ou bien, les jeudis et les week-ends où Edith ne venait pas chez ses grands-parents, je partais de la maison très tôt le matin, munie d'un sac contenant un casse-croûte, et je passais la journée entière à la psicine, ou à rouler à vélo à travers la campagne, ou à me promener en ville, ou à faire du patin à roulettes, et ne rentris que le soir, bien souvent longtemps après l'heure du dîner.
A l'école, je ne supportais pas la promiscuité de la salle de classe et de la cour de récréation.
A la maison, je ne supportais pas la promiscuité familiale. Trop de bruit, trop d'agitation, trop de gens, trop d'odeurs, trop de voix.... je n'aimais que le silence, la tranquillité, le calme, la solitude.
Je me rêvais tantôt en Robinson sur une île déserte, tantôt en ermite isolé dans une grotte aus ommet d'une montagne, tantôt en nonne passant sa vie recluse dans une cellule de couvent... il m'arrivait même de souhaiter aller en prison, pour être enfermée toute seule dans une cellule exigüe et sombre.
La plupart du temps, je me disais: quand je serai grande, je serai ermite.
Je n'aimais pas du tout la compagnie des autres êtres humains.
J'aurais voulu être seule sur Terre, ou partir vivre sur une autre planète qui serait soit peuplée de gens comme moi, soit dont je serais la seule habitante.
Un jour, j'étais alors adolescente, je suis tombée sur une bande dessinée intitulée "La survivante". C'était l'histoire d'une femme qui, après une explosion nucléaire(ou quelque chose de ce genre) se retrouvait toute seule sur Terre, unique survivante de la catastrophe planétaire. Comme cette bande dessinée m'a fait rêver !!! Je me suis identifiée à l'héroïne, j'aurais voulu être à sa place. Mais l'histoire était publiée en épisodes à suivre dans une revue de bandes dessinées (peut-être Pif Gadget, ou Pilote, je ne sais plus...) et je m'en suis désintéressée lorsque dans un épisode la survivante a découvert qu'elle n'était pas toute seule sur la planète. Un autre être humain avait survécu, un homme... j'ai continué à lire l'histoire pendant quelque temps encore mais j'étais déçue, d'autant plus qu'au fil du temps l'héroïne tombait amoureuse du survivant (du coup elle baissait dans mon estime et n'était plus MON héroïne, j'ai cessé de m'identifier à elle et je lui en ai voulu de se comporter de façon banale, comme n'importe quelle Terrienne)... j'ai encore lu quelques épisodes, distraitement, par curiosité, à un moment les deux survivants ont eu un enfant ensemble, un petit garçon... et puis j'ai abandonné cette bande dessinée. A présent, j'espère la retrouver un jour, j'ai envie de connaitre la suite et la fin de l'histoire.
A ce propos, à cette époque-là (et jusqu'à mes 30 ans, en fait) j'étais persuadée d'être une extra-terrestre. Je ne voyais pas comment expliquer autrement le fait que je sois si différente des autres habitants de cette planète étrange où je n'étais pas à ma place, le fait que je ne comprenne pas les autres humains et que je les trouve bizarres (et réciproquement), le fait que je n'aime pas les autres gens (qui me le rendaient bien) à l'exception de mon grand frère Mano et de mon amie Edith.
Enfin, j'aimais bien mes petites soeurs aussi, mais je ne me sentais pas vraiment proche d'elles, à mes yeux elles étaient de la même espèce que les autres Terriens, elles n'étaient pas comme Mano, Edith et moi, des étrangères sur Terre. De plus, tout le monde les aimait, les adorait, les adulait, contrairement à Edith, Mano et moi qui étions des parias rejetés, méprisés et maltraités.
Et puis, à l'adolescence, j'ai décidé de me battre contre moi-même pour être admise parmi les Terriens. J'ai alors commencé un long et douloureux auto-apprentissage, qui me prenait la majeure partie de mon temps libre et toute mon énergie, et qui a duré de nombreuses années.
Cet auto-apprentissage, que je raconterai en détail une prochaine fois, consistait à apprendre comment les Terriens fonctionnaient, à les copier, à apprendre à communiquer avec eux, mais aussi à me débarrasser de tout ce qui me rendait différente et tellement bizarre à leurs yeux.
Cet auto-apprentissage fut une somme de violences que je me suis imposée à moi-même. Je luttais contre moi, je luttais contre ce que j'étais, je tuais la personne que j'étais pour devenir une autre... pour devenir comme les autres.
A l'issue de traitement barbare que je me suis infligé jour après jour durant des années, en secret, je suis parvenue à faire illusion. Parmi mes proches, tout le monde croyait que j'étais "guérie", que j'étais devenue normale. Je savais imiter les gens normaux à la perfection, malgré quelques petits ou grands incidents par-ci par-là.
Les gens que j'ai rencontrés ensuite, après être partie de chez mes parents, ne se sont jamais doutés que j'étais autiste. Certes, ils me trouvaient un peu spéciale, parfois bizarre, souvent excentrique, trèsd originale, très libre, mais ils mettaient cela sur le compte de mon tempérament d'artiste.
Mon immense naïveté n'échappait à personne, et m'a d'ailleurs valu de nombreuses et douloureuses mésaventures, mais dans l'ensemble j'étais fière de paraitre normale, de vivre à peu prés comme les gens normaux. J'avais le sentiment d'avoir remporté une victoire extraordinaire, d'avoir accompli un exploit phénoménal. Ce qui est vrai, ceci dit.
J'avais conscience d'avoir perdu la totalité de tous mes dons, de toutes mes compétences extraordinaires et innées. C'était le prix à payer pour ma normalisation. Je ne le savais pas, lorsque j'ai débuté mon auto-apprentissage... au moment où je me suis lancée dans cette aventure j'ignorais que mon entrée dans le monde des normaux me coûterait très cher.
J'ignorais surtout que j'allais devoir tuer une partie de moi-même, que j'allais en quelque sorte me suicider partiellement, pour avoir le droit de paraitre normale.
De plus, j'ignorais que je ne guérirais jamais. Adolescente, je croyais, comme tout le monde à cette époque (dans les années 70) que l'autisme était une maladie et que l'on pouvait en guérir. J'étais loin de me douter que je resterais autiste toute ma vie. Que j'étais en train de faire de moi une créature hybride, pas vraiment normale et plus tout à fait autiste, qui passerait le reste de sa vie entre deux états incomplets, sans jamais pouvoir se reposer... sans plus jamais pouvoir jouir totalement de l'état autistique, et sans trouver de compensation sécurisante dans l'état de normalité factice.
Je ne savais pas que le temps et l'énergie dépensés à me normaliser allaient non seulement m'épuiser mais aussi me priver à tout jamais de mon talent de dessinatrice hors du commun, de mes compétences intellectuelles extraordinaires, de mes dons (pour les langues étrangères, le calcul, les maths, etc.)
J'ignorais surtout qu'en plus de perdre tout cela, je deviendrais même une cancresse, dyscalculique, dyslexique, incapable de suivre une scolarité normale et de faire les brillantes études auxquelles me destinaient mon haut niveau intellectuel, mes compétences et mes centres d'intérêt.
Mais pire encore: je ne savais pas que j'allais perdre ma "cuirasse autistique", mon armure invisible qui me protégeait des agressions extérieures, qui me permettait de ne pas trop souffrir.
Certes, j'ai appris à communiquer, à être autonome, à me comporter de façon acceptable et à peu près normale, à vivre parmi les normaux sans qu'ils se rendent compte que j'étais autiste, à faire semblant d'être normale sans que jamais personne ne se rende compte que je ne faisais qu'imiter les autres gens... que j'étais un imposteur en quelque sorte.
Certes j'ai appris la compassion et l'empathie, j'ai appris à aimer, j'ai appris à partager, j'ai pris plaisir à vivre avec les autres, mais je suis devenue une écorchée vive. Hyper-sensible, hyper-émotive. Mais je n'avais aucun plus aucun moyen de défense, plus aucune façon de me protéger et de me soustraire à ce qui me faisait trop mal. De l'autisme, je n'ai gardé que le repli et le mutisme. Le repli pour m'isoler et me re-construire lorsque j'étais en sur-saturation sensorielle et/ou émotionnelle. Le mutisme qui me tombait, et me tombe encore, dessus sans crier gare, lorsque je suis épuisée ou hyper-stressée ou hyper-angoissée.
Je n'ai pas d'autres moyens de compensation. Je suis contamment sur le fil du rasoir,et c'est ainsi que j'ai vécu de l'âge de 17 ans jusqu'à ce jour: basculant régulièrement dans des moments de désespoir profond, ou des crises d'angoisse tellement abominables que je ne les aouhaite même pas à mon pire ennemi. Et atterrissant régulièrement en hopital psychiatrique.
Je ne parle pas des tentatives de suicide, ni des crises de rage, ni de l'automutilation, ni des troubles du comportement alimentaire, ni des troubles du sommeil, ni des cauchemars... tout cela fait partie de mon autisme, ces problèmes-là je les avais déjà avantde commencer mon auto-apprentissage.
Mais mes troubles obsessionnels compulsifs, mon anxiété généréalisée, mes phobies.... ils sont apparus quelques années après que j'aie commencé à me maltraiter en m'imposant cette normalisation à outrance.
Et les choses qui m'apaisaient, me réconfortaient, me soulageaient avant cet auto-apprentissage ne sont plus aussi efficaces qu'avant. Me balancer, faire tourner des objets, jouer avec mes mains, faire des alignements visuels, accomplir mes rituels.... tout cela ne m'apporte plus autant de bien-être qu'avant. Je fais encore ces choses-là, machinalement, mais elles ne m'apportent plus qu'un très léger apaisement sur un temps très bref. Ce ne sont plus des sources de plaisir intense qui me coupent totalement du monde et me font oublier toutes mes souffrances comme avant.
J'ai appris à vivre avec les autres. J'y ai même pris goût. J'ai fini par adorer vivre en société, avoir des amis, partager des activités avec eux, m'intéresser à des choses qu'auparavant je trouvais futiles et surpeficielles.
Bien plus: de sauage solitaire fuyant les contacts humains, je suis devenue dépendante des gens, je suis devenue affamée de tendresse, d'amour, d'affection, d'amitié.
J'en ai eu, ou au moins des substituts qui me satisfaisaient.
J'ai eu des enfants, une vie familiale que je mes suis construite moi-même, des amours, des amis, une vie professionnelle (cahotique certes, comme tous les autres aspects de ma vie pseudo-normale, mais à mes yeux d'ancienne enfant autiste à l'avenir social et affectif totalement bouché, pouvoir travailler tout en élevant mes enfants et en ayant une vie sociale (c'est à dire des amis et des loisirs collectifs) était une victoire immense).
J'ai eu tout cela, j'ai adoré vivre cette vie-là en dépit des souffrances qu'elle m'occasionnait bien souvent, et j'en suis devenue dépendante sans m'en rendre compte.
Et tout à coup, tout s'est effondré de façon brutale et tout à fait inattendue. Tout à coup, presque du jour au lendemain, ma vie s'est effondrée. J'ai réalisé que tout ce que j'avais construit durant des anées, au prix d'efforts surhumains, de souffrances qui dépassent les limites de ce qu'un être humain peut supporter, du sacrifice d'une partie de moi-même... hé bien tout cela n'était qu'un château de sable qu'une vague venait d'emporter !
Cela a commencé par un burn-out en 1999, j'avais 38 ans. A partir de ce moment-là, les catastrophes se sont succédées à une vitesse vertigineuse.
J'ai fini par tout perdre: mon travail, mes amis, mes enfants, mes frères et soeurs, et même mon logement.
Aujourd'hui, les personnes que j'ai tant aimées, qui étaient le sens de ma vie, qui étaient mon moteur, qui étaient mes seules et uniques priorités dans la vie... ces personnes-là ne veulent plus entendre parler de moi.
J'ai regressé. Mes troubles autistiques se sont amplifiés et j'ai perdu la quasi-totalité des compétences sociales et autres aptitudes acquises au long de mes années d'auto-apprentissage.
Mais je ne suis jamais redevenue l'autiste que j'étais: celle qui était heureuse dans sa solitude, celle qui cherchait l'isolement à tout prix, celle qui n'avait besoin de personne, celle qui ne connaissait ni amour ni empahie et qui n'avait besoin ni d'affection, ni de tendresse, ni de partenaire amoureux.... celle qui voulait être ermite ou Robinsonne sur une île déserte.
Non, je suis devenue une autiste droguée à l'humain, frustrée et affamée de tendresse, d'affection.
Moi qui n'avais besoin de personne et qui n'aimais que le solitude et l'isolement, je vis aujourd'hui un isolement forcé et une solitude douloureuse.
Et maintenant que j'aime donner et recevoir, que j'aime les gens et que j'ai besoin d'affection, plus personne ne veut de moi. Maintenant que j'ai besoin d'amour, de partage et d'échanges, je suis condamnée à la solitude et à l'isolement.
Alors voilà... tout ça pour ça !
1. escaleocabannes le 28-12-2010 à 09:39:51 (Web)
Quel parcours ..Normalisation à outrance, c'est très parlant.
Tu ecris merveilleusement bien.
Pourquoi ta famille t'a-t-elle rejetée, si ce n'est pas trop indiscret ?
2. patricesonneck le 28-12-2010 à 09:44:27 (Web)
moi je veux te donner l'affection dont tu as besoin et l'amour qui te manque
je t'embrasse sur la bouche
3. patricesonneck le 28-12-2010 à 09:48:25 (Web)
j'ai oublié de te demander de ne pas publier mon commentaire précédent, il n'est que pour toi
j'embrasse encore ta bouche
4. automne le 28-12-2010 à 12:05:16 (Web)
Merci de ta visite, escaleocabannes.
Cela me fait plaisir que tu me dises que j'écris merveilleusement bien, mais je ne crois pas mériter un tel compliment, lol.
En plus je dois corriger tous mes textes, à chaque re-lecture je découvre de nouvelles fautes, des oublis, des coquilles...
Quant à ma famille, ta question n'est pas indiscrète, quelqu'un a dit: "Aucune question n'est indiscrète, seules les réponses peuvent l'être." C'est chouette hein ? Et très réaliste, je trouve. En tout cas je suis du même avis que la personne qui a dit cela. C'est pourquoi je ne répondrai pas à ta question ici et maintenant, mais il y a (et il y aura encore) des indices dans mes textes publiés et à venir
Je suis passée rapidement sur ton blog (rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de temps dans l'immédiat, je me suis connectée pour quelques minutes seulement) j'y retournerai prochainement.
J'ai bien aimé ton article sur la "vieillerie" et ton humour. Tu vois, moi aussi Dame Nature était bourrée quand elle m'a fabriquée, lol. Mais habituellement je dis: "Mes parents auraient pu s'appliquer un peu quand même, le jour où ils m'ont conçue"
J'ai bien aimé aussi ton abat-jour rénové, le résultat est original.
5. toni le 28-12-2010 à 13:48:52 (Web)
Bonjour Nita,
que s'est t'il passé concrètement en 1999 qui a fait que tu as tout perdu à ce moment là ?
J'ai vu et entendu des situations plus ou moins similaires, j'imagine que ça n'a pas du être facile.
6. automne le 28-12-2010 à 21:43:47 (Web)
Bonsoir Toni,
Ce qui s'est passé concrètement serait beaucoup trop long à décrire en commentaire. J'en ai parlé, par bribes sous forme de petits articles isolés sur mes divers et nombreux anciens blogs... j'en ai parlé également sur certains forums.
Cela a débuté, comme tu le sais, par un burn out. Concrètement, un burn out, c'est un épuisement total physique et psychique. Cela a parfois des conséquences gravissimes, on peut en mourir. En ce qui me concerne j'ai survécu de justesse, parce que j'ai été hospitalisée à temps.
Je vais écrire la suite dans un article sur le blog, car je sens que cela va être long.
A bientôt Toni.
7. automne le 29-12-2010 à 18:19:53 (Web)
@ patricesonneck: Hé bien tu vois, cette fois je n'ai pas tenu compte de ta demande. J'ai validé ton commentaire !
J'en ai marre de tes cachotteries et de tes conneries !
Je suis autiste: la triche, la clandestinité, les trucs malsains, c'est incompatible avec mon fonctionnement !
Et je ne veux plus jamais être manipulée par qui que ce soit !
Maintenant, passe ton chemin, "passant" voyeur et dragueur de bloggueuses ! Va chasser sur un autre terrain, laisse l'autiste tranquille !
J'ai banni ton IP pour ne plus recevoir de commentaires de toi.
Et je te prie de ne plus m'envoyer de mails. Merci !
8. tinadp le 04-01-2011 à 12:09:42
Tout ça pour ça, en effet !
"je suis devenue une autiste droguée à l'humain, frustrée et affamée de tendresse, d'affection."
Jolie drogue, avec effets de manque catastroph !
Pourtant je ne suis pas "sociable", j'aime la solitude, j'en ai besoin, elle me régénère, me repose, me construit, et je trouve parfois fatiguant d'entretenir son réseau social !
Mais être privé de ceux qu'on aime sur de longues périodes voire à jamais, ceux avec lesquels on a tant investi au quotidien, ceux auxquels on est attachés, c'est extrêmement douloureux !
Et le vivre seule en plus, ma Lénou, chais pas comment tu fais !
Zouzous pour tout ça et pour ça
9. automne le 04-01-2011 à 16:55:37 (Web)
Heu... le récit n'est pas terminé... là c'est juste l'intro, très soft comparé à la suite qui est sacrément gratinée... les prochains articles de la série "Tout ça pour ça" sont particulièrement NON RECOMMANDES AUX AMES SENSIBLES.
Tu dis que tu n'es pas sociable. J'ai un peu de mal à te croire :/ Je sis sociable moi, malgré mon autisme. Et je crois que tu l'es aussi.
Etymologiquement, sociable signifie "qui aime les contacts humains, n'est-ce pas ? Corrige-moi si je me trompe (heu, comprendre= corrige ma phrase, et non = flanque-moi une correction, lol).
Je suis autiste et je suis une vraie solitaire de tempérament, je suis heureuse dans ma solitude, et pourtant j'aime les gens, j'aime les contacts, j'aime partager des moments et des activités dans la vie réelle, discuter et échanger des points de vue avec des interlocuteurs IRL, le simple fait d'échanger un sourire et un bonjour avec un(e) voisin(e) ou un(e) inconnu(e) me remplit de joie pour tout le reste de la journée.
N'es-tu pas comme ça aussi, tinadp ?
Par contre, je me sens vite envahie, je ne supporte pas de passer trop de temps avec des gens, je déteste les endroits où il y a beaucoup de monde, je déteste la foule (j'ai peur de la foule et les groupes en général pour plusieurs raisons: dans la foule j'ai l'impression de manquer d'air et j'ai peur de mourir etouffée, comprimée par la masse humaine, et j'ai peur des mouvements de foule (je l'ai remarqué par moi-même, et c'est prouvé scientifiquement: massés en foule compacte, les humains deviennent très bêtes et potentiellement très dangereux... c'est la princiaple raison de mon aversion pour la foule).
Quant aux groupes, je ne les aime pas parce que je suis toujours l'élément bizarre du groupe, avec tout ce que cela peut engendrer comme type de réactions, selon les circonstances, le contexte et les personnes présentes dans le groupe: au mieux je serai celle à qui personne ne prête attention, au pire je serai la cible des moqueries générales.
Donc groupe = pas bon pour moi.
Mais j'aime les individus.
Bref, je suis solitaire, j'aime la solitude, mais je déteste l'ISOLEMENT. Mon isolement je le vis de plus en plus mal, je ne le supporte plus du tout !
Je te cite: "Mais être privé de ceux qu'on aime sur de longues périodes voire à jamais, ceux avec lesquels on a tant investi au quotidien, ceux auxquels on est attachés, c'est extrêmement douloureux !
Et le vivre seule en plus, ma Lénou, chais pas comment tu fais !" Fin de citation.
Oui, c'est extrêmement douloureux. Certains jours (pratiquement tous les jours en fait) j'ai l'impression que je vais mourir de chagrin. Et je suis encore sidérée, je n'arrive pas à m' y faire, quand je pense à eux, en me demandant: "Mais pourquoi ????!!! POURQUOI ????? !!!! " Et "Comment est-ce possible qu'ils soient à ce point dénués de compassion, d'empathie, de considération, d'humanité ? " Tu sais, à une époque j'aurais pu porter plainte contre eux pour non-assistance à personne en danger aujourd'hui pour abandon de personne vulnérable. Je voudrais qu'au moins ils se rendent compte que je suis indulgente envers eux, que si j'étais aussi mauvaise qu'ils le prétendent je pourrais leur causer de sacrés ennuis. Mais bon, je les perçois aujourd'hui comme des personnes toxiques et je me dis qu'il est préférable pour moi de ne pas m'occuper d'eux. Ce qui me fait le plus mal c'est de ne pas parveir à les chasser de mon esprit, ne pas parvenir à me détacher d'eux, de ne pas éprouver de l'indifférence envers eux.
Mais en fait, vivre tout cela toute seule, c'est cela le plus dur. Avant le décés de Michel, c'était supportable. Depuis que Michel est mort et que je suis vraiment seule au monde, c'est l'horreur !
Comment je fais ? Bah, j'ai un instinct de survie, tout simplement. Je survis. Mal. Avec des moments de désespoir intense, des pulsions suicidaires, des automutilations, des crises de larmes, des moments de haine... des séjours en hopital psychiatrique...
En ce moment, je suis dans une période d'anorexie, cela fait plus d'une semaine que je n'ai pas fait un repas normal, je prends un petit déj le matin, je mangue un carré de chocolat quand j'y pense ou quand je sens que je fais de l'hypo, je bois de l'eau... c'est tout, depuis plus d'une semaine. Et chaque matin en me réveillant je suis surprise d'être encore vivante.
J'essaie de me changer les idées avec mes activités solitaires, mais en ce moment je n'ai pas goût à grand-chose.
Ce qui commence à m'inquiéter, c'est qu'à force que les gens se désintéressent de moi ou ne s'intéressent à moi que pour tenter de me sutirer quelque chose au lieu de m'apporter de quoi me ressourcer, je finis par me désintéresser d'eux. Ce n'est pas de la misanthropie, c'est une perte d'intérêt pour l'humain. Il ne reste plus beaucoup de gens avec qui j'ai envie de parler ou que j'ai envie de voir.
Depuis quelques jours, je ne fais plus attention aux personnes que je croise dans "ma maison de zombies" ou dans la rue, j'en ai plus rien à cirer d'eux, je ne souffre plus du fait qu'ils ne me disent pas bonjour ou qu'ils ne répondent plus quand je les salue: j'ai cessé moi aussi de les saluer, je ne les vois plus, ils font partie du paysage.
Et ça, j'aime pas du tout ! C'est nouveau pour moi et cela me donne l'impression d'être morte à l'intérieur de moi. Et puis cela me fait peur parce que Michel était devenu comme ça avant de mourir, il ne voulait plus voir que moi, personne d'autre.
Mon père idem.
Alors je me dis que je suis entrée dans un processus pas bon du tout. Et parfois ma peur cède la place à un autre sentiment: "Bah, le jour où j'en mourrai ce sera une délivrance pour moi." C'est ce que Michel disait tout le temps, et si je pense la même chose aujourd'hui, ce n'est pas par mimétisme, c'est un ressenti profond.
Ce que je traverse actuellement, ce n'est même pas une dépression nerveuse, c'est un découragement total exclusivement envers l'humain. Quand on est dépressif, on n'a plus goût à rien, on n'a plus d'espoir... moi j'ai encore des passions, je suis encore capable de rire, j'éprouve encore du plaisir à me promener dans la nature, à écouter les oiseaux chanter, à contempler le ciel, le coucher de soleil, etc. Mais quand je pense aux êtres humains, je tombe dans un désespoir sans fond.
Je me suis beaucoup étonnée avant-hier: je me promenais dans la cambrousse aux alentours de ma "maison de zombies", j'ai croisé deux vieux messieurs qui étaient arrêtés sur le bord du chemin, en train de discuter. Habituellement, je salue les gens que je croise et je leur souris, même s'ils ne me répondent pas... cette fois-là, je n'ai eu ni envie de les saluer, ni envie de les regarder, et je n'ai rien ressenti en passant devant eux.... pour moi les arbres étaient plus intéressants qu'eux.
Et j'ai fait une chose que je n'avais jamais faite auparavant: d'habitude, lorsque je croise deux personnes ou plus, qui me barrent le chemin parce qu'occupés à discuter ils ne font pas attention à moi, soit je les contourne, soit je m'arrête pour attendre qu'ils s'écartent et me laissent passer. Là j'ai continué à marcher vers eux comme s'ils n'existaient pas, sans avoir l'intention de ralentir ma marche ni de m'écarter et sans même réaliser que si l'un d'eux ne s'écartait pas je provoquerais une bousculade involontairement (mon intention n'était pas de les bousculer ni d'être désagréable, juste ces deux individus n'existaient pas pour moi à ce moment-là, genre c'était des fantômes et j'allais passer à travers leurs corps). L'un d'eux s'est écarté au dernier moment pour me laisser passer, je ne les ai pas regardés, ni salués, je suis passée devant eux de mon pas habituel, sans ralentir. Ils ont dû penser que j'étais très malpolie... moi c'est quelques secondes plus tard que j'ai réalisé ce qui venait de se passer. J'avais à la fois envie de pleurer et de rire.
Envie de pleurer parce que je n'avais jamais vécu ce genre de situation et de sensation (ou plutôt d'absence de sensation) (à part quand j'étais petite, avant d'être civilisée). Envie de rire parce que, sarcastiquement je me suis dit: "Bravo Helena ! Tu fais des progrés, tu sais maintenant te comporter comme les gens d'ici, tu es civilisée maintenant, tu ne te feras plus remarquer, tu es comme eux ! Je suis fière de toi, te voilà devenue normale et civilisée !"
Mais, de retour dans ma tanière, j'ai réalisé que j'étais en train de régresser à toute vitesse, et que si cela continue ainsi je ne sais pas ce que je vais devenir. Un jour on me retrouvera prostrée dans un coin, incapable de parler, incapable de "voir" les êtres humains (bref, redevenue au stade d'autisme sévère comme quand j'étais petite). Ou alors on me retrouvera morte d'inanition dans ma chambre.
Désolée, c'est pas gai, mais voilà où j'en suis.
Aujourd'hui j'ai acheté un caleçon long de mec en coton côtelé, un vrai comme ceux des vieux d'avant, blanc et avec les coutures aux fesses et à la braguette et tout, lol.
Mon grand-pére il en portait des comme ça, sous ses pantalons.
J'ai trouvé ça à Vet'affaires, 3€90, j'ai trouvé ça rigolo (j'ai gardé la nostalgie du coton côtelé de mon enfance, et pis deut'façon ma peau ne supporte que le coton et rien d'autre) et pis j'me suis dit que ça me tiendra chaud sous un futal.
L'autre jour ma zouzouteuse m'a donné envie de me racheter des sarouels, ça fait des années que je n'en porte plus, la prochaine fois que j'irai au s-p , si j'en trouve un je le prends (neuf ça coûte une fortune, et dans les magasins cheap ils sont moches et mal coupés). Mais des salopettes à ma taille, y a rien à faire, j'en trouve nulle part.
1. tinadp le 04-01-2011 à 10:44:38
T'as pas honte de te saper comme une clodo zouzouteuse ? Berk !
2. automne le 04-01-2011 à 17:09:02 (Web)
Heu non... j'ai pas honte Je devrais ?
clodo zouzouteuse toi-même
Haillons zouzous
Cliquez pour gazouiller
1. tinadp le 18-12-2010 à 07:09:14
toujours pas vu, nan !
2. automne le 18-12-2010 à 07:23:14 (Web)
@ tinadpv, je te soupçonne de te fout'd'ma goule.
A moins que tu ne te moques de moi.
Ou p'tète ben que tu te paies ma tête... saleté ! Je te hais !
3. tinadp le 18-12-2010 à 08:41:12
M'enfin, tu me parles avec des mots en rosbif !!! Les rosbifs j'les mange, j'leur cause pas !
Je t'aime aussi
4. automne le 18-12-2010 à 21:08:51 (Web)
@ tinadp: Moi aussi je t'aime quand même